13. Mauvais Pressentiment

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Zania soulève Rajin sans difficulté. Difficile de croire que le petit bonhomme vert aux dents crochus était, il y a encore peu de temps, un colosse dépassant les trois mètres de haut !

Mais ce dernier se dégage de son emprise.

— Ne me touche pas, étrangère !

Il fait quelques pas avant de se tordre de douleur par terre. Le garrot qui jusque là stoppait l'hémorragie vient de prendre une couleur écarlate.

Face à ce triste spectacle, Zania s'accroupie à côté de lui.

— Écoutes, on a pas été super sympa avec toi, désolé, mais on avait une urgence à régler avec la sorcière.

— Dame Donka est comme une mère pour moi et depuis peu de temps des gens l'embêtent, alors je fais mon possible pour l'aider.

— Tu tiens beaucoup à elle, c'est touchant. Mais peut-être qu'il y a d'autres moyen de le montrer, tu ne penses pas ?

— Non, seule la violence peut arranger la situation.

— Si tu le dis, ça ne sert à rien d'insister... Par contre, j'aimerais bien savoir comment est-ce que tu as finis dans cet état.

Rajin accepte un peu à contre-cœur la main qu'on lui tend. Dès lors, Zania le met sur son dos puis avance en direction de la résidence isolée.

Pendant qu'ils s'en approchent, Rajin raconte qu'il a croisé des personnes habillées en violet et gris. Ces gens se disaient être les "glaives de Saphir".

Malgré ces avertissements, les intrus ont insistés et ils en sont venus au mains.

Au cours du combat on l'a frappé dans son dos et il a repris son état normal. Puis un gars portant un chapeau bizarre a lancé un couteau étrange qui s'est enfoncé dans sa jambe.

Et il s'est évanoui.

Lorsque Rajin raconte cette histoire, son petit corps tremble.

— Je vous en supplie, dépêchons-nous avant qu'il ne soit trop tard ! implore-t'il d'une voix faible.

— Mon ami Lorio est sur le coup, ne t'en fais pas. Tout va s'arranger, lui répond Zania.

En parlant de Lorio, il bondit par dessus les buissons de ronces tout en évitant les branches qui lui bloquent le passage. Il se retrouve au bord du ravin en un claquement de doigt puis prend de l'élan et se jette au-dessus du vide. L'adrénaline lui fait oublier la peur. C'est comme-ci il s'était mit à voler, jusqu'à ce que la gravité le ramène à la réalité.

De justesse, il se réceptionne au bord de la plateforme et reprend sa course.

Quelques secondes plus tard, le voici devant l'entrée, ou du moins ce qu'il en reste.

Ses yeux s'écarquillent en voyant le trous béant à la place de la porte.

"Qu'est ce qui a bien pu se passé ?" se demande t-il pendant qu'il s'invite à l'intérieur.

Le décors qui se présente à lui renforce son inquiétude. Par terre, se trouvent des pots cassés, des vases brisées, des tessons de verre éparpillés dans tous les sens. Rien n'a été épargné.

En parallèle,  on entend du bruit; le genre de bruit qu'on fait lorsque qu'on cherche quelque chose dans la précipitation.

"Maître, j'ai un mauvais pressentiment, partons d'ici."

Lorio sursaute en entendant la voix de Lumina.

"Tu m'as fait peur ! Écoutes Lumina, on ne peut pas abandonner maintenant."

"La dernière fois vous avez failli vous évanouir ! Et maintenant personne ne sera là pour vous aider."

"C'est vrai, je me suis un peu emporté tout à l'heure contre Rajin... mais il fallait bien faire quelque chose tu comprends ?"

"Ce n'était peut-être pas une bonne idée de vous parlez du Fortuna."

"Lumina, fais-moi confiance, ensemble on s'en sortira."

Après un silence assez long, elle fini par répondre :

"Très bien maître, mais faites-mois la promesse de ne pas vous mettre inutilement en danger."

"Je te le promet."

"Très bien. Il reste une dernière chose à essayer pour régler le problème. La synchronisation."

"Qu'est-ce que c'est ?"

"Vous n'allez pas tarder à le découvrir. Pour l'instant, faîtes comme-ci vous vouliez faire apparaître l'épée. Mais pour que la synchronisation fonctionne, nous devons respirer au même rythme."

Lorio s'exécute, puis au bout d'un moment la main portant la marque blanche se met à briller et un flot d'énergie lumineux le parcours de nouveau. Mais contrairement aux autres fois, il sent ses facultés augmenter jusqu'au point où il a l'impression de percevoir une fraction de seconde du futur.

Mais il retrouve rapidement son état normal.

"Il vaut mieux préserver nos forces pour les vrais combats" lui dit Lumina.

Alors Lorio continue de s'enfoncer dans cet endroit sans dessus-sous, en essayant de se faire le plus discret possible afin de surprendre les responsables de tout ce bazar. Il retient sa respiration pendant qu'il avance doucement sur la pointe des pieds.

D'un coup les bruits s'arrêtent. Lorio se fige, il est parcouru d'une sueur froide. Mais si ça se trouve, il n'a pas encore été repéré.

— Eh, ça ne sert à rien de se cacher, allez montres-toi !

Cette fois il n'y a pas de doute, il a bien été repéré. Mais comment c'est possible ? Il était pourtant si bien caché. Ne voyant pas quoi faire d'autre, Lorio se pointe dans la pièce là d'où provenait la voix : la pièce principale.

En face de lui, trois individus le regardent. Ces personnes portent des vêtement gris et violet, la signature du groupe de Zalaph. Tout à l'heure, leurs visages étaient dissimulés sous la fumée d'orée, cette fois il peut clairement les distinguer.

La première des trois personnes que Lorio remarque est le jeune adulte élancé. Il a une moustache, une barbichette et ses cheveux châtains s'arrêtent à son cou. Sous son chapeau à bec, il présente un regard mesquin.

Ensuite, il y a deux fille identiques. Ce sont des copies conforme, à la différence que là où une possède la moitié gauche de ses cheveux en blanc, l'autre possède la même particularité mais à droite. L'une a le signe plus sur sa joue droite et l'autre a un signe moins sur la joue gauche.

Alors que les jumelles continuent de dévisager Lorio, le jeune adulte s'avance en faisant de grands gestes de la main.

— On c'est déjà croisé, mais nous n'avons pas eu la chance de se présenter comme il se devait. Je suis Robin, voici June et July.

Lorio fronce les sourcils.

— Mais qu'est-ce qu'il se passe ici ?! Et où est la sorcière ?

Robin plisse les yeux, visiblement offensé par la manière dont son interlocuteur lui adresse la parole.

— On a pas de compte à te rendre. Sache juste que ce qu'on fait est pour le bien de l'humanité. À mon tour de poser une question. Tu n'aurais pas vu une boussole un peu étrange par hasard ?

Lumen Fortuna - Destin IncertainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant