Le crumble

158 34 36
                                    




⭐️ n'oubliez pas de voter et de commenter ! ⭐️


La lumière qui passe entre mes rideaux me brûle les yeux et me force à les ouvrir. Un rayon de soleil vient se poser sur mon épaule et sa chaleur forme comme une bulle autour de mon corps mal réveillé. Lorsque je me redresse enfin, ma tête semble peser une tonne et mes paupières, plus lourdes qu'une enclume, se ferment toutes seules. Qu'est ce que j'ai fait hier déjà ?

Je ne sais plus.

Alors j'attends.

Finalement, une bonne odeur de pain frais de la boulangerie d'à côté finit de me convaincre de me lever. A peine ai-je posé mes pieds au sol, sur la moquette de ma chambre qu'une douleur me vrille l'estomac. J'ai faim. Comme si j'avais couru un marathon cette nuit.

Je prends sur moi et arrive tant bien que mal à me traîner jusqu'à la cuisine d'un pas mal assuré et à attraper le premier paquet qui me tombe sous la main: des gâteaux bourrés de sucre, ça fera l'affaire. Je m'applique quand même à lire la liste des ingrédients, on ne sait jamais ce que ces mignons petits biscuits au chocolat pourraient cacher.

Farine de blé (si j'en mange trop, ca me fera grossir), chocolat 14,6% (maximum deux, pas plus Viviane.), pâte de cacao (j'aurais dû dire à maman d'acheter des gâteaux bio.), émulsifiant : lécithine de soja, sucre, huile de tournesol (c'est trop gras, je vais prendre du poids, c'est sur.), beurre, sirop de glucose, amidon de blé, poudres à lever (Après réflexion, je ne vais en prendre qu'un), carbonate acide de sodium, carbonate acide d'ammonium (je parie que ces trucs sont radioactifs), sel, arôme de vanille (Je pense que vais juste sauter le petit dej.). Dégoûtée, je détourne les yeux et repose le paquet sur la table de la cuisine, couverte de l'ancestrale nappe à carreaux de mamie Renée, paix à son âme.

Soudain mon téléphone se met à vibrer aussi violemment qu'un marteau piqueur. Je me rue vers lui dans un dernier espoir de pouvoir sauver mes oreilles de cette agression sonore mais en vain.

en ligne-LAURIE: Plus que quelques heures avant le pique nique les filles! Je compte sur vous pour être des bombes absolues ;)  Et surtout Vi, n'oublie pas ton crumble.                                                  

Purée, j'avais oublié. Pourquoi accorder autant d'importance à un petit pique nique de rien du tout?!

Laurie m'a fait jurer de me joindre à eux et je ne suis plus en capacité de reculer. En tant que meilleure amie officielle elle devrait comprendre que parler de mecs et se partager les derniers potins de la semaine avec les amis de mes amis n'est pas spécialement mon kiff.
Trop tard, le mal est fait.

Je noue donc mon tablier de cuisine autour de ma taille et commence à préparer les ingrédients du crumble à la poire que je dois apporter pour le pique-nique si je ne veux pas me faire atomiser par Laurie. Je commence ainsi à faire le biscuit avec mon beurre mon sucre et ma farine. La cuisine est bien la seule chose dans laquelle je me considère douée. Même si le plus souvent, je ne mange pas ce que je confectionne, cuisiner m'apaise et me procure une satisfaction rare que je ne peux trouver en d'autres activités. J'aime par dessus tout rassembler les ingrédients, suivre à la perfection une recette puis d'un coup, tout en me surprenant moi même, rajouter un ingrédient qui n'y figurait pas, comme une signature gustative qui par la suite, fera frémir les papilles des gens que j'aime. Finalement ce n'était pas une mauvaise idée d'accepter de le faire ce crumble.

Lorsqu'une odeur de poire caramélisée me parvient aux narines je sais qu'il est temps de sortir ma progéniture (le crumble) du four.

Aie

Ça recommence. Je me suis encore brûlée en transportant le crumble jusqu'au plan de travail. Je m'empresse de poser celui- ci sur une surface stable mais ne lâche pas son contenant.

Ça fait mal mais pourtant, je ne retire pas ma main de l'objet en fusion. Le temps semble s'être étiré, comme un chewing gum à la fraise qui n'aurait plus de goût. Je suis constamment à la recherche d'une saveur et la souffrance en fait partie alors, avide de toujours plus de sensations, je reste là, ma peau blanche rougissant au fil du temps. Mes doigts en contact avec le moule brûlant me procurent des frissons des pieds à la tête dans un mélange d'euphorie et de douleur qui transcende tout mon être. J'aime cette chaleur qui me blesse, cette preuve que je ne suis pas un automate de bois et de cire qui, pour amuser la galerie, se balance au bout des ses fils, sans vie. Je sens mon corps se détendre, ma bouche aspirer l'air à grandes goulées et s'étirer.

Un.
Deux.
Trois.
Quatre.
...

Ces minutes dévastactrices me rendent folle de joie.

ON VEUT TOUS VIVRE T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant