Même pas en rêve #1 (à nouveau disponible)

Chapitre 8

Assise à l'arrière de la voiture, je me sentais comme une enfant boudeuse avec ses parents. Louise et Clément discutaient de leur mariage en plaisantant. Ils étaient sûrement le seul couple au monde à préparer leurs noces comme on prépare une sortie au zoo, sans jamais s'engueuler. Ils étaient d'accord sur tout, tout le temps. C'était presque énervant !

On roulait vers l'aéroport. On devait passer récupérer Noah dès sa descente de l'avion... Et ensuite le chalet, après presque six heures de route.

Sur le parking de l'aéroport, je restai dans la voiture avec Louise.

— Tu vas bouder pendant toute la semaine ? s'enquit Louise à moitié moqueuse.

— J'ai vraiment pas envie de le revoir.

— Oh, allez, on n'est plus des enfants...

Il y avait une telle autorité dans sa voix que j'avais presque envie de répondre « oui, maman ».

— Comment un mec aussi génial que Clément peut être le meilleur ami de ce type ?

— Noah est un mec génial aussi, je suis désolée que tu n'arrives pas à le voir...

Elle ouvrit la portière de la voiture en voyant Clément revenir, accompagné de mon cauchemar sur pattes. Malgré ces 10 ans sans nous voir, je l'aurais reconnu entre mille. Toujours cette foutue touffe de cheveux à moitié sauvage et cette barbe négligée qui lui donnait une allure de pseudo baroudeur des temps modernes. Sans oublier ses regards appuyés qu'il eut pour moi alors que Louise le prenait dans ses bras. Je redoutais l'instant où il s'installerait à côté de moi mais je ne baissais pas les yeux pour autant. Je regrettais de ne pas avoir de verre de jus d'orange aujourd'hui. Et je n'aimais pas ces frissons qui parcouraient mon dos alors que je repensais à la dernière fois que je l'avais vu.

« Tu le détestes, ne l'oublie pas », songeai-je en fronçant les sourcils.

Noah ouvrit la porte passager pour venir s'asseoir à côté de moi. Il portait un short gris qui avait l'air d'un vieux jogging découpé et un tee-shirt rose passé. Il n'était pas rasé, il avait des cernes... la panoplie post-vol longue durée de base. Mais il trouvait le moyen de me lancer ce regard que je connaissais si bien. Celui qui me faisait comprendre qu'il avait très envie de jouer...

— Chicot, prononça-t-il comme pour me défier.

— Pisse-Partout, répondis-je en hochant la tête, les lèvres pincées, comme un cow-boy en duel.

Il plissa les yeux exagérément en me regardant et j'eus beaucoup de mal à retenir un sourire. Heureusement, quand, faible que je suis, j'esquissai ce sourire indomptable, Clément avait attiré son attention sur le GPS.

L'univers était de mon côté, car Noah était si épuisé par son voyage qu'il dormit les trois premières heures. Vers la moitié du trajet, je proposai à Clément de prendre le relais pour qu'il se repose aussi. Je montai devant, à côté de mon amie, et roulai posément derrière la voiture où étaient Matt, Benji et leurs conjointes. Louise s'amusait à mettre des vieilles chansons qu'on adorait et je me laissais entraîner à chanter avec elle.

On chantait comme des gamines, je me déhanchais même un peu sur mon siège tout en gardant les yeux sur la route quand Noah se réveilla en hurlant comme un abruti !

— Oh mon Dieu, mais qui lui a confié le volant ?

Je fis un bref zigzag sur la route, heureusement déserte, en poussant un cri ridicule ! Il se marra, même quand Clément lui frappa l'épaule. Il nous avait fait peur, ce crétin ! Et tous les trois commencèrent à rire de moi alors que j'enrageais.

— T'es vraiment qu'un con !