Chapitre XVI 🌶🌶🌶

785 46 107
                                    

Marc

"Quand on est aimé, on ne doute de rien.

Quand on aime, on doute de tout."

Colette


C'est vraiment un mardi de merde, j'enchaîne les conneries, je suis d'une humeur de chien et je n'ai la tête à rien. Ça fait quatre jours que je gamberge, que je revis la journée de vendredi en boucle, à ressasser ses confidences. Maintenant que j'ai mis un visage sur ce nom, je n'arrête pas de l'imaginer avec lui et ça me rend dingue. Pas du fait qu'elle ait eu d'autres hommes dans sa vie, non, ce qui me rend malade, c'est à quel point elle s'est sacrifiée pour lui, à quel point elle a pu l'aimer. Je suis jaloux pour la toute première fois de mon existence et moi aussi, je veux qu'elle m'aime aussi fort que ça.

Je n'arrive pas à m'enlever l'image de sa main sur elle. J'ai essayé pourtant, en rentrant à l'appartement, je voulais la prendre si fort qu'elle en aurait oublié son nom, comme s'il n'avait jamais existé, mais elle avait d'autres projets. Elle a préféré dormir, certainement pour ne plus penser, pour oublier.

Mais oublier quoi ?

Ce qu'il a fait ?

Ce qu'elle ressentait pour lui ?

Lui ?

Moi ?

Sur le moment, j'ai compris et accepté sa réaction, mais dans la nuit, j'ai vrillé, une bouffée de haine m'a envahi, je m'en voulais de ne pas lui avoir cassé la gueule et je lui en voulais à elle de s'être laissé faire toutes ces années.

Plus je la regardais dormir et plus, je devenais paranoïaque.

Est-elle réellement amoureuse de moi ou tient-elle à moi pour ce que moi, je ressens à son égard ?

Est-elle avec moi parce qu'elle m'a choisi ou parce qu'il ne la choisira jamais ?

Aime-t-elle que je sois brutal et grossier par choix ou pour revivre par procuration les années de souffrance qu'elle a eu avec lui ?

Jamais je n'avais ressenti ce sentiment de doute et je déteste ça. Ne pas savoir ce qu'elle ressent exactement, avoir l'impression de n'être qu'un lot de consolation, je commence à comprendre ce qu'elle a pu vivre pendant toutes ces années et je me demande si elle a véritablement réussi à tourner la page.

Quand elle s'est levée, le samedi matin, je n'ai pas réussi à la regarder. J'étais déjà debout, habillé et j'avais réuni mes affaires. J'ai préféré partir, m'enfuir, plutôt que de dire des mots qui auraient pu dépasser mes pensées et foutre en l'air ce qu'elle et moi avions réussi à construire.

J'ai prétexté un problème familial urgent, je devais m'absenter plusieurs jours et depuis samedi, je crèche chez Ben. Il n'était pas là les premiers soirs, mais depuis qu'il est rentré, je ne lui ai donné aucune explication, on évite simplement d'en parler et on ne déjeune plus en bas de chez moi. Ce midi, on mange sur le chantier, il ne reste que la haie à finir de tailler et on aura terminé notre journée.

— Marc, t'es lourd, t'as une tête de dépressif et c'est quoi ce problème de tante malade en Italie ?

— Ce n'est rien, t'inquiète.

— Bien sûr que je m'inquiète, tu es chez moi depuis samedi. C'est quoi l'embrouille avec Bruna ? Vous vous êtes séparés ?

— Jamais de la vie, tu es fou.

— Alors quoi ? Dis-moi, tu me rends gaga.

— J'arrive plus à lui parler, la toucher, je ne peux même pas la regarder.

Avec des Si - Tome 1 : MarcOù les histoires vivent. Découvrez maintenant