Lumen Fortuna - Destin Incertain

27. Situation Chaotique

Sans l'intervention de ses deux compères, Lorio aurait bien eu du mal à déplacer les malheureux ex-condamnés.

De sa voix cassée, l'un d'entre eux s'adresse à leurs sauveurs. Une lueur d'espoir s'est rallumée dans ses yeux rétrécis par les années d'isolement.

— Merci infiniment de nous être venu en aide. 

Son discours est rapidement interrompu par une toux sèche. Le manque d'hydratation doit certainement y être pour quelque chose.

— Il faut que vous arrêtiez le seigneur Francis Otto dans sa folie. À ce rythme il va mener notre belle ville à sa perte ! 

— On va faire notre possible pour arranger la situation.

Pendant qu'Habram tient ses propos, il regarde de plus prêt le visage du prisonnier avec qui il converse.

À mesure qu'il l'observe, il croit reconnaître un visage familier.

Oui ! C'est celui l'un des citadins qui avait participé à la révolution. Les années d'enfermement l'ont rendu méconnaissable. Cette personne était sacrément musclée et sa démarche suffisait à rassurer ceux sous son commandement. Il semble que ce temps soit passé. Habram frissonne lorsqu'il réalise que lui aussi aurait pû finir dans cette état.

Quand sa quinte de toux est passée, l'ex-prisonnier reprend.

— Vous ne devriez vraiment pas rester ici trop longtemps... Il y a encore de nombreuses personnes en captivité à l'heure où je vous parle. Et le garde personnel du seigneur pourrait revenir d'un instant à l'autre... Croyez-moi, Baril n'est vraiment pas quelqu'un à prendre à la légère.

— Justement, tu peux nous en dire plus à son sujet ? demande Lorio.

— Oui, il se bat avec une énorme épée à deux mains. Malgré sa carrure il est rapide. Quand j'ai voulue me mesurer à lui, il m'a mis une sacrée raclée. J'espère que vous ne croiserez pas sa route.

— J'ai une autre question, où est-ce qu'on peut trouver le seigneur Francis Otto ?

Cette fois, c'est Habram qui lui répond.

— Il est probablement dans sa logis seugneurial. Pour y aller, on doit quitter cette tour, traverser la cour et entrer dans le donjon.

— Parfait ! Je sais ce qu'il me reste à faire alors. Talis attrape !

 Lorio balance les clés puis oriente son torse vers la sortie.

— Si je soumets le seigneur, poursuit-il, les gardes ne nous poseront plus de problème pas vrai ? Pendant que je lui règle son compte, libérez le plus de personne que possible !

—  Attends, tu comptes y aller tout seule ?! C'est insensé le seigneur Francis Otto ne fera qu'une bouchée de toi !

L'expression sur le visage d'Habram traduit une grande peur. 

Malgrés tout, Lorio ne trouve rien de mieux à faire que sourire. Ce geste, lui donne courage de faire face à cette situation chaotique.

— Vous nous avez apris la persévérance. Et maintenant c'est l'heure de mettre notre enseignement à l'épreuve. Je m'en sortirais quoi qu'il arrive !

Habram tente de le raisonner, mais trop tard. Lorio est déjà partie.

Alors Talis et lui continuent de libérer un maximum de prisonniers. La tâche est laborieuse, mais grâce à leur détermination ils ouvrent toutes les cellules de l'étage. Les anciens captifs manifestent leur reconnaissance avec peine.

— Gardez vos forces pour sortir d'ici.

— Merci à vous deux. Nous vous en sommes reconnaissant, dit l'un d'entre eux.

Talis se réjouit de voir le soulagement de ces ex-prisionniers. Quand il pense à ceux qui retrouveront leur famille, il se dit que risquer sa vie pour y parvenir est la bonne chose à faire, même si à la base il était parti à l'aventure en quête de nouvelles connaissances. 

Malgré toutes ses réflexions réconfortantes, l'idée de croiser Baril pèse de plus en plus dans son esprit. Comment est-ce qu'ils vont faire s'il devait lui faire face ? Il ne sait pas se battre. Avec son petit corps, il allait se faire massacrer, il ne ferait pas le poid.

Habram semble lire dans ces pensées. Il tente de lui offrir des mots rassurants.

— Avec la nouvelle technique que tu as appris, tu pourras te débrouiller crois-moi.

Puis d'un coup on entend un bruit métallique.

— Regardez-moi ce bazard... on doit vraiment tout faire soi-même.

La situation que Talis craignait le plus est maintenant devenue réalité : Derrière ce voile d'obscurité, l'ombre d'un grand corps se dessines près des marches.

— C'est vous les responsables n'est-ce pas, demande Baril calmement après s'être présenter devant les escalaliers. 

Une épée géante incrusté d'une tête de dragon en métal lui sert d'appuie. L'air devient encore plus lourdes, une pression désagréable fait trembler toutes celles et ceux qui se trouvent trop près de lui.

— Restes derrière moi Talis, je vais te protéger, lui murmure Habram.

— Je ne me répèterais pas une troisième fois. Qui a est le responssable ?

Alors Habram fait face à Baril tendant ses bras en arrière comme pour faire une barrière.

— C'est moi et moi seul qui a orchestré cette opération.

— D'accord, dans ce cas, prépares-toi à subir les conséquences de tes actes. Et ne vas pas croire que je vais me montrer indulgent parce que tu es âgé.

— Je t'attends, viens te battre !

Baril fait craquer ses poing, puis son cou. Et il fonce sur Habram.

— Vas-y mon garçon, il y a une autre sortie à l'autre bout du couloir. Je vais le retenir, aide les habitants à s'enfuir, sauve Tergaron !

Ce sont les dernières paroles que Talis entend d'Habram avant que ce dernier bondissent habilement en avant.

Alors Talis et les autres habitants quittent tant bien que mal cette tours maudites. Maintenant que tout le monde semble hors de danger, Talis fait demi-tours.

— Allez-y fuyez aussi loins que vous pouvez. Je vais dois venir en aide à maître Habram.

Au même moment, Lorio traverse la cour, surpris de ne voir aucun garde sur son chemin.

— Il n'y a vraiment personne, c'est étrange.

"C'est peut-être un piège qui sait, lui répond Lumina. Mais on ne peut plus faire marche arrière."

— Tu me prêteras ton aide ?

"Bien entendu, fesons de notre mieux pour sauver tout le monde !"

Et avant qu'il ne s'en rende compte, Lorio se retrouve au pied du donjon.

Ça y est, il va enfin mettre fin à la tyrannie de Francis Otto et accéssoirement récupérer la première pierre de pouvoir.

Deux majestieuses porte en or lui bloque le passage vers sa cible. Pourtant il n'a aucune peine à les ouvrir.

Lorio entre donc dans la prestigieuse demeure du seigneur. Un froid terrible envahie chaque particule de son corps.  Alors que la buée se forme à chaque expiration, Lorio observe l'intérieur de l'immense pièce. On se croirait vraiment dans un somptueux palais.

Sous ses pieds, le tapis rouge mène jusqu'aux trône, là où tout va se jouer.