Nos cœurs désarmés | T.1 & T.2

11. Ma place

ANGELA

Nous venons d'arriver aux abords du club. Sécurisé par un rideau de métal tout autour, on passe par une entrée secondaire réservée à la marchandise. Par ici, personne ne surveille et donc on peut se promener et entrer tranquillement. Avec Enzo, on a vite conclu que je ne pouvais pas simplement passer par la grande porte et réclamer mon titre en mode " Coucou, c'est moi votre nouvelle présidente".

    C'est pourquoi il me guide jusqu'à une trappe qu'il ouvre, et m'offre un accès libre jusqu'aux sous-sols. Un flot de souvenirs m'assaille quand le froid de cet endroit particulier me fouette.

    — Je te laisse aller dans la salle de réunion, le code est toujours le même, m'informe mon enforcer.

    J'acquiesce et m'empresse de me cacher. Il ne faudrait pas que l'on me prenne pour une intruse. La grande table en bois est toujours aussi accueillante que lorsque j'étais petite. Je caresse ses rayures, elle n'est pas parfaite, mais dans mon coeur elle est ma préférée. Sur celle-ci est dessiné notre emblème, la belle Méduse qui vient de la mythologie grecque.

    Si tu accroches sont regard c'est déjà trop tard, comme nous quand on arrive face à notre cible.

    Je distingue des bruits de pas dans le couloir, je respire un bon coup pour ne pas me dégonfler, puis m'installe sur la chaise dédiée au président, ma place.

    La porte s'ouvre à la volée sur des visages familiers, ainsi que d'autres complètement inconnus. Ils ne comprennent sans doute pas pourquoi je suis debout face à eux et non six pieds sous terre. Enzo prend les choses en main et leur ordonne de s'asseoir pendant qu'il ferme à clé l'entrée.

    Personne ne m'a encore approché. D'habitude quand je les croisais, j'avais au moins le droit à un câlin, mais cette fois, rien. Ils sont choqués et ne savent pas comment se comporter au vu de l'endroit où je suis assise.

    — Je comprends que vous soyez étonnés de me voir vivante et ici, dis-je en caressant ma chaise légèrement plus imposante que les leurs. Mais je vais tout vous expliquer, donc je vous prierai de me laisser parler sans me couper la parole.

    Je fais une pause, certains acquiescent pendant que d'autres — les nouveaux —  n'ont pas l'air contents de ma venue.

    — Si je suis présente aujourd'hui, c'est pour prendre mes fonctions en tant que leader du club, comme vous pouvez le voir sur mon CUT. Cette place me revient de droit, du fait que mon père m'a légué cette responsabilité dans son testament. Je me doute que certains d'entre vous auront du mal à l'accepter, mais je suis prête à faire un compromis. Au vu du peu de temps dont je dispose, je resterai à l'essai une semaine, et à la suite, il y aura un vote où vous pourrez m'accepter ou non comme votre cheffe définitive.

    Je prends une minute pour laisser cette information s'ancrer dans leurs cerveaux.

    — Pour les personnes qui ne me connaissent qu'en tant que fille de Giovanni, je m'appelle Angela Bellini. Jusqu'à récemment, je dirigeais un réseau de mercenaires et de tueurs à gages, le plus important d'Italie. J'ai dû céder cette place à une personne que vous connaissez tous, Pietro Moretti. Par un concours de circonstances, j'ai simulé ma mort pour prendre un nouveau départ dans le but de sauver ma sœur Helena des griffes de la mafia sicilienne. Nous en parlerons plus en profondeur si vous m'acceptez dans sept jours à compter d'aujourd'hui. Vous pouvez être certains d'une chose, et ceux qui me connaissent le confirmeront : je sais parfaitement gérer une équipe. Vous êtes d'ailleurs ma famille, et je ferai tout pour vous. Je serai impartiale, droite et franche. Mon père a toujours prôné l'égalité pour tous, alors je vous prierai de me respecter, même en tant que femme. Si votre ego vous dérange, je vous prierai d'aller vous faire foutre avant que je ne vous donne une bonne leçon de savoir-vivre dans l'une de nos salles de torture, car oui, je suis aussi une excellente mercenaire. J'ai mis des raclées à de nombreux sexistes, donc gare à vous.