Prologue

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Tout avait commencé à l'école primaire. J'avais 9 ans et je venais d'intégrer une nouvelle école. Après la première séparation de mes parents, Maman avait souhaité revenir dans la ville où elle avait grandi. Nous avions trouvé une petite maison blanche aux volets verts dans un quartier résidentiel tranquille. On avait passé l'été à tout aménager, j'avais accroché toutes sortes de posters sur mes murs pour essayer de cacher la tapisserie « moto » du fils des anciens propriétaires. Maman m'avait trouvé des rideaux blancs irisés qui renvoyaient des reflets arc-en-ciel sur le plafond quand le soleil entrait par les fenêtres l'après-midi. J'avais passé des heures à contempler ce plafond en écoutant mes chansons préférées, rêveuse dans mon lit. Cet été-là, papa m'avait offert un chien, un chiot au nez écrasé qui allait devenir un énorme boxer de 40 kilos. Il avait souhaité faire d'une pierre deux coups... Me faire plaisir, et emmerder ma mère autant que possible. Mais on adorait notre chien... Même si nos voisins d'en face avaient fait des histoires pour qu'on clôture notre terrain. Ils avaient peur pour leur merveilleux et exceptionnel petit garçon, des fois que Fabrice aurait une petite faim !

Oui, Fabrice. C'était la petite vengeance de ma mère envers mon père... Donner son nom au chien. Je l'avais entendue parler avec ma tante :


— Au moins, lui, quand il ira renifler le cul de la voisine et que je gueulerai, il ne me dira pas que je ne suis qu'une hystérique parano et ça, tu vois, ça me fera un bien fou !


Je n'avais pas tout compris de la métaphore à l'époque.

Le jour de la rentrée était arrivé et j'étais prête. Mon sac était neuf, j'avais de beaux cahiers, des crayons de toutes les couleurs et un magnifique petit gilet rose avec des sequins qui brillaient de mille feux. J'avais hâte de me faire de nouveaux amis et d'apprendre. J'étais comme ça, sociable et bosseuse. Je n'avais peur de rien, même pas d'être la petite nouvelle d'une classe où tout le monde se connaît.

Maman m'avait accompagnée jusqu'à la porte de ma classe et m'avait confiée à la maîtresse après avoir déposé un doux baiser sur mon front.

J'avais alors entendu quelqu'un ricaner une fois qu'elle avait quitté la pièce. Agacée, j'avais fouillé la classe des yeux et je l'avais vu. Le petit voisin aux boucles brunes et aux yeux pleins de malice qui risquait de finir en casse-croûte pour chien si le grillage de mon jardin n'était pas surélevé de 45 centimètres.


— C'est la fifille à sa maman, s'était-il moqué avant que la maîtresse le reprenne.


Les autres élèves avaient ri en réponse à sa bêtise.

Noah.

Je le fusillais du regard pendant que la maîtresse me présentait aux autres. Et il souriait comme un enfant terrible qui sait qu'il va beaucoup s'amuser à me pourrir la vie.

À ce moment-là, il ne savait pas que j'étais du genre à rendre les coups.

Même pas en rêve #1 (à nouveau disponible)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant