ON VEUT TOUS VIVRE T1

Purée

Bzzzzz! Bzzzzzz!

en ligne-LILOU: VI TU DEVINERA JAMAIS CE QU'IL C PASSÉ ! Truc de dingue sérieux je vais faire une crise cardiaque help.

en ligne-VIVIANE: QUOI ?! Racooooooooooonnteuuhh !

en ligne-LILOU: Ok alors, en bref... tu vois le mec avec des cheveux blonds vénitiens et des MAGNIFIQUES (je tiens à insister sur ce point xD) yeux verts et une mâchoire CARRÉE (ça aussi c'est très TRÈS important). Bah en gros il m'a invité à faire une promenade près du lac du parc Pastré!!!!!

en ligne-VIVIANE: Oh wouah tu as du succès ma Lili xD Et c'est quoi son nom?

en ligne-LILOU: Alexandre! C'est pas trop CHOUPINOU comme nom ça?

en ligne-VIVIANE: Alex?!

en ligne-LILOU: Hein quoi?

hors ligne-VIVIANE.

Comment à-t-elle pu me faire ça?

***

Il était à peu près midi quand j'ai réalisé que mon crush de toujours flirtait avec une de mes meilleures amies. Depuis, je n'ai pas cessé de pleurer sur mon sort, affalée dans mon lit (alias mon habitat naturel depuis quelque jours). Mon monde vient de s'effondrer lamentablement, comme un château de sable auquel on aurait donné des coups de pelle, détruisant une population entière de mollusque et d'algue en phase de décomposition.

Purée.

Mais c'est dingue comme je l'aime ce gars. Pendant des années, je me suis nourrie d'espoirs vains et de scénarios avant de m'endormir avec toujours ce désir qu'il se passe la même chose le lendemain. Chaque regards qu'il m'adressait était pour moi le plus beau des cadeaux et se transformait pour moi en une véritable déclaration d'amour. Je me racontais des conneries et me mentais à moi-même, certaines que mes interprétations ne pouvaient qu'être vraies, de toute façon il n'avait pas le choix, c'était comme ça.

Des litres et des litres de larmes dans lesquelles je pourrais noyer Alex.

Je ne saurais décrie la profondeur de mes sentiments à son égard: je suppose qu'être amoureuse est un mot adapté bien que selon moi trop simple pour représenter le troupeau de papillons surexcités qui envahissent mon ventre à la vue d'Alexandre. Je dirais plus quelque chose comme un mélange des mots malade, amoureuse, chamallow, souffrance et imaginaire.

Cette brusque prise de conscience achève de me détruire: il ne ressentira jamais la même chose. Je le déteste. De toute façon, c'est compréhensible, Lilou est bien mieux que moi en tout point. Sa crinière de lion couleur ébène qui encadre son visage dans un nuage de boucle serrées la rends irrésistible. Son magnifique visage chocolat, ses lèvres cerises, sa voix caramel, ses yeux réglisse pourraient pulvériser le cœur de n'importe qui, y compris mon cher et tendre prince charmant imaginaire. Elle est solaire, joyeuse et irradie d'une aura indescriptible qui la rends unique. Simplicité. Voilà un mot pour la décrire. Elle ne se prend pas la tête mais reste à tomber, elle ne fait rien de particulier pour être drôle mais pourrait faire rire un croque-mort, elle a un talent naturel pour se lier avec les autres, bref, Lilou. Son rire fait naitre des étoiles et son sourire est le briquet du soleil.

Je lis lis et re-re-re-re-lis notre conversation, engluée dans mes draps de coton qui me font transpirer du dos et des aisselles. La détresse s'empare de moi et mes yeux se sentent de nouveau obligé d'arroser mes joues, comme si ce n'était pas assez. Mon estomac est retourné, mon cerveaux est sur off, mon regard dans le vide, et moi en entier, je souffre. Une douleur presque physique qui me fait délirer. Vivre dans le réel devient insoutenable, la douceur des secondes passées à écrire la vie de Cassie me manque mais je me retiens, je ne veux plus plonger dans cet état de transe qui me terrorise autant qu'il me fascine. Ce pouvoir colossal que je détiens entre mes mains, qui me permet de m'enfuir de la réalité quand bon me semble est bien trop puissant pour moi.

Ce monde te fait souffrir Viviane.

Ne. Pas. Céder.

Viens te réfugier dans mes bras protecteurs.

Bon, c'est la dernière fois.