Chapitre 18

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Je ne savais pas quoi lui répondre... Il trouvait qu'on « fonctionnait bien », qu'est-ce que ça voulait dire ? Qu'est-ce qu'il espérait que je réponde ? Je ne comprenais où il voulait en venir, mais je ne voulais pas me tromper cette fois. Isolés ici, seuls, on retrouvait l'ambiance de cette soirée magique qui n'avait jamais été égalée, en tout cas pour ma part. Et j'avais beau avoir 28 ans, être une adulte responsable (qui vit chez sa mère), je me sentais si vulnérable. Comme une enfant, comme une jeune fille face au garçon qui la rendait folle.

Noah leva les yeux vers moi, il devait attendre que je parle, mais je ne savais pas quoi dire ! Plus les secondes passaient, plus il me regardait, plus je sentais mon cœur s'emballer. On n'avait plus l'âge de jouer à ça. Aujourd'hui, si on se laissait tenter, ça aurait des conséquences. Trop de questions tournaient dans ma tête et j'avais si peu de réponses. Une interrogation faisait plus de bruit que les autres.


— Noah... commençai-je, c'est vrai que je te plaisais quand on était au collège et au lycée ?


Il baissa les yeux, je vis un sourire un peu timide se dessiner sur son visage. Je retins mon souffle en attendant la réponse.


— Non, souffla-t-il après une éternité.


Ce que je me sentais bête, putain ! Je repris le coussin pour le serrer dans mes bras, comme si c'était un mur que je plaçais entre nous.


— OK, c'était idiot de demander ça, répondis-je, mal à l'aise.

— Dany, à l'époque... commença-t-il avant d'être interrompu.


Nos amis rentrèrent à ce moment-là. Ils avaient couru sous la pluie et riaient fort en passant la porte, trempés. Noah les regarda, je regardai Noah, un peu triste. Et puis je saisis l'occasion de m'enfuir loin de la scène du drame. Louise et les filles montaient à l'étage pour se répartir dans les deux salles de bains et je les suivis pour mettre plus de distance entre Noah et moi. Les salles de bains se faisaient face dans le couloir, alors avec les portes ouvertes on se voyait toutes comme si on était dans la même pièce.


— Quel temps de chiotte ! s'écria Lucie en enroulant une serviette autour de ses cheveux.

— J'espère qu'il fera beau demain, pour la balade en quad, s'inquiéta Louise.

— La météo prévoit que oui, confirma Justine.


Moi, assise sur le bord de la baignoire, je restais un peu fermée, songeuse.


— Ça a été, cet après-midi ? demanda Louise.

— Ouais, ça a été, on a regardé un film.

— Ah, je vois ! dit Lucie avec un regard plein de sous-entendus.

— Ne te fais pas d'idées, ma belle, répondis-je, il ne s'est rien passé et il ne se passera plus jamais rien !

— On vous laissera la soirée la prochaine fois, lança Justine en essuyant le maquillage qui avait coulé sur ses joues.

— Comment ça ?


Je captai le regard soutenu que lui jetait Louise, comme pour lui intimer de ne pas en dire trop. Il y avait clairement anguille sous roche.


— OK, accouche, dis-je fermement à Louise en me mettant debout derrière elle et en la fusillant du regard dans le miroir.

— Quoi ?

— Vous avez fait exprès de nous laisser seuls ici tous les deux ? dis-je en comprenant son manège.

— On voulait que vous vous réconciliiez, pour passer de bonnes vacances, avoua Lucie.


Les traîtres !


— Pourquoi vous jouez les entremetteuses ? C'est n'importe quoi.

— Pourquoi ça te met autant en rogne ? demanda Louise, un poing sur sa hanche avec son regard inquisiteur.


Ne sachant pas comment me sortir de cette situation, je fis une grimace exagérée en imitant la tonalité de sa phrase sans prononcer un seul mot compréhensible puis quittai la pièce. Mes amies rirent de ma réaction enfantine et j'entendis la voix de Lucie avant d'entrer dans la chambre que me laissait Noah pour me cacher.


— Ces deux-là on va les marier avant la fin de l'année !

Même pas en rêve #1 (à nouveau disponible)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant