Chapitre 19

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Le lendemain, le soleil était au rendez-vous au départ de notre randonnée en quad. J'avais tenté d'obtenir mon propre quad mais rien à faire. Seuls quatre véhicules étaient réservés, alors on n'en aurait pas un de plus. Et je me retrouvais forcément en binôme avec monsieur.

J'avais passé la soirée de la veille à l'éviter, remerciant secrètement ma sœur d'avoir choisi ce moment pour me téléphoner. Et j'avais fait durer la conversation jusqu'à ce que tout le monde se couche. Ensuite, allongée dans le lit qu'il m'avait laissé, je m'étais dépêchée de faire semblant de dormir en entendant des pas dans l'escalier. Quelqu'un avait ouvert la porte doucement, je crois que c'était lui. Il avait probablement espéré pouvoir me parler. Mais je comprenais ce que voulait dire « non », pas besoin d'ajouter quoi que ce soit qui m'enfonce encore plus dans ma honte.

Après avoir écouté les instructions, appris à manœuvrer rapidement, on s'élança sur les chemins balisés pour notre virée en quad. Je montai derrière lui et m'accrochai à sa taille, tendue et toujours pas à l'aise. Noah attendit que tout le monde ait démarré pour partir. Au moins, sur les chemins, on ne pouvait pas parler. Nous devions aller jusqu'à un lac où nous pouvions nous baigner. Ensuite, après le pique-nique, nous n'aurions qu'à le contourner pour faire le chemin inverse et rentrer.

Comme j'étais plus petite que lui, je devais me pencher pour regarder devant nous. À un moment, je sentis qu'on ralentissait. Je m'inclinai sur le côté pour voir si j'apercevais le lac, mais non, juste les autres qui s'éloignaient alors qu'on s'arrêtait en bordure du chemin.

— Pourquoi on s'arrête ? demandai-je en retirant mon casque.

Il retira le sien et attendit que je descende pour me répondre.

— Ici, au moins, tu ne peux pas m'éviter ni faire semblant de dormir, commença-t-il.

Bordel ! Je regardais en arrière, vers le chemin, calculant le temps qu'il me faudrait pour rejoindre les voitures, je pouvais peut-être m'enfuir en courant ? Je sentais mes mains devenir moites. C'était si déplaisant, on n'avait vraiment pas besoin de s'éterniser sur le sujet !

— On n'est pas obligés d'en parler, Louise m'a dit que tu craquais sur moi à l'école, elle s'est trompée, voilà, fin de l'histoire, dis-je en croisant les bras sur ma poitrine et en regardant mes pieds.

— Chicot, arrête de flipper, articula-t-il en se levant pour se poster juste devant moi.

Je levai les yeux pour l'affronter, j'avais senti qu'il souriait en me disant ça. Et ça me vexait, je n'étais pas d'humeur à jouer. Je ressentais le même mal-être qu'à l'époque, lorsque je me retrouvais devant le proviseur à cause de lui, comme prise en faute. Hier j'avais l'impression d'avoir un coup d'avance et maintenant je me sentais ridicule.

— Non, tu me plaisais pas au lycée, reprit-il comme si on était la veille et qu'on n'avait pas été interrompus. Tu me rendais complètement dingue.

Je ne répondis pas tout de suite, mon cœur ne voulant pas redémarrer. Il souriait comme s'il se doutait de l'état dans lequel j'étais. Et j'oubliais presque l'importance de ses paroles tant j'avais peur de perdre la face devant lui.

— C'est pas nouveau, ça, dis-je agacée en souriant malgré moi.

Alors, Noah fit un pas en avant, comme pour entrer dans ma zone de confort et y déposer ce qu'il avait à dire sans que ses mots ne se heurtent à mes murs solides. Je tenais son regard rieur et brillant, il ne pouvait pas me cacher l'intensité de ses émotions tant elles transparaissaient dans ses yeux. Et plus il voulait s'approcher, physiquement, intimement, plus j'assemblais les petites pièces de mes barricades. Pourquoi étais-je comme ça ?

— Je parle pas de nos embrouilles, je parle de toi.

Il attendit une réaction, quoi que ce soit venant de moi qui ne soit pas ce silence pesant. Mais je ne savais pas quoi dire... Je n'étais même plus capable de mettre de l'ordre dans mes pensées, j'étais concentrée sur l'idée que mon cœur allait vraiment exploser s'il faisait un pas de plus.

— J'étais qu'un petit con maladroit qui savait pas comment attirer ton attention. Alors je faisais n'importe quoi. Et comme j'étais convaincu que tu ne m'aimerais jamais... (ses yeux se détournèrent des miens en même temps que son sourire s'envolait.) Je crois que je me disais qu'au moins, si je t'agaçais, c'était mieux que te laisser indifférente.

Même pas en rêve #1 (à nouveau disponible)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant