Nos cœurs désarmés | T.1 & T.2

28. Un crime de plus

ANGELA

 Pour me changer les idées et surtout, car il était un peu trop dur à supporter. Je suis actuellement au centre ville pour faire les magasins. Les bras chargés de sacs, je m'autorise un arrêt dans un petit bar à thé pour appeler le club.

— Alors, on a du nouveau ? je demande sans préambule.

— On a trouvé un accord avec un club local pour qu'ils achètent leurs armes chez nous. Et Marcus nous a proposé un prospect, mais on attend ton accord. Sinon, quoi d'autre ? Ah, Enzo se casse la tête, car il a envie de te demander une sorte d'augmentation, mais il ne veut pas que tu penses qu'il abuse de ta gentillesse.

Moi gentille ? Il a dû abuser de l'alcool.

— Pour le prospect, je suis d'accord, mais faites un vote si la majorité tombe, il sera accepté. Et concernant Enzo, il veut quoi exactement? Parce que je crois qu'il est assez généreusement payé comme chacun d'entre vous.

— Il nous a braillé des trucs comme quoi, quand il était avec toi, il avait plus de responsabilité et que ça lui a plus, il voulait passer vice-président mais vu qu'on en a déjà un, il avait pensé à aller dans un autre chapitre.

— Mais il est au courant qu'on est complet dans chacun ? je demande.

Son désir d'avoir un peu plus de responsabilités ne me déplait pas. J'ai bien vu comment il est, il a l'étoffe pour diriger un club. Je dois voir si je trouve des volontaires, mais pourquoi pas ouvrir un nouveau chapitre et le mettre à la tête.

Notre conversation continue encore une bonne vingtaine de minutes, avant d'en faire de même avec Antonio. Tout est prêt pour quand on ira sauver Helena. Sur le site où elle est mise malheureusement comme un vulgaire article, de nouvelles photos se sont ajoutées. Son regard est vide, elle a la peau sur les os, cette fille qui autrefois était ma copie conforme se différencie de plus en plus de moi. C'est l'esprit triste que je raccroche enfin. Je vide ma tasse de thé et retourne à la voiture que j'ai louée. J'ai voulu me la faire discrète et en prendre une qui n'attire pas l'attention. J'aurais pourtant dû si j'avais su ce qui m'y attendait.

Je jette mes sacs dans le coffre et m'assieds sur le siège conducteur. Mon instinct ne trompe pas. A peine la clé mise dans le contact, le frisson familier d'un flingue se colle à ma nuque.

— Ne crie pas, ma jolie. Démarre et suit mes instructions.

Je me retiens de souffler d'agacement et l'analyse dans le rétroviseur intérieur. L'homme porte une cagoule et pue l'alcool. Moi qui voulais jouer avec du sang aujourd'hui.

— Tourne à gauche.

Je lui obéis, mais quand je remarque qu'il nous guide vers des quartiers pauvres, je contre-attaque.

— Que me voulez-vous ?

— Tu oses te le demander ? il s'approche de moi jusqu'à ce que son souffle se répercute sur ma joue. Je vais te violer, petite pute. Je t'ai repéré cet après-midi, je ne peux pas passer à côté d'un cul pareil.

Il va mourir plus vite que prévu.

— Vous rigolez ? C'est justement mon métier ! je ment.

Sauf que lui ne le remarque pas, son taux d'alcoolémie l'en empêche probablement.

— Tu vas adorer alors.

— Vous savez, j'ai l'habitude, mais je prends toujours mes clients dans une villa proche de la mer. Ses propriétaires ne sont jamais présents. Mais ils ont une salle des plaisirs si vous voyez ce que je veux dire.