Chapitre 23

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J'entrai dans ma chambre sans faire de bruit, enroulée dans ma grande serviette. Il faisait noir dans la maison, tout le monde était couché. Je m'étais éternisée sous la douche, comme prévu. J'enfilai rapidement un vieux tee-shirt en guise de pyjama et je m'apprêtais à me coucher quand on frappa à la porte.

Noah entra en chuchotant.


— Je crois que Benji s'est endormi dans le canapé devant la télé.

— OK, dis-je, un peu mal à l'aise de me trouver devant lui en culotte et en tee-shirt.

— Je te promets que je prendrai pas de place, on peut même créer un mur de coussins, si tu veux !


Il se moquait de moi ? Forcément ? Dans l'absolu, partager mon lit ne me gênait pas, combien de fois je l'avais fait avant avec les potes. Mais lui...


— S'il te plaît... ?


Il prononça ces mots comme si c'était une formule magique.


— OK, ça va, tu peux dormir ici.


Il sauta debout sur le lit et redescendit de l'autre côté, manquant de tomber. Je dus serrer les dents pour ne pas rire. Une fois couchée de mon côté en lui tournant le dos, le cœur si fou que je craignais qu'il l'entende, je sentis le lit bouger pendant qu'il s'installait. Après quelques longues minutes de silence, je pensais qu'il dormait – moi je n'y arrivais pas – quand il s'adressa à moi à voix basse.


— Tu dors ?

— Non, soufflai-je en me tournant vers lui.

— Ça fait bizarre, pas vrai ? Je devrais réveiller Benji, commença-t-il en se tournant sur le côté pour me faire face.

— Non, ça va, laisse-le dormir.


Je ne voulais pas qu'il s'en aille.


— Si on continue à bien s'entendre comme ça, on va vite se faire chier, plaisanta-t-il.

— Tu m'énerves toujours autant, rassure-toi.

— Tu me détestes ?


Heureusement que je distinguais à peine les traits de son visage dans la pénombre. La seule source de lumière venait de la lune à travers le Velux. Je crois que, si j'avais pu le voir, si près, en train de me chercher, il m'aurait trouvée.


— Je te déteste, dis-je avec l'intonation d'une toute autre déclaration.

— Moi aussi, répondit-il sur le même ton.


Mon corps entier était attiré vers lui comme si j'étais le fer et lui l'aimant. J'étais à deux doigts de craquer et de me rapprocher pour lui voler un baiser. Je sentais le parfum de sa peau, son souffle, il respirait fort. Et, alors que mon cœur pétait les plombs, c'est lui qui bougea le premier. Il se rapprocha jusqu'à ce que nos corps se touchent et tenta de m'embrasser. Mais, dans le noir, il manqua ma bouche et embrassa mon nez. J'explosai de rire, appuyant mon visage dans l'oreiller pour ne pas réveiller tout le monde. Il rit aussi, collant son visage dans mon cou, dans mes cheveux. Sa main remonta dans mon dos alors qu'on était pris d'un fou rire incontrôlable.

C'était l'un des plus beaux moments de ma vie.

Même pas en rêve #1 (à nouveau disponible)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant