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- Salut toi.
La sensation des bisous mouillés le long de ma colonne vertébrale m'arracha un frisson de dégout. Je détestais par-dessus tout qu'on me réveille, et encore plus de cette manière, ce qui me rappelait que j'avais une nouvelle fois cédé. Mais ça elle ne le savait pas, et elle ne le saurait jamais car je ne le reverrai surement pas. Je ne me souvenais même pas de son prénom.
- Tu devrais répondre, ça insiste franchement, me dit-elle toujours en embrassant ma peau dénudée.
Je ne me tournai même pas vers elle pour la remercier de sa délicate attention, et j'attrapai mon téléphone portable qui gisait au sol, sous mon jean en boulle devant la table de chevet.
- Oui ?
- Will, t'es où ? On t'attend pour le déjeuner.
- Merde j'ai complètement zappé.
- C'est tous les dimanches, s'excéda mon ami
- J'ai oublié de mettre le réveil.
- Le réveil est blonde ou brune ?
- Le réveil n'a pas sonné, affirmai-je.
Je regardai la blonde se lever du lit, entièrement nue, elle me lança un clin d'œil en se dirigeant vers la salle de bain surement pour m'inciter à poursuivre notre nuit. Une de plus. Toujours une de plus, alors que je me disais inlassablement que ce serait la dernière. Et c'était comme ça la majeure partie de mes week-end depuis que nous étions rentrés sur la capitale. Une soirée, quelques verres, une fille, une nuit et une gueule de bois.
- Quand est-ce que tu vas arrêter ça Will ? s'égosilla mon ami à l'autre bout du fil
- Je t'ai dit que j'arrivai. Laisse-moi juste le temps de ...
Je balayais la chambre des yeux à la recherche de quelques bribes de la soirée d'hier. Je n'avais évidement aucun souvenir, bien que je me doute de comment elle s'était terminée, au vu du string qui pendait sur la lampe de la commode installée en face du lit.
La jeune femme réapparut, une serviette autour du corps, et la pointe de ses cheveux encore humide.
- Je raccroche, j'arrive.
- William !
Mon meilleur ami, et manager Sébastien, n'eut pas le temps de répliquer avant que je lui raccroche prodigieusement au nez. Je me levai instantanément en essayant de retrouver mes affaires éparpillées un peu partout dans la chambre en prenant soin de ne surtout pas calculer la blonde qui s'était rallongée sur le lit et me devorait des yeux en se sechant trop lentement pour que la proposition qui allait suivre ne soit pas indescente.
Je n'avais pas pour habitude de faire la conversation, puisque je savais qu'elle me demanderait s'il y aurait un « après ». Et la réponse était évidente : non !
- Je suppose que tu n'es pas le genre de mec qui offre le café.
- Tu supposes bien. T'iras loin dans la vie, répliquais-je sans aucune émotion
- On pourra quand même se revoir ?
Je lui fis un léger sourire qui voulait dire « certainement pas », avant d'enfiler ma chemise noire de la veille et mon jean. Tant pis pour mon caleçon, je n'avais pas de temps à perdre et la blonde avait, en plus et à mon grand désespoir, envie de parler. Je lui passais devant pour rejoindre la salle de bain pour me brosser les dents. Exceptionnellement, je sauterais la case « douche » pour déguerpir d'ici le plus rapidement possible.
Elle se rhabilla alors que je rassemblai mes affaires personnelles dans ma pochette Louis Vuitton. Elle était certainement vexée, bien qu'elle savait très bien qu'en me suivant, il y avait 99,99% de chance pour que je ne mette pas un genou à terre dès son réveil le lendemain matin.
J'eu un sursaut en ouvrant la porte sur un Sébastien, le visage fermé.
- Qu'est ce que tu fais là ?
- J'ai du passer à la boulangerie, pour m'assurer que nous aurions du dessert, puisque c'est toi qui devais t'en charger. Puis je me suis dit, pourquoi pas faire un détour. Histoire que tu ne tombes pas sur une connaissance au coin de la rue. 
- Très drôle.
- Oh, bonjour. Je suis Sébastien, dit mon ami en tendant une main à la blonde derrière moi, qui, dieu merci, avait compris le message du premier coup.
- Laury.
- On te raccompagne Laury ?
- Non ça ira, dit-elle en empruntant les escaliers de service le rouge aux joues sans meme me jeter un dernier regard.
Sébastien entra dans l'ascenseur derrière moi, un rictus aux lèvres.
- Pourquoi tu leur fais toujours la conversation ?
- Pour les humaniser un peu, et que tu sache, au moins leur prénom. Puisque je suppose que la question ne t'a même pas effleurée l'esprit ?
- Elle avait sa langue dans ma bouche quand j'ai voulu lui poser la question.
- T'as toujours une bonne excuse mon vieux.
Je suivis mon ami jusqu'à son véhicule mal garé sur le parvis de mon immeuble. Le trajet débuta silencieusement. Je contemplai la ville grise, à travers la fenêtre. Il se mettait à pleuvoir. Le ciel était terne, il n'y avait pas eu de soleil depuis plusieurs semaines. J'attendais patiemment que mon ami me fasse la morale. A mon grand étonnement, il ouvrit la bouche seulement lorsqu'il arrêta le moteur de son véhicule, devant l'allée de sa maison.
- Tu n'arriveras pas à l'oublier en agissant comme ça Will.
- J'aurai parié que tu m'aurais sortie ça au 3ème feu rouge, dis-je en claquant la portière soulagé d'être arrivé chez lui.
Je ne pris même pas la peine de frapper. Sonia, sa femme, suivit d'une petite tête blonde vinrent m'accueillir à peine avais-je passé le pas de la porte.
- Papaaaaa !
La petite blonde me sauta dans les bras avant de planter sa bouche sur la mienne, trop heureuse de me revoir après avoir passée la soirée chez son oncle et sa tante.
J'embrassai rapidement Sonia, avant de saluer mes amis qui étaient déjà dans le salon, l'apéritif servit depuis longtemps au vu des bouteilles largement entamées qui trônaient sur le bar.
Après avoir eu plusieurs remarques sur la longueur de mes cernes, ou savoir qui avait gagné son pari sur la couleur des sous-vêtements de ma conquête d'un soir, nous nous attablions autour du poulet rôti dominicale de Sonia.
Les conversations orientées au départ sur la reprise des tournées dévièrent rapidement sur le mariage de Julie, qui était prévu pour le début d'année. Il était tout à fait normal qu'elle soit euphorique à l'idée du grand jour, mais ces conversations tournant autour des couples et de l'amour en général me débectaient. Cela faisait maintenant 4 ans que j'étais célibataire et que j'enchainai les plans sans attaches d'une seule nuit, voire deux si ça valait le coup, et ça m'allait très bien comme ça.
- Bon et si on parlait des vacances au fait ?
Je regardai tour à tour Julie et Sonia, qui me scrutaient les yeux ouverts comme des billes, un sourire trop poli pour être honnête collé sur leurs visages respectifs. C'était clairement un guet-apens, j'aurai dû le sentir.
- Pourquoi vous me regardez comme ça ?
- Promets nous de dire oui, m'intima Sonia.
- ça sent le coup monté. Je ne parlerai qu'en présence de mon avocat, invoquai-je en regardant mon ami assis à côté de sa femme.
- Nous avons loué un chalet à la montagne pour les vacances de Noël et on y va tous !
Sonia était euphorique et elle tapait dans ses mains. Je lançai un regard en biais à mon ami qui savait pertinemment que cette idée ne me plairait surement pas. Un chalet, perdu dans la neige – que j'exécrai par-dessus tout – au milieu d'un bled de montagne paumé, qui n'aurait surement pas de wifi, avec mon groupe d'ami qui étaient tous en couples et le pompon : durant les périodes de fêtes.
J'aimai mon célibat, ou plutôt je m'en accommodais. Mais me retrouver quinze jours entouré de jeunes gens amourachés, ou les mots « bébé », « mon cœur » et « chéris » seraient prononcés à chacune de leur phrase étaient au-dessus de mes forces.
- Toute façon tu n'as pas le choix, renchérit Sonia avant même que je ne puisse repondre.
- La réponse est non, Sonia.
- Et le chalet est à ton nom, tu dois donc être là pour signer le bail de location, renchérit Sonia qui n'avait visiblement que faire de mes états d'âmes.
- Parce qu'en plus je paye ?
- Oui, disons que c'est ton cadeau pour nous remercier de la super tournée d'été qu'on a passé tous ensemble, souri Julie en attrapant son verre de vin.
- Je n'irai pas en vacances, et encore moins à la montagne. Avec vous.
- Aller Will, ça va être marrant. On sera tous ensemble. Lila veut absolument faire de la luge avec toi. Et tu sais que Lila à besoin de passer du temps avec son papa.
Sonia me força à décroiser les bras que j'avais déposé sur la table et s'installa sur mes genoux en croisant les siens autour de mon cou. Elle utilisait l'option « Lila » pour me faire craquer. Je ne résistai pas à ma fille, et son bonheur était ma priorité, bien qu'elle passait la majeure partie de son temps avec Sonia et Seb.
- Il ne veut pas y aller car il a peur de l'abstinence.
Je jetais un regard meurtrier à mon ami. J'avais mal choisi mon avocat apparemment.
- Je peux très bien m'en passer, m'excedais-je que le sujet revienne toujours sur le tapis
- Et bien prouve le nous, lançat Sonia.
- Pardon ?
- Prouve le nous. Viens en vacances, et profites en pour te recentrer sur toi-même. Je ne te laisse pas une semaine, pouffa Sonia
- On paris ?
- Si tu veux. 100 billets que tu ne tiens pas la semaine.
- 1000 que la prochaine fille avec qui je sors sera la femme que j'épouserai
- T'enflammes pas, rigola Julie à l'autre bout de la table.
- On va déjà commencer par le fait que tu sortes avec elle plusieurs jours consécutifs, repris Sonia en souriant. Mais j'en doute, il faut mieux que tu ne sortes pas du chalet, ça t'aidera peut-être à finir cet album 
- Ce n'est pas parce que je sors avec des filles que je ne finis pas cet album.
- Pourquoi alors ?
- Tu sais très bien pourquoi Sonia, dis-je un peu trop vivement.
Sonia se leva de mes genoux pour retrouver sa place en silence. Elle baissa la tête dans son poulet et sépara les haricots verts avec sa fourchette. Elle était allée trop loin et elle le savait.
Mais j'avais cette foutue conscience qui me faisait culpabiliser de l'avoir envoyé balader ainsi, alors qu'elle faisait ça seulement pour moi.
- Ne me forcez pas à faire ce dont je n'ai pas envie, soufflais-je.
- C'était juste pour toi Will. Pour que tu souffles un peu, et que tu penses à autre chose que « quelle blonde va me sucer ce soir ». Le pari c'est juste pour rigoler, t'es un grand garçon.
Sonia lança un regard qui voulait en dire long à son mari. Elle le remerciait d'avoir pris sa défense. Et Après tout, cette idée de vacances n'était peut-être pas si mauvaise. Ça me ferait surement du bien d'être loin de l'agitation parisienne, et je pourrai effectivement en profiter pour me concentrer avant tout sur ma relation père-fille qui était en train de clairement se déliter. Et puis coucher avec une femme différente chaque soir n'était pas un plan envisageable à court terme, c'était juste « le feu de l'action », la chute en était encore plus mortelle.
- Pourquoi est-ce que ma vie sexuelle vous obsède autant ?
Sonia jeta un œil à Julie, qui jeta un œil à Seb, qui jeta un œil à Mike. Ma question avait dépassé mes pensées, et je le regrettais déjà. Elle souffla en constatant qu'elle avait été désignée silencieusement par nos amis pour prendre la parole.
- Will, tu as 35 ans et ça fait 4 ans maintenant. Tu ne penses pas que ... tu as passé l'âge ? 
Un ombre tomba sur l'assemblée. Un léger blanc s'installa et tout le monde scrutait ma réaction. Il y a quelques années, j'aurais retourné la table en jurant. Maintenant je serrais les poings pour me contenir.
- Mike est seule lui aussi. Et vous ne lui dites rien lorsqu'il sort le soir.
Faux. Mike était officiellement célibataire. Mais a juger ses disparitions impromptues, en même temps que Amy, l'autre photographe, il se tramait clairement quelques chose entre les deux.
- Ce que je veux dire c'est que, tu ne pourras pas effacer ce qu'il s'est passé, et encore moins en couchant avec n'importe qui ... il faut aller de l'avant. Et pour cela, tu as besoin de te détendre et faire un peu le vide.
La conversation tournait au drame. Et je n'aimai pas parler de ça. Je regardais ma fille qui s'amusait dans le salon avec ses poupées. Si je n'avais pas la moindre envie de partir en vacances et me retrouver face à ma solitude, je pouvais au moins faire ça pour elle.
- Ok, on part quand ?

La Magie de Noel ~ Dj Snake  Où les histoires vivent. Découvrez maintenant