29. Confession nocturne

450 13 0
                                    

ANGELA

" Venge-moi"

    Ce sont les deux mots inscrits sur le petit papier que m'a confié Chiara quand elle était à terre.

Alors que Pietro roule depuis de longues heures, nous décidons à l'unisson de nous arrêter pour reprendre des forces et profiter d'une bonne nuit de sommeil. Heureusement pour nous, un motel se dessine devant nous, une oasis dans la nuit noire. Le néon fatigué clignote, créant une ambiance rétro à l'endroit. Le prenant comme un signe, nous nous garons sur le parking désert et je le suis jusqu'à l'accueil, où la sonnette titille doucement. Un vieux réceptionniste à la moustache grisonnante nous regarde avec un sourire fatigué, les yeux marqués par de longues années à accueillir des voyageurs épuisés.

— Une chambre pour deux personnes avec un seul lit, demande le mercenaire.

Mécontente de devoir partager une chambre avec lui, je râle discrètement en chuchotant.

— Pietro, je ne veux pas dormir avec toi.

Il rétorque.

— Eh bien, Angela, je ne vais pas payer pour une chambre double.

Je jette un regard autour de la réception du motel. L'endroit dégage une odeur âcre de renfermé, et les murs sont tapissés d'un papier peint défraîchi. La moquette, usée par le temps, semble cacher des secrets peu ragoûtants. C'est loin d'être le lieu idéal pour passer la nuit.

Le réceptionniste se penche derrière le comptoir et glisse les clés à Pietro avec un air indifférent. Pietro, impassible, accepte les clés et le numéro de chambre.

Nous atteignons la porte de l'endroit où nous allons passer la nuit. À l'intérieur, il fait sombre, et l'unique fenêtre est couverte par des rideaux qui ont vu des jours meilleurs. Je sens la fatigue s'abattre sur moi, mais la faim aussi se fait ressentir.

Alors que je souffle d'exaspération, mon coéquipier annonce qu'il va chercher de la nourriture. Il me laisse seule dans la chambre.

Profitant de cette opportunité, je décide de prendre une douche rapide pour me débarrasser de la sensation de voyage et de fatigue accumulée. L'eau chaude me réconforte, et l'ambiance tamisée apporte une touche de sérénité dans cet endroit peu engageant.

Après ma douche revigorante, je sors de la salle de bains pour constater qu'il est déjà de retour. La chambre est plongée dans une semi-pénombre, l'éclairage blafard du plafonnier révélant un lit simple et peu accueillant. Sur celui-ci, il a posé des sandwichs emballés dans du papier aluminium et des bouteilles d'eau, un festin de fortune pour deux voyageurs fatigués.

D'un air autoritaire, il lance d'un ton sec.

— Mange.

La tension entre nous est palpable, et je ne peux m'empêcher de répliquer.

— Oh, comme c'est aimable de ta part de partager ce festin de luxe avec moi.

Il me fixe du regard, un sourire en coin qui en dit long sur le fait qu'il ne supporte pas ma présence autant que je ne supporte la sienne.

— C'est ça ou tu meurs de faim, Angela. Fais un choix.

Prenant un sandwich, je mords avec agacement et lance :

— Tu sais, il existe d'autres options que de partager un lit avec toi, mais tu préfères jouer au radin.

Il soupire et se laisse tomber sur une chaise.

— Tu parles trop, lâche-t-il.

— Excuse-moi, mais j'ai fermé ma bouche pendant une longue partie du trajet parce que ta mauvaise énergie m'étouffe. Alors oui maintenant, j'ai envie de bavarder. D'ailleurs sois heureux un peu, tu vas pouvoir passer encore plus de temps avec moi.

Nos cœurs désarmés | T.1 & T.2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant