Chapitre XVIII

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Devant tant d'entreprise de la part de Regina, Emma eut un mouvement de recul. Elle se redressa pour contempler Regina et s'assurer que tout allait pour le mieux. Celle-ci lui adressa un sourire timide, les joues empourprées. Elle même ne savait pas dans quoi elle s'engageait mais une partie d'elle lui criait que c'était ce dont elle avait envie, besoin. Devant le regard interrogateur d'Emma elle ne put s'empêcher de demander :

— Je ne vous plais pas ?

— Si, bien sûr que si ! Balbutia Emma du tac au tac, un peu sonnée par la question. Simplement, est-ce vraiment ce que vous voulez ? Je veux dire par là, vous n'avez probablement jamais fait ça auparavant. Je ne veux pas que vous vous sentiez mal ou gênée.

— Vous parlez toujours autant dans ce type de moment ?

Les sourcils d'Emma se froncèrent puis, elle sourit à son tour, revenant délivrer un baiser à la brune, comprenant que cette dernière semblait sûre de son choix. Aussi, elle reprit ses baisers dans son cou, en huma son parfum floral et se fit la réflexion qu'elle ne s'en lasserait désormais plus jamais. Sa main sur le sein de Regina appliquait de doux mouvements de rotation et de palpation. Son contact était chaud et doux, Emma en apprécia la sensation. Elle avait la sale habitude de coucher avec ses modèles mais jamais, au grand jamais, elle ne s'était dit que Regina King-Mills pourrait en faire partie. Revenant prendre ses lèvres rouges d'assaut, la blonde émit un petit grognement d'aise. Regina avait posé ses mains maladroites sur son dos pour entreprendre une série de douces caresses. Le sein du maire dans sa main, Emma se mit à délicatement le tourner et le pincer entre son pouce et son index déclenchant un soupir rauque de la part du maire de Storybrooke. Emma en conclut que la brune aimait ce qu'elle lui faisait aussi, cela l'encouragea à descendre ses lèvres sur ses clavicules puis sur son buste, veillant à embrasser chaque parcelle de peau. Par instant, les ongles de Regina se plantaient dans son dos. Emma vint alors prendre en bouche le bout de son sein pour le malmener de sa langue. Cela dura une poignée de minutes durant lesquelles le souffle de la brune se fit de plus en plus haletant. La blonde pouvait deviner son corps désireux sous elle par les mouvements de bassin de la brune. Leurs lèvres à nouveau en contact, elles s'embrassèrent comme si le monde en dépendait. Enlevant son propre haut, Emma revint se coller à Regina pour que leurs poitrines entrent en collision.

— Prenez moi, Emma, souffla Regina à bout.

Ce qu'Emma fit. Une main descendit contre le ventre brûlant de Regina pour venir attraper son intimité à travers le dernier tissus qui bloquait l'entrée au paradis d'Eden. Un petit gloussement s'échappa des lèvres de Regina qui se tendit davantage contre la main de son asseyante. Emma ne mit pas plus longtemps pour parcourir les dessous de la brune et toucher directement le mont des merveilles de cette dernière. Une caresse tendre qui dura encore et encore, aussi légère qu'une plume. Elle explorait les lèvres de sa muse, jouait avec sa toison. Une conquistador en pleine conquête. Bientôt, sa langue prit la place de sa main. Encouragée par la main de Regina plongée dans ses boucles blondes, elle lapait tout ce qu'elle pouvait afin de lui procurer un maximum de plaisir.

Regina se fit la réflexion que c'était encore meilleur qu'avec Graham. Jamais elle n'avait ressentie pareilles sensations. Son ventre implosait, tandis que son entrecuisse explosait. C'était doux l'étreinte avec une femme. Et elle apprit d'Emma pour lui rendre la pareille. D'abord maladroite puis plus confiante, Regina prit l'ascendant sur Emma et ensemble, elles se bercèrent dans mille et une tendresse.

**

Emma et Regina firent l'amour ce jour là, et les jours suivants. Des ébats toujours plus animés. Regina venait de plus en plus tôt à l'atelier et repartait de plus en plus tard, heureuse de ne répondre à aucune contrainte si ce n'était que celle de partager une étreinte avec Emma. Chaque séance de travail tiraillait l'artiste et la muse d'une envie irrépressible de sentir le corps de l'autre contre le sien. Elles profitèrent ainsi des "beaux jours" comme elles aimaient le qualifier, aussi longtemps qu'elles le purent. Leur lune de miel dura quelques temps, temps au cours duquel ni l'une ni l'autre ne pensait au monde réel extérieur. Comme si rien d'autre ne pouvait exister et briser la tournure de leur relation naissante.

Elles étaient toutes les deux nues, allongées sur le matelas quand Emma s'amusait à passer les poils d'un pinceau propre sur la peau de Regina. Par delà ses mouvements, elle redessinait la courbes de ses formes et par moment s'esquissait sur le visage de Regina, l'ombre d'un sourire. Emma allongeait chacune de ses caresses, plus douces les unes que les autres. Regina ne put réprimer la pensée qui l'obsédait depuis le début de la journée incapable de profiter de l'instant présent.

— Leopold rentre ce soir.

Ce fut le coup de grâce pour Emma. Toute allégresse ou félicité cessa immédiatement. Elle remonta son regard inquiet dans celui du maire. Un long silence funèbre s'installa entre elles. Silence durant lequel Regina replaça une mèche blonde folle derrière l'oreille d'Emma. Le regard émeraude avait quitté ceux de jais pour se focaliser sur le pinceau qui allait et venait tantôt sur le ventre du maire, tantôt sur la pointe de sa poitrine. Dans leurs ventres, un tourbillon d'angoisse, car si la relation qu'avait entretenu Regina avec Graham avait été connue de tous, celle-ci ne devait en aucun cas faire dédale auprès de la population. Chacune savait que le prix à payer serait le secret le plus total, la discrétion assurée.

Contrariée par le monde entier, Emma arrêta tout mouvement et tout instant de tendresse prit fin. Elle se leva pour rapprovisionner le feu en bûches et Regina en profita pour se revêtir de sa robe tube bleue. Alors qu'elle réajustait sa chevelure par-dessus le col de son manteau, Emma l'interpella.

— Oui, Mademoiselle Swan ?

Emma tiqua.

— Vous reverrais-je ?

— Naturellement, avait simplement répondu Regina avec un petit sourire désolé au coin de ses lèvres.

Et sur ces paroles, la porte de l'atelier coulissa pour ne plus plonger Emma que dans un silence lourd et pesant. Elle se laissa tomber lourdement sur le matelas, rabattant le draps sur ses formes. Tout à coup tout avait perdu de sa saveur, l'envie de rien maîtrisait son ventre dans un noeud tortueux. Comme tout artiste, elle se mit à broyer du noir mais ce ne fut pas suffisant pour lui insuffler le désir de peindre ou de dessiner.

Lorsque Leopold rentra ce soir-là, il retrouva une femme aux fourneaux qui préparait des chaussons aux pommes. Cela sentait la douce odeur sucrée et caramélisée dans tout le rez-de-chaussée. Il sourit. Rapidement, il enleva son écharpe et son manteau pour rejoindre Regina dans la cuisine.

— Sale hiver n'est-ce pas ? Vous m'avez manqué très chère. Quelques jours sans vous et me voici perdu.

Ce fut à peine si Regina répondit au baiser que l'homme était venu lui délivrer. Elle s'affaira à sortir les chaussons aux pommes du four en veillant bien à ne pas se brûler.

— Ça sent très bon, comme à chaque fois Regina. Tenta t-il à nouveau.

Aucune réponse de la part de Regina, las, il abandonna pour ce soir. Il aurait tellement aimé que les choses soient différentes. Avoir une femme heureuse de le retrouver, au lieu de cela il avait la sensation d'être marié à une marâtre. Ce n'était point le cas car le coeur de Regina était resté à l'atelier. Son fort intérieur souriait à son esprit mais comment sourire lorsque la vie que vous meniez n'était pas celle à laquelle vous vous attendiez ? Elle aspirait à mener une vie comme Emma, loin de la contrainte du mariage et de la tristesse de son union avec un homme qu'elle n'aimait pas. Pas qu'elle soit envieuse de la vie cachée d'Emma mais au moins la blonde disposait d'une certaine liberté bien que bridée par la société.

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