Même pas en rêve #1 (à nouveau disponible)

Chapitre 6 : Dix ans plus tard

Louise et Clément prenaient Matt et Benji dans leurs bras après avoir annoncé LA grande nouvelle. J'étais déjà au courant, mais l'émotion me gagnait malgré tout encore une fois.

Ils allaient se marier. Et c'était une évidence comme on n'en voit plus. Le genre qui s'écrit sur les bancs de l'école. Ils avaient vécu leur histoire faite de perfection et d'amour jusqu'à souhaiter s'engager pour toujours. Sans jamais avoir ressenti le besoin de regarder ailleurs. Et j'étais jalouse, je crois.

Je n'avais pas encore osé briser la bulle de bonheur de mes meilleurs amis en leur annonçant que je venais de rompre. La veille, j'avais quitté la maison avec toutes mes affaires et c'est pour ça que j'étais venue seule aujourd'hui. La femme de Matt était là, la copine de Benji aussi... Il ne manquait que lui. Ou presque... Il manquait Noah aussi. Mais ça, je pouvais m'en remettre !

J'étais avec Lucas depuis bientôt deux ans et j'y avais presque cru. On avait fait des projets, on voulait acheter une maison, peut-être se marier... Mais ça n'avait pas les mêmes couleurs éclatantes que le tableau féerique peint par mes amis. C'était une esquisse envisageable, facile à réaliser et confortable. Comme reproduire un schéma à partir d'un modèle. Hier soir, après être partie, j'avais pensé qu'il allait me manquer, mais, en fait, moins que son chat. Et ça m'avait brisé le cœur.

Louise s'approcha pour me serrer dans ses bras, les larmes aux yeux. Elle respirait le bonheur et je m'accrochais à elle en espérant que sa chance soit contagieuse.

— Bon, les amis, pour fêter la nouvelle on a envie de faire un truc dingue ! Pour nos vacances annuelles, au lieu d'aller dans la villa de mes parents, on voudrait aller ailleurs. Alors, on a loué un chalet magnifique en pleine forêt pour une semaine et vous êtes tous invités !

Tout le monde avait l'air super content. Je n'avais pas participé les deux dernières fois... j'étais partie avec mon ex à la place.

— On aura une chambre par couple, par contre il n'y a que deux salles de bain. Mais ceux qui n'auront pas la patience pourront toujours aller se laver dans la rivière ! plaisanta Clément.

— On a prévu une randonnée en quad et du canoë, ajouta Louise.

Je m'extasiais comme les autres, même si j'imaginais déjà la catastrophe. Moi faisant une allergie aux piqûres de moustiques. Moi mordue par une araignée. Moi tuée par un serpent. Moi dévorée par un ours ! Et en même temps, je me disais que ça pourrait me faire du bien de m'éloigner pendant quelques jours. Surtout que je m'en voulais de m'imposer chez ma mère à presque 30 ans. Retrouver ma chambre d'ado et me battre avec ma sœur pour avoir la salle de bain le matin était bizarre...

Comme tout le monde essayait déjà d'imaginer à quel point ce séjour allait être génial, je décidais qu'il était temps de crever l'abcès et j'entraînai Louise à l'écart.

— Tu vas venir hein ? s'inquiéta-t-elle.

— Oui, mais... Lucas ne viendra pas. On a rompu.

Elle m'adressa un regard compatissant et triste avant de me serrer dans ses bras. J'acceptai le câlin de bon cœur.

— Pourquoi ?

— C'est pas important, c'était pas l'amour fou non plus...

— Tu viendras quand-même et on va s'éclater d'accord !?

— Oui, ça va être chouette.

— Et tu auras une chambre pour toi toute seule !

Louise voyait toujours le positif partout. J'aimais ça chez elle. Et puis elle me connaissait, elle savait que ce n'était pas grave, qu'il ne fallait pas en faire tout un plat.

Quand on revint vers les mecs, ils étaient en train de faire un appel vidéo avec Noah.

— Alors, Montréal, comment c'est ?

— Hey, les mecs, c'est génial, je crois que je vais rester un moment !

— Faudra que tu reviennes bientôt, pas le choix, commença Clément en tendant la main à Louise pour qu'elle le rejoigne.

Alors mon amie se glissa sous le bras de son amoureux pour passer devant l'écran et montra la bague de fiançailles qui brillait à son doigt en criant de joie.

— Sérieux ?! Félicitations ! s'exclama l'expatrié, sincère.

Je restais à l'écart pendant qu'ils parlaient tous ensemble. Je devinais à sa voix qu'il jouait la surprise, pourtant Clément en avait déjà forcément parlé avec lui, comme Louise avec moi. Je n'avais pas revu Noah depuis presque dix ans. Il avait déménagé pour ses études d'architecture quelques jours après notre nuit ensemble. Et, depuis quelques mois, il était installé à Montréal pour le travail. C'était censé être un séjour court au départ, mais il n'arrêtait pas de le prolonger. À l'entendre, il avait envie de rester là-bas.