25.

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- Papa !
- Enfin, souffla Seb qui me vit trainer la patte jusqu'à la cuisine. Le survêtement sur les hanches et les yeux encore collés de la nuit blanche que je venais de passer.
- Il n'est que 17h, dis-je la bouche pâteuse.
- Lila te réclame, me dit-il en déposant un aspirine devant moi sans que je le demande, à force d'habitude.
- Papa, papa, papa, papa !
- Arrêtes !
Lila tournoyait autour de moi et criait un peu trop fort. J'avais un mal de crâne abominable. Je l'attrapais pour la placer sur mes genoux lorsqu'elle se mit à pleurnicher parce que je venais de la gronder alors qu'elle était juste contente de me voir.
- Sonia n'est pas là ?
- Elle fait la sieste. Elle était super fatiguée, me répondit mon ami.
- Et les autres ?
- Ils sont partis skier, ou se balader. Les filles sont allées acheter les cadeaux qu'il manquait pour ce soir.
- Les cadeaux putain, dis-je en plongeant ma tête entre mes mains.
- Tu restes avec moi ce soir papa ?
Je levais les yeux vers Seb qui me rendit mon regard désolé.
- Je n'en sais rien bébé
- Mais c'est mon anniversaire
- Je sais mais ...
- T'es jamais venu pour mon anniversaire, pleurnicha-t-elle en se tortillant pour sauter de mes genoux.
Sonia arrivait elle aussi, et la petite se réfugia dans ses genoux en pleurant avant d'aller se jeter dans le canapé pour faire une petite crise de larmes.
- Qu'est que vous lui avait fait ? interrogea Sonia
- Je lui ai dit que je ne serais pas là ce soir.
- William
- Je n'ai pas besoin de ton sermon So.
- Je ne te sermonne pas. Mais ça fait 3 jours qu'on ne te voit pas. Et tu n'as jamais fêté aucun anniversaire avec elle. Les vacances a la neige c'etait pour elle, pour vous.
Seb et Sonia me regardèrent insistants
- Très bien, soufflais-je en me dirigeant vers le salon.
Lila était toujours dans le canapé, la tête plantée dans un coussin. On pouvait entendre ses gémissements à travers le tissu.
- Bébé
- Laisse-moi, cria-t-elle
- Bébé, Lila regarde-moi.
- Non, je veux plus jamais te regarder !
- Je serais là ce soir. Et demain aussi.
- Moi je veux plus que tu viennes. Tu veux jamais venir alors je t'invite plus. Parce que j'invite que les gens que j'aime.
Sonia secouait la tête lentement en signe de désapprobation lorsque je glissais un regard implorant vers elle. J'essayais d'attraper la petite fille par les hanches pour la retourner face à moi, mais elle se cramponnait au coussin.
- Bon et ben tant pis, je vais devoir aller rendre cette petite voiture rose que je voulais t'offrir pour ton anniversaire ?
- Le 4x4 ? dit-elle en se relevant subitement.
- Oui, répondis-je en faisant mine de partir
- Attends !
- Oui ?
- Je peux peut-être te ré-inviter.
- Ah oui ?
- T'es mon papa, j'ai pas le droit de dire que tu viens pas, bouda-t-elle.
Elle croisa ses petits bras sur son corps et leva la tête faisant mine d'être aussi détachée que possible. Je fondis sur elle pour lui faire des guilis et enterrer la hache de guerre. Elle me sauta dessus et essaya tant bien que mal de me faire rigoler. Ses mains étaient bien trop petites pour qu'elle réussisse à me faire ressentir quoique ce soit.
- T'as gagné, je suis mort, mimais-je
- J'ai gagné, j'ai gagné ! J'ai le droit de tout faire ce que je veux !
- Ok, tu veux faire quoi ?
- Je veux aller voir le Père Noël !
- Va t'habiller alors, je t'attends dans la cuisine.
Je rejoignais mes amis qui regardaient la scène depuis la cuisine, en trainant des pieds, la mine depitée. Je me vautrais sur un siege en soufflant.
- Ne pense pas à ça Will, c'est pour elle que tu fais-tu ça.
- Parce que vous, vous n'y pensez pas ?
- Tout le temps, repris Sonia. Louise aurait la première à la couvrir de cadeau.
- Probablement, mais elle n'est plus là.
- Ce n'est pas de sa faute, indiqua Sébastien. Essaie de voir les choses du bon côté Lila est là, et elle a besoin de toi.
- Et comment on fait pour faire semblant ? soufflais-je
- Commence par lui parler d'elle. Elle aurait été fière de sa fille, et de toi. Parce que malgré tout ce que tu penses, tu es le meilleur papa qu'elle puisse avoir.
Contre toute attente, cette bribe de conversation me fit du bien. J'avais trop enfoui les souvenirs de Louise sans en parler à personne. Je me flagellais tous les jours du drame que nous avions vécu, et je le faisais ressentir à ma fille, qui m'avait aidé à garder la tête hors de l'eau.
Lila réapparut, dans une combinaison de ski rose bonbon, des petites bottes fourrés dorées à ses pieds. Elle tendit une brosse à Sonia en grimpant sur la chaise haute de la cuisine, et lui demanda de lui faire des tresses, pour qu'elle « soit la plus belle ». Sébastien regarda sa femme avec cette lueur dans le regard. Bientôt se serait son tour, et j'étais sincèrement heureux pour eux.
- Papa, c'est quand qu'on revoit Rachel ?
Je regardais Sonia qui me lança un regard franc et désolé.
- Je ne sais pas bébé.
- Est-ce qu'elle vient pour mon anniversaire ? interrogea la petite blonde
- Je ne pense pas. Elle est très fatiguée tu sais.
- J'aimerai trop que son bébé naisse le même jour que moi. Comme ça je pourrais dire que c'est mon petit frère.
Je jetai un œil à Sonia qui n'avait visiblement pas l'air de comprendre ce que baragouinait Lila qui se regardait dans le miroir pendant qu'elle était coiffée.
- Lila, ce n'est pas le bébé de papa, tu sais, commençai-je
- Mais vous êtes amoureux, donc c'est comme mon petit frère.
- Tu ne voulais pas une petite soeur ? Pour jouer a la poupée, interrogeais-je en essayant d'éviter la conversation aujourd'hui
- C'est un garçon, elle me l'a dit ! C'est bon Tatie, je vais chercher mon sac à main après on part voir le père noël, jubila Lila.
Je regardais incrédule la petite fille qui sauta de chaise pour courir à l'étage récupérer son sac à dos. Je pris une grande claque en remarquant que mon bébé était finalement plus si petite que ça et que, bien qu'elle imitait Sonia, elle allait déjà avoir 4 ans.
- Vous devriez parler, m'indiqua Sonia en rangeant la table de la cuisine.
- C'est a cause de toi qu'elle prend un sac à main.
- Je parlais de Rachel. Je l'ai appelé pour savoir si elle comptait venir ce soir. Elle a juste besoin d'être rassurée.
J'avais discuté de Rachel avec Sébastien il y a deux jours. Malheureusement, ça n'avait pas atténué ma colère et surtout ma déception de cette relation avortée dans laquelle j'avais espoir. Je ruminai depuis que je l'avais laissé devant son appartement il y a presque 1 semaine. J'avais été tenté de l'appeler parce que j'avais de nouveau arguments, avant de me rappeler qu'il était inutile de remuer le couteau dans la plaie.
- Elle n'a pas confiance en moi. Je ne peux rien faire de plus si ça ne vient pas d'elle
- Ton passé ne plaide pas en ta faveur, me répondit Sonia
- Et alors ? qu'est-ce que je dois faire ? Vivre dans un monastère pendant 3 ans pour qu'elle me croit ?
- Ce que je voulais dire chéri, c'est qu'on peut aussi comprendre qu'elle soit réticente. Il y a 3 semaines tu sortais avec plus de femme que de jour dans la semaine et aujourd'hui tu es pret à t'engager avec elle, qui va avoir un bébé. Puis le fait qu'elle vive ici et toi là bas ...
- Et moi nulle part So. Rien ne me retient à Paris. Si c'était le seul problème, je l'aurai réglé en moins de deux heures.
- Sérieusement ?
- Oui. Maintenant je vais rentrer et faire ce que je sais faire de mieux : me souler et trouver un casse croute d'une nuit.
- Et lui donner raison ?
- Elle est convaincue d'avoir raison. Ca sera sa petite victoire personnelle.
- C'est bon papa !
Je me levais de ma chaise pour enfiler un sweat qui trainait sur le fauteuil du salon avant de nous diriger vers l'entrée.
- J'aurai du m'en tenir au plan initial
- Lequel ?
- Que Lila resterait la seule et unique femme de ma vie.

La Magie de Noel ~ Dj Snake  Où les histoires vivent. Découvrez maintenant