26. Vulgaires Déchets

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La gorge de Zania se serre lorsqu'elle fait face à Mel. Le combat semble inévitable. Alors qu'une confrontation sans merci s'anonce dans le rues de Tergaron, un autre chevalier pose de grosses chaînes autour des poignets de Talis. Leurs poids l'oblige à faire un effort pour lever les bras.

Avec Lorio et Habram, ils forment une chenille. Dans ses circonstances, impossible de s'échapper.

— J'espère que Zania s'en est sorti, dit le garçon en liant difficilement ses deux mains.

Lorio se redresse comme si de rien n'était, ignorant le poids autour des ses poignets. Il plonge un regard remplis de détermination en direction de Talis.

— Fais-moi confiance, Zania est pleine de ressource. Si j'en suis arrivé jusqu'ici c'est en grande partie grâce à elle. Elle s'en sortira il n'y a aucun doute. Et nous aussi tu verr-

Mais il est brutalement projeté en avant par le coup que Baril a donné sur ses chaînes.

— Silence, ne rendez pas votre situation plus grave qu'elle ne l'est déjà.

D'un autre geste de la main, le colosse en armure exerce une nouvelle pression sur les chaînes, ce qui contraint les prisoniers à avancer.

Alors que les appréhendés quittent la résidence, l'homme au tatouage égnigmatique et aux yeux écarlate montre toutes ses dents en or en s'adressant à Habram.

— Ton petit chien semblait avoir apprécier la compagnie de mes précieux loups. Dommage, tu ne seras pas là pour les voir s'amuser une fois de plus avec lui. Eh eh eh !

— C'est à cause de toi qu'il a eu toute ces blessures ?! S'il lui arrive quoi que ce soit, tu vas le payer de ta vie c'est compris ?!

C'est la première fois qu'Habram se montrait hors de lui. Son regards refroidi aussitôt l'homme aux yeux croimoisie. Mais malgrés le coup de pression, il reprend rapidement sa contenance.

— Il faudrait déjà que tu sortes de prison pour commencer. Tu n'aurais pas dû fourrer ton nez dans nos affaires veil homme. Mais ne t'en fais pas, tout ça sera bientôt terminé, Eh eh eh !

Après ça, le mystérieux personnage disparaît dans la pénombre.

Quelque temps plus tard, Baril est ses captifs arrivent devant le château fort. Sur le chemin vers la colline, bien peu de personnes les ont croisés, cependant aucun d'entre eux n'a osé faire de remarque. Pourtant une certaine inquiétude marquait les traits de leurs visages fatigés.

Une fois à l'intérieur d'une tour éloignée du reste de la forteresse, ils pénètrent dans un couloir sombre et étroit, éclairé par de rares torches accrochées aux murs de pierre brute. L'air est lourd et imprégné d'une légère odeur de moisi. C'est devant les cellules de prison vides aux portes rouillées et aux barreaux tordus qu'ils s'arrêtent. 

Baril et un autre garde gringalet qui s'était assoupi les jettent comme de vulgaires déchets. Les pauvres se fracassent sur les murs, personne n'est épargné. Des trois prisionniers, c'est Habram qui manifeste le plus son mécontentement.

— Aïe doucement quand même; Ce n'est pas une façon de traiter ses aînées ! De mon temps il y avait plus de respect.

Il devra se contenter du silence en guise de réponse.

Lorio et lui sont enfermé dans la même pièce tandis que Talis est emprisoné dans la cellule d'en face.

Baril les regarde une dernière fois.

— Le seigneur vous révèlera votre sentance demain à l'aube. Mais au vu de la gravité de votre crime, je ne donne pas cher de votre peau.

Puis il s'en va, laissant l'autre garde le soins de veiller sur eux.

Soudainement, Talis attrape les barreaux, tremblant de tout son corps. Il semblait tenir le coup, mais son masque stoïc s'était brisée.

— Dans quelques heures, ce sera vraiment la fin ?! Je ne veux pas mourir ! 

Le garde chétif frappe sur les barreaux de la cellule de l'enfant avec un bâton en métal. Le bruit produit est insupportable.

— Ferme-là gamin; Fallait pas jouer au justicié, tu ne peux t'en prendre qu'à toi même.

Le garde se monttrait aussi froid que les barreaux des cellules.

C'est à ce moment qu'une idée traverse l'esprit de Lorio. Après un certains temps, il se lève.

— Yo le gardien de prison, j'ai faim, c'est quand qu'on mange ?

Le garde grogne, visiblement de mauvaise humeur.

— T'as cru que c'était une auberge ou un restaurant ici ? Tu ne vas rien manger du tout ! Maintenant tais-toi.

— D'accord, mais tu trouves pas qu'il fait vachement frais ici ? Un petit feux ne serait de refus.

— Mais tu vas te taire à la fin ?! Et je ne te permets pas de me tutoyer.

— Si tu veux... mais juste avant, il faut bien que quelqu'un le dise. Cet endroit a besoin d'une nouvelle décoration. Les murs de pierres c'est passé de mode.

— Ça y est, j'ai été assez patient avec toi ! Je vais t'apprendre à me manquer de respect, fauteur de trouble insolent !

Hors de lui le garde prend son bâton en métal, ouvre la cellule, prend le temps de la refermer, et charge sur Lorio.

— Prends toi ça,  criminel !

Il lève la main pour abattre son arme sur Lorio, mais ce dernier esquive sans difficulté. Il arrive même à lui faire un croche-pied. Le garde tombe la tête la première. Il ne se relève pas.

— Debout ! Le combat ne fait que commencer.

Son adverssaire ne bouge pas d'un pouce.

— J'espère que je ne l'ai pas tué quand même...

— Soit rassuré mon grand, tu l'as juste assomé lui répond son colloquataire de cellule avant de se rapprocher du garde pour lui poser deux doigts sur sa nuque. 

— Je confirme. D'ici quelques minutes il reprendra connaissance, ajoute-il on caressant pensivement sa barbe blanche.

— Si on ne se dépêche pas, ce sera vraiment la catastrophe.

Donc Lorio le fouille et met rapidement la main sur le trousseau du geôlier. Il tente plusieurs clés avant de trouver celle qui correspond à la serrure de sa cellule.

Un claquement métallique se fait entendre quand l'une dans elles tourne dans la serrure. La porte s'ouvre à nouveaux.

— À ton tour Talis, je vais te sortir de là !

Il le fait, et avec l'équipe presque au complet, ils prennent les escaliers en pierre pour quitter le sous-sol.

Dans la précipitation, ils montent à l'étage supérieur, contraints d'exploré l'environnement sur la pointe des pieds.

Toutes les précautions sont prises pour ne pas se faire repérer. Aucun surveillant ne semble occuper cette grande pièce sombre et humide.

En revanche, l'odeur de sueur traduit malgré tout de même la présence de vie. Et les lamentations à déchirer le cœur qui se reflète dans toute la salle confirment qu'il s'agit d'être humain.

Alors que Lorio, Habram et Talis s'enfoncent toujours plus dans l'obscurité, ils passent devant d'autres cellules identiques à celles dans lesquelles ils séjournaient il n'y a pas si longtemps encore.

Mais contrairement à eux, les prisonniers qui y sont enfermés n'ont pas réussi à s'y échapper.
Les trois fugitifs sont confrontés à une vision qui leur glace le sang :

Derrière ces barreaux, se trouvent des personnes décharnées. On pourrait sans peine les confondre avec des squelettes. L'un d'entre eux tend une main désséchée entre les barres.

— S'il vous plaît... aidez-nous.

— Oui, ne vous inquiétez pas, c'est terminé, lui répond calmement Lorio.

Puis il sort le trousseau de clé pour ouvrir la serrure. Quand la porte s'ouvre enfin, les malheureux n'ont même plus la force de marcher. 

Mais parviendront-ils à libérer tout le monde avant que des gardes interviennent  ?

Lumen Fortuna - Destin Incertain Où les histoires vivent. Découvrez maintenant