11. Carla Donka

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Après quelques minutes de marche à travers les feuillages, les trois aventuriers arrivent au bord d'un ravin.

Le vent souffle dans leurs cheveux, et sous leur pied, on entend le bruit de l'eau qui se fracasse contre les paroies rocheuse.

L'étrange maison en face d'eux est envahie par la végétation et posée sur une plateforme entourée de vide.  Pour y pénétrer, il n'y a pas d'autre choix que de passer sur le tronc d'arbre servant de pont entre la plateforme et le bord du ravin.

Avec un peu d'appréhension, Lorio passe en premier. Être suspendu à plusieurs dizaines de mètres au-dessus du vide sans sécurité n'a rien de rassurant, mais il arrive de l'autre côté sain et sauf.

Zania ne tarde pas à le rejoindre, le sourire au lèvres et les yeux grand ouverts. Elle marche sur le tronc comme s'il n'y avait aucun danger. Pendant une seconde, elle perd l'équilibre et se rattrape en rigolant nerveusement.

Il ne reste plus que Talis, qui déglutit lorsqu'il regarde en bas. Une chute de cette hauteur serait fatale. Mais depuis le moment où il a affronté sa peur pour venir en aide à ses deux amis, il est confiant. S'il a réussi une fois, alors il peut le refaire.

Sur ses pensées, il marche prudemment sur l'arbre jusqu'à arriver de l'autre côté.

À nouveau réunis, les trois compagnons toquent à la porte en bois massif.

Il a fallu frapper une deuxième fois pour qu'une voix forte et irritée leur réponde.

— Aah, vous allez me laisser tranquille à la fin ? Si vous ne voulez pas que je vous transforme en crapaud baveux dégagez !

Sans grande surprise, Zania répond du tac au tac. Personne n'a eu le temps de l'arrêter.

— Viens nous le dire en face ! On a vraiment galéré pour venir jusqu'ici, alors fais nous entrer au moins !

— Mais c'est qu'elle n'a aucun respect pour les aînées la petite ! Tu sais à qui tu parles au moins ? Attends une minute je vais t'apprendre les bonnes manières !

Et quelques secondes plus tard, la porte s'ouvre, laissant appercevoir une grande dame à la peau mat et aux long cheveux bouclés bruns. Son visage est à peine ridé et sa silhouette est remarquablement pulpeuse. Vêtue d'une robe bordeaux, elle dévisage d'un air sévère les trois individus qui ont osés la déranger. Ses yeux s'arrêtent sur celle aux cheveux rouges. Avant même d'ouvrir la bouche, elle lui tire une oreille.

La pauvre Zania est prise au dépourvue. Son oreille chauffe. Il vire même au rouge, les larmes coulent, la douleur est réelle.

— Aïe aïe aïe ! Ça fait mal, c'est bon j'ai compris la leçon ! Les gars aidez-moi !

Les yeux marrons foncés de la dame les dissuade rapidement de tenter quoi que ce soit.

Elle finit tout de même par lâcher prise.

— C'est bien, vous avez compris qu'il ne faut pas rigoler avec Carla Donka. Je suis la sorcière de cette forêt maudite et vous avez intérêt à ne pas m'énerver. Pour commencer, comment avez-vous fait pour venir jusqu'ici, mon bébé Rajin aurait dû vous en empêcher. J'espère pour vous qu'il ne lui est rien arrivé.

Zania frotte délicatement son oreille encore en feu. La frustration se lit toujours dans sa voix quand elle prend la parole.

— Le seul problème qu'on a rencontré, c'est le troll. Mais ça m'étonnerait que ce soit le bébé dont vous parlez.

Voyant que la sorcière demeure impassible, Zania lève un sourcil.

— Attendez une minute, vous êtes en train de nous dire que le géant vert est votre enfant ?!

— C'est exact. En vérité, il est haut comme trois pommes, mais avec un peu de magie on peut faire des miracles.

Talis fait un pas en avant avec un regard mélangeant détermination et crainte.

— Rajin va bien, je crois. Par contre, j'ai besoin de votre aide. Ma sœur a été empoisonnée dans cette forêt et vous êtes la seule à pouvoir la sauver.

Carla fronce des sourcils.

— Qu'est ce que tu veux que je te dise ? Il ne faut pas traîner dans des endroits dangereux. Et puis je suis sûr que l'herboriste de votre village doit avoir un antidote.

Elle s'apprête à refermer la porte, mais Talis l'en empêche.

— On a déjà tout essayé, s'il vous plaît ! Je suis prêt à échanger ma vie pour avoir votre remède.

— Imbécile ! La vie est bien trop précieuse pour l'échanger comme ça. Si tu tiens à protéger ceux que tu aimes, tu dois être à leurs côtés. Ah vous m'énervez, tous autant que vous êtes.

Elle fait apparaître une petite feuille de parchemin de son décolleté. Le bout de papier se met à flotter devant elle. Petit à petit des instructions apparaissent dessus.

Puis il s'envole pour atterrir devant Lorio et le reste du groupe.

— Débrouillez-vous avec ça. Et une dernière chose, si vous croisez mon petit Rajin, dîtes-lui que maman lui fait de gros bisous. Et maintenant hors de ma vue !

La porte se referme sur leur nez pendant que Talis récupère le morceau de papier.

— Ce sont des ingrédients et des instructions à suivre dit-il.

Lorio prend le papier qu'on lui tend. Il y jette un coup d'oeil et puis se retourne vers ses deux amis d'un air résigné.

— On sait ce qu'on doit faire maintenant, c'est déjà ça.

— Normalement on devrait trouver tout ce qu'il faut dans cette forêt, mais il va falloir chercher un peu, répond le garçon à la coupe au bol.

Celle au cheveux enflammé fait un pouce en l'air en clignant un œil.

— Alors, c'est parti ! On va rassembler tous ses ingrédients en un rien de temps et tout sera réglé !

Hélas le temps passe et ils continuent de chercher diverses plantes sous les directives de Talis.

La cueillette est laborieuse, ils avancent certe, mais à quel rythme ?

D'un seul coup une épaisse fumée d'orée s'échappe à travers les arbres.

En quelques secondes le groupe se retrouve submergé. Ils ne voient plus rien. Des ombres sortent de la fumée, prenant alors des formes humanoïdes à mesure qu'elles se rapprochent.

Enfin, la fumée se dissipe et à la place se trouve un groupe d'individus aux accoutrement identiques.

Lumen Fortuna - Destin IncertainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant