Même pas en rêve #1 (à nouveau disponible)

Chapitre 16

Noah déposa une assiette devant moi et s'installa en face avec la sienne. Je humai le parfum épicé de son plat avec envie avant d'en prendre une bouchée. Alors qu'il me servait un verre d'eau, je découvris ses talents de cuisinier.

— Waouh, c'est super bon !

— T'as l'air surprise ?

— Bah oui, un peu, enfin... je ne savais pas que tu cuisinais aussi bien.

— J'ai dû m'y mettre quand j'ai compris que mon célibat allait durer, j'en avais marre des pâtes et du ketchup.

— Et tu n'as pas réussi à en convaincre une seule de rester, avec tes bons petits plats ?

Il prit une bouchée avant de répondre :

— Pas encore, mais la journée n'est pas finie !

Je ralentis en mastiquant, un peu désappointée. Est-ce qu'on jouait toujours ? Parce que le petit raté dans les battements de mon cœur me faisait douter. Et Noah se gardait bien de me regarder. J'attendais la petite étincelle de malice dans ses yeux pour avoir ma réponse... Mais rien.

Puis, après un court silence, son téléphone sonna. Il quitta la pièce avec son assiette pour répondre. Je compris assez vite que c'était pour son travail. Il était architecte dans un grand cabinet et je découvrais combien il savait être sérieux et adulte en l'entendant répondre au téléphone de manière professionnelle. Sans manquer de le suivre du regard alors qu'il quittait la pièce, je tentais de l'imaginer en costume, habillé pour travailler... Avant de me perdre dans mes pensées, je secouais la tête pour me calmer puis je finis mon riz, un peu trop songeuse.

Noah revint presque vingt minutes plus tard avec sa vaisselle sale. J'étais de nouveau dans le canapé. Il pleuvait toujours à torrent dehors, on n'avait pas beaucoup d'options pour s'occuper.

— Tu veux regarder un film ? proposa-t-il en se laissant tomber à côté de moi.

— Tu proposes quoi ?

— Je sais pas, est-ce que les films d'horreur te foutent toujours la trouille ?

Je souris parce qu'il faisait allusion à cette fameuse soirée.

— Tu sais, je dois quand-même t'avouer un truc, j'avais pas si peur que ça à l'époque.

— Je sais, se contenta-t-il de répondre avec un petit sourire en coin.

Il brancha son ordinateur au projecteur pendant que je déroulai l'écran blanc. Ensuite, il enjamba le dossier du canapé, au lieu de le contourner, pour se rasseoir juste à côté de moi. Son épaule heurta légèrement la mienne, ce qui me donna une impression de déjà-vu. Puis Noah attrapa un des coussins et me le tendis.

— Tiens, si tu as peur, cache-toi derrière ça, mais ne compte pas sur moi pour me laisser attendrir cette fois.

Il s'écarta de quelques centimètres, comme si c'était moi qui le collais. Faussement vexée, je le frappai avec le coussin en rigolant.

— Me cherche pas, Chicot !

— J'ai soif, y aurait pas du jus d'orange dans le frigo ?

Il tourna la tête vers moi, il se souvenait très bien de cet épisode... Et son regard ne masquait pas son amusement, même s'il essayait de froncer les sourcils.

— J'aurais dû laisser cet énorme papillon de nuit te dévorer dans les bois ce matin !

Je l'avais presque oublié, l'insecte. Ce n'était pas cette partie qui m'avait le plus marquée. C'était son regard quand nous avions entendu la conversation de nos amis. C'était son besoin de fuir pour m'éviter. J'avais envie de savoir si tout était vrai.