Même pas en rêve #1 (à nouveau disponible)

Chapitre 25

Notre semaine de vacances s'achevait. Je ne le regardais plus, ne lui parlais plus. Et lui faisait de même. L'ambiance était tendue et nos amis ne savaient plus comment se comporter avec nous. Je m'en voulais d'avoir gâché leur séjour. Aujourd'hui, pour la sortie en canoë, Louise s'était mise avec moi et Clément avec Noah. Comme si nous étions deux enfants ingérables qu'il fallait séparer pour passer un bon moment. Nous étions ridicules.

Et notre dernière soirée tous ensemble promettait d'être bizarre. J'essayais de faire bonne figure, je riais avec eux, je voulais penser à autre chose. Mais il était toujours là, dans mon champ de vision, à me faire la gueule et à me rendre dingue. Il avait passé toute notre enfance à me chercher, mais il ne m'avait jamais fait souffrir. Sauf il y a dix ans... et aujourd'hui.

On n'était pas faits l'un pour l'autre, forcément, comment on aurait pu vivre quoi que ce soit alors qu'on passait notre temps à se battre ? Je ne voulais pas de ce genre de relation, j'avais vu ça avec mes parents. Mon père était le seul homme qui faisait passer ma mère du rire aux larmes en un claquement de doigts. Il disparaissait du jour au lendemain, mais elle continuait à attendre un signe de lui. J'avais peur de répéter leur histoire.

Assise dans le canapé, le regard dans le vide, j'avais du mal à me concentrer sur mes amis.

— Dany, t'es avec nous ? lança Matthieu à côté de moi.

— Oui, pourquoi ?

— On se disait qu'on pourrait aller au restaurant ce soir ?

— Oui, pourquoi pas, dis-je en hochant la tête.

— Il y a une soirée dansante, on va pouvoir se défouler un peu, précisa Lucie.

Danser, manger, je n'avais envie ni de l'un ni de l'autre. Mais je voulais clôturer la semaine sur une bonne note alors je montai m'habiller avec les filles. Elles voulaient se faire belles pour ce soir. Lucie avait prévu de nous maquiller et de nous coiffer, on aurait dit des ados avant un bal de promo. Elles me faisaient rire et leur bonne humeur commençait à déteindre sur moi. J'en avais terriblement besoin !

Louise me prêta une robe courte près du corps, toute blanche, avec un cache-cœur qui s'ouvrait sur un décolleté plongeant et des manches trois quarts. Je n'aimais pas trop me pomponner mais je fis un effort en laissant Lucie s'occuper de moi. Elle dessina un trait d'eye-liner parfait au-dessus de mes cils et mit un peu d'ombre à paupières blanc irisé au coin de mes yeux. Comme elle me connaissait, elle n'ajouta rien de plus pour que ça reste discret. Ensuite, elle monta mes cheveux en chignon un peu négligé. Je ne disais rien, j'écoutais leurs conversations en profitant de ce moment de paix. Elles parlaient de leurs hommes, de leurs projets, de leurs vies qui me semblaient parfaites de là où j'étais, au fond de mon trou. Et, alors qu'elles nous projetaient loin, toujours unis, au mariage à venir, aux différentes étapes, je réalisai que Noah ferait partie de ma vie à jamais. Je n'avais pas le choix, il était le meilleur ami de mes meilleurs amis.

Je me demandais si j'aurais toujours aussi mal d'avoir envie de lui la prochaine fois que je le verrais. Et si ça lui ferait mal, à lui aussi ?