Lumen Fortuna - Destin Incertain

17. Faire Demi-tour

— Avant de partir, on devrait se procurer quelques affaires au marché. Propose Talis.

— Bonne idée ! Par contre on a plus d'argent. Annonce Zania timidement.

Alors Talis sort une bourse.

— J'ai réservé quelques économies.

Lorio refuse tout de même de dépenser cet argent, sous prétexte qu'il a déjà tout ce dont il a besoin. Zania, au contraire, accepte l'offre de Talis avec des étoiles dans les yeux.

C'est comme ça que Talis et elle se retrouvent à faire des courses dans le marché de la ville.

Lorio les attend en allant s'asseoir sur un banc, en essayant de ne pas accordé d'importance au cauchemar de ce matin.

Au bout d'environ une petite demie-heure, ils sont de retour. Zania montre ses nouveaux gants "magique" d'occasion. D'après le vendeur, ils seraient "capable de générer des flammes".

Talis quant à lui s'est procuré un lance-pierre et une besace en cuir.

— Alors vous êtes prêt à y aller ? demande Lorio.

Les deux répondent par l'affirmatif. L'instant suivant, ils ont quittés Beautercaux.

L'attroupement à l'entrée avaient disparus, ce qui leur avait facilité le passage.

Zania se place alors devant le reste du groupe.

— Maintenant qu'on est armé jusqu'au dent, qu'est-ce qu'on fait ?

— Une chose est sûre, il va falloir rassembler toutes les pierres de pouvoirs, et ensuite aller dans les souterrains de Beautercaux.

Lorio s'arrête et plaque sa main sur son front, comme s'il s'était rappeler d'une gaffe.

— On aurait dû explorer ces souterrains quand on en avait encore l'occasion.

Zania balaye d'un revers de main sa remarque.

— Ne t'en fait pas, ce n'est pas si grave, on y jettera un coup d'œil à notre retour.

Puis elle reprend la marche avant de poursuivre.

— Mais si tu tiens absolument à aller visiter rien ne nous empêche de faire demi-tour tu sais.

— T'a raison, on a tout intérêt à retrouver ces fameuses pierres au plus vite.

Lorio sort la boussole. Les trois aiguilles indiquent des directions différentes.

Face à tous ces choix, il prend la première couleur qui lui vient en tête.

— On peut commencer par trouver la pierre de pouvoir bleu, ça vous va ?

Tout le monde accepte cette proposition.

— Parfait dans ce cas, c'est partit on va vers le nord !

Après avoir marché pendant un long moment, peut-être quatre ou cinq heures, ils aperçoivent au loin de grands sapins.

Au fur et à mesure qu'ils avancent dans la direction indiquée par l'aiguille bleu,
les trois s'enfoncent dans un paysage de plus en plus terne et glacial. Il neige, les flocons tombent sur les feuilles gelées par terre.

Face à cette fraîcheur, le groupe se met à claquer des dents et à se frotter les bras rigoureusement. Leur nez prennent une teinte rouge, l'un d'entre eux manque de glisser à cause d'une plaque de verglas.

C'est à ce moment-là que Lorio regrette de ne pas avoir suivi Talis et Zania tout à l'heure.

— Mais c'est qu'il fait drôlement frais par ici ! Heureusement que je me suis procuré ces super gants !

Pour confirmer ses propos, Zania tente en vain de générer des flammes. Elle finit par laisser tomber.

En ce qui concerne Talis, il commence à montrer des signes de fatigue croissante, ses joues rosées s'effaçant pour laisser place à une pâleur inquiétante. Ses yeux émeraudes s'assombrissent peu à peu, trahissant une lourdeur qui s'installe en lui. Frissonnant malgré les couches de vêtements, il semble peiné à lutter contre ce froid qui l'envahit progressivement. Sa voix enjouée se mue en un murmure, et ses interrogations laissent place à des toussotements légers, témoignant le besoins d'un peu de repos.

Pourtant, il fait mine que tout va bien.

Enfin, après avoir quitté la zone dans laquelle s'étendait de nombreux sapins,
ils font face à une pancarte sur laquelle est écrit : 

Tergaron

Contrairement à Beautercaux, aucun rempart n'entoure le territoire. Personne n'intercepte les aventuriers lorsqu'ils entrent dans la ville, cependant les échanges de regards avec les habitants laisse penser qu'il ne sont peut-être pas les bienvenus.

Lumina aussi ne peut s'empêcher de lire la méfiance dans les yeux des habitants.
Elle en fait part à son maître avant que ce dernier ne dirige son attention sur la boussole.

L'aiguille bleu qui depuis leur départ de Beautercaux c'est mise à briller de plus en plus fort, pointe en direction d'un château bâti sur une colline.

Il s'adresse à ses deux coéquipiers.

— Vous voyez le château sur la colline là-bas ? La pierre doit certainement s'y trouver.

Quand il se retourne, il remarque que l'épuisement a eu raison d'eux. Zania avance à moitié endormie.

Mais le plus inquiétant est Talis. Sans prévenir, il s'écroule au sol.

Zania sort instantanément de sa torpeur pour demander de l'aide. À leur grand désarroi personne ne réagit. Les gens ne font que regarder.

Alors que tout semble perdu, un vieux monsieur à lunette vient à leur secours. Il s'assure que l'enfant ne soit pas blessé.

— Le petit s'est évanoui, probablement à cause de la fatigue. Avec un peu de repos, et un bon plat chaud il devrait s'en remettre.

— Merci monsieur, je ne sais pas ce qu'on aurait fait sans vous, lui dit Zania en essayant une larme.

— Je vous recommande de le ramener à l'intérieur avant qu'il ne fasse une hypothermie.

Un certain temps c'est écoulé quand Talis bondit d'un lit, comme s'il sortait d'un cauchemar. Sa tête tourne jusqu'à ce qu'il retrouve ses esprits.

La dernière chose dont il se souvient est le coup de barre qu'il a ressenti une fois arrivé à Tergaron. Il se lève tout en observant la pièce.

Par la fenêtre on voit les grands sapins et le ciel toujours aussi gris.

Talis prend ensuite ses affaires, qui ont soigneusement été posées sur la table de chevet. Puis il quitte cet endroit pour aller à la recherche de ses compagnons.

De nombreuses portes identiques sont visibles de chaque côté du couloir; et au fond, se trouvent des escaliers qui mènent probablement à l'étage inférieur. Sans perdre plus de temps, il descend les marches pour se trouver dans une grande pièce de restauration.

Les clients mangent sans discuter. C'est si silencieux qu'on pourrait entendre les mouches voler, ce qui ne manque pas d'interpeller Talis.

Personne ne dit un mot, cependant certains portent leur attention sur ce qu'il se passe près de l'entrée.

Intrigué, Talis se retourne dans cette direction, et réalise qu'ils dévisagent Zania et Lorio, qui sont eux-même en pleine discussion avec l'aubergiste.

Il s'empresse de les rejoindre.

En le voyant arriver, l'angoisse qui se lisait sur leurs visages disparaît.