8. Cruella d'Enfer

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Playlist : RUELLE - War Of Hearts

ANGELA

L'urgence de planter mes ongles dans la délicate peau de mon cou devient de plus en plus irrépressible. Mon calme s'en va lentement, cette façade factice de fragilité féminine me répugne par-dessus tout. Même si, au commencement, cela servait à susciter leur pitié de manière efficace, cette stratégie est désormais épuisée. Je n'affirme pas que je vais me dévoiler entièrement devant eux, mais je ne leur accorderai que des bribes, telles les miettes semées par le Petit Poucet en quête de son chemin. D'ailleurs, je suis convaincue que Diego commence à douter.

En ce qui concerne ce fameux P.M., j'ai enfin percé le mystère de son identité. Lors de sa récente visite, j'ai aperçu un tatouage distinctif sur sa nuque, celui de la plus puissante mafia italienne : le symbole du Cerbère, ce chien à trois têtes de la mythologie. P.M. n'est autre que Pietro Moretti, le fils prodige et l'un des mercenaires les plus redoutables d'Italie.

J'étais au courant de son existence depuis longtemps, et grâce aux rumeurs persistantes, j'avais une vague idée de son apparence. Cependant, maintenant que j'ai pu le voir en personne, son visage demeurera gravé dans mon esprit. Je savais qu'il avait des penchants sombres, mais je ne m'attendais pas à ce qu'il m'aveugle en me tirant à l'arc. Moi qui suis supposée incarner la délicatesse et la fragilité féminines.

En évoquant le thème de la vulnérabilité, je suis convaincue que je peux aisément me transformer en sa propre faiblesse. Lorsqu'il s'est approché de moi, son regard m'a profondément troublée. Si je me fie à la dilatation de ses pupilles, il semble que je lui plais. Je reconnais volontiers qu'il a un certain charme, ce qui pourrait faciliter mon approche. En mon for intérieur, je savais que ce kidnapping ne serait pas aussi négatif que cela en avait l'air et qu'il pourrait me réserver des opportunités inattendues.

Malgré le retour à la normale de la température pendant mon sommeil, la faim et la soif persistent. J'ai tenté à plusieurs reprises de me libérer de mes chaînes, mais à part me blesser aux chevilles et perdre du sang, je n'ai rien gagné. Le tintement de la serrure se fait entendre, me dévoilant Diego, accompagné d'une femme, une rouquine aux cernes prononcés et à la bouche aussi grande que mon poing. Elle me scrute de haut en bas avec une expression de dégoût, puis se tourne vers lui pour poser une question.

— Je n'ai pas le choix ?

— Ce sont les ordres, Cruella d'Enfer, dit-il d'un ton agacé.

Son surnom fit naître un sourire carnassier sur mon visage. Diego répondit à mon sourire en esquissant lui aussi un sourire. Quant à elle, elle semblait à peine contenir un flot d'injures.

— La brune apprécie que moi ton surnom, Cruella, commenta-t-il en détachant mes chevilles pour agripper fermement mon bras, me conduisant dans le couloir mal éclairé.

Me retrouvant enfermée dans une salle de bain avec la rousse, je comprends ce qui m'attend.

— Dépêche-toi d'aller te laver, je n'ai pas de temps à perdre avec une prisonnière, grogna-t-elle.

— Tu veux venir avec moi sous l'eau ? répliquai-je en me déshabillant rapidement pour rejoindre la douche à l'italienne dans un coin de la pièce.

Soudain, une main s'insinua brusquement dans mes cheveux, cherchant à me tirer en arrière. Toutefois, ma réaction fut plus rapide que la sienne : me montrant plus agile, je bondis en arrière pour la prendre au dépourvu. Profitant de cet avantage, je la plaqua contre le mur, exerçant une pression familière de ma main sur son cou. La tenant ainsi immobilisée, je lui soufflai :

Nos cœurs désarmés | T.1 & T.2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant