ON VEUT TOUS VIVRE T1

Cours Vivianne !

-Avoue Vivianne, tu aimes ça, que je sois près de toi comme ça. Son air dragueur m'arrache un sursaut de dégoût, ses mains serrent plus fort mes poignets.

Mon corps fourmille d'une énergie nouvelle, comme si je venais de m'enfiler quatre shots d'adrénaline à la suite. Je me débats de plus belle, la peur grouillant dans mon ventre, répandant son jus d'angoisse sur ma peau, à l'intérieur des paupières, dans ma bouche. Je vois flou mais je continue de me battre à coup de mouvements désarticulés mais puissants.

Ses grands mains me lâchent. Il se relève, je suis par terre, allongée sur le tapis, les larmes aux yeux. Il me regarde haut, je me sens petite, répugnante. Sa lèvre supérieure se retrousse dans une drôle de grimace que j'aurais dû trouver charmante si je n'étais pas dans cet état de choc.

-Bah alors ? Pourquoi es ce que tu ne dis plus rien Vivianne ? Il prononce ces mots, une graine de rire comme coincée dans la gorge. Regarde-toi : t'est pitoyable comme ça. Il pouffe. Ça se voit que t'a pas l'habitude d'être draguée... en même temps tu ne fais vraiment pas d'efforts ! On le sait tous les deux que tu es amoureuse de moi... t'a vu la façon dont tu me dévisage?

Je suis mortifiée. Pourquoi me parle-t-il de ça ? Pourquoi es ce que j'ai envie de m'enfuir, loin de ce garçon que je n'arrive plus à trouver beau ?

-T'aurais pu être belle tu sais ? Mais moi, je t'accorde un cadeau Vivianne, la chance d'être appréciée par un mec. Enfin, pas par un intello boutonneux, je veux dire. Son regard emplis de pitié me toise, me plain et m'insulte tandis que je reste là, hébétée par tout ce que je viens d'entendre. Tu me fais de la peine, prude comme t'est... pas fichue de se laisser faire pour une fois. Tu veux prouver quoi en fait ? On a compris, il ne faut pas sous-estimer les filles ! La graine de rire a germé, a poussé, pour donner naissance à un hilarité presque incontrôlable. Mais, la vérités, c'est que vous êtes toutes pareilles, dès qu'il y a un mec, vous lui sautez dessus ! Alors essaye pas de me prouver le contraire, toi aussi t'est qu'une meuf écervelée prête à tout pour m'avoir pour toi toute seule.

Et sur ces mots, il tourne les talons, me laissant en plan, exposée aux regards interrogateurs.

Toi aussi t'est qu'une meuf écervelée...

Ces mots repassent en boucle dans mon crane, résonnent dans tout mon corps.

Je me lève, fébrile.

Et puis je cours.

Encore.

Cours Vivianne.

Plus vite.

Plus proche.

Toujours plus proche.

Oui, avance.

Crie son nom.

Regarde-le droit dans les yeux.

-Ne me sous-estime pas, Alexandre.

Attrape son épaule.

Contracte le poing, retiens tes larmes et continue, prends ton élan, jette-toi, ferme les yeux, approche ton visage du sien, provoque-le, oui, encore plus près de lui.

Allez,

fout lui une droite.

fout lui une droite.