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Je m'étais enfuit, comme une imbécile. Il avait dit qu'il voulait m'embrasser et moi je lui avais fait un signe de la main en feignant la fatigue.
Et maintenant j'en étais à mon centième essayage pour savoir comment je devais m'habiller pour ce foutu diner que j'avais accepté, on ne sait toujours pas pourquoi. Et comme je n'avais aucuns moyens de le contacter, je n'avais même pas pu décommander en inventant une excuse ridicule à propos d'une prétendue fatigue ou un autre symptôme désagréable de grossesse.
Après avoir choisi une tenue qui ne moulait pas trop les parties les plus proéminente de mon corps, je m'étais regardé plusieurs minutes dans le miroir. Ce maquillage n'était finalement pas de rigueur.
J'étais angoissée, stressée et tous les mots du champ lexical de l'anxiété.
Je n'avais même pas pu chercher de l'aide auprès d'Anna qui avait été invité par son fiancé, mon frère donc, à passer la nuit dans un nouveau refuge de montagne 5 étoiles, voyage en hélicoptère et tout et tout.
En entrant dans ma voiture, mes doigts se refusaient à taper l'adresse que m'avait communiqué William. J'étais tout de même passé par la pâtisserie pour prendre le dessert, car j'avais à cœur de ne pas venir les mains vides.
Je fus presque soulagée de voir qu'il y avait des bouchons sur la route, ce qui m'éviterais d'arriver trop en avance, puisque j'étais prête depuis le matin même. Ca m'éviterais un nouveau moment gênant où tout le monde ne serait pas encore rentré.
Hier soir, il m'avait avoué vouloir m'embrasser. Mais il n'avait rien fait. Il avait attendu mon approbation, que je ne lui avais pas donné. Cela me confortait dans le fait qu'il semblait vouloir préserver notre relation amicale. Parce que c'est ce que nous étions, des amis. Bien que ce que je ressentais quand il était trop proche de moi ne s'apparentait pas du tout à ce que devraient ressentir des amis.

Je me garai devant l'impressionnant chalet Diamant. C'était donc lui le locataire, parisien et du showbizz, j'aurai dû m'en douter. Mon cœur s'emballa lorsque je vis que les lumières du salon étaient toutes allumées et que les ombres se mouvaient dans la pièce principale.
Je remis une touche de gloss, et une bonne dose de parfum pour camoufler les odeurs de transpiration qui commençaient à me monter au nez, avant de sortir de mon véhicule. D'une main tremblante, j'actionnai la sonnette pour avertir de mon arrivée.
- Pile à l'heure, t'es parfaite !
William était venu m'ouvrir. Un tshirt moulant blanc et un survêtement gris sur le dos. Des fringues bien trop suggestives qui moulaient ses biceps ... et ses fesses, parfaitement musclés. Mes hormones s'affolèrent. Ou peut-être était-ce le stress encore une fois. Il frôla mon cou lorsqu'elle m'aida à retirer mon manteau dans l'entrée. C'était le vice incarné.
- Ne sois pas nerveuse, dit-il en me voyant plantée dans l'entrée.
- Je ne suis pas nerveuse, repondis-je
- C'est juste un diner ma belle, rien qu'un diner. Ils m'ont déjà vu dans des positions bien pire.
- Est-ce que c'est sensé me rassurer ?
Il me prit la main et en embrassa la paume. Je déposais celle libre sur mon ventre.
- Tout va bien se passer. Tu me fais confiance ?
- Non.
Il m'attira à sa suite en gardant ma main dans la sienne et nous dirigea vers le salon. Ses amis discutaient vivement, la table basse avait été dressée avec des verres, des bouteilles de champagne et des petits fours. Les conversations se tzrirent lorsqu'ils nous virent entrer tous les deux.
- Je te présente Julie, c'est le cerveau. Ici c'est Matt son futur mari. Mike, que tu as du reconnaitre et là c'est Sonia et Seb, mes parents, plasainta-t-il. Tout le monde, c'est la fameuse, Rachel.
Je rougis instantanément lorsqu'il me présenta comme « la fameuse » en appuyant un peu trop sur ce trait de caractère.
- Salut Rach... oh ... et bien, oh euh .. Ench !
- Enchantée, souligna Julie en se levant.
- Oui, je veux dire ... enchanté, enfin, moi c'ets Sonia, répliqua la brune visiblement très mal à l'aise.
Sonia se retourna discrètement – pas assez- vers William, et lui fit les gros yeux.
J'avais très bien senti le malaise lorsqu'ils avaient remarqué mon ventre. Il ne m'avait peut-être pas tout dit, et à eux non plus visiblement.
Je reconnus Sonia, jeune femme brune que j'avais vu avec William en ville il y a quelques jours. Je ressentis une vague immense de soulagement.
- N'écoute pas ce qu'il raconte, me dit-elle après avoir relâché notre étreinte
- Il se dit ça pour se réconforter, je sais qu'il est bien plus vieux que vous.
- Je l'aime déjà, dit-elle en se tournant vers William.
- Le meilleur pour la fin ... Rachel, je te présente la femme de ma vie. Tu dis bonjour Lila ?
C'était le moment. Celui qui allait être encore plus gênant que tous les autres. Je me tournais - blanche - vers William, qui après avoir prononcé ces mots, baissa les yeux. Je suivis son regard, et mes yeux tombèrent sur une petite touffe blonde, qui dépassait de derrière sa cuisse. Des grands yeux bruns, des cheveux blonds, longs et frisés, la petite fille avait un air timide et son pouce dans la bouche. Elle s'accrochait au survêtement du jeune homme, comme si sa vie en dépendait. Je devinai qu'il s'agissait de sa fille, elle lui ressemblait énormément. Mes yeux se reportèrent sur William, qui m'incita du regard à m'approcher. Toute mon anxiété s'effaça instantanément. Je m'accroupis tant bien que mal à sa hauteur et lui tendis la main pour la rassurer. Elle me lança un sourire avant de venir se blottir dans mes bras. Je lui embrassais les cheveux et elle courut se réfugier derrière son père.
- Pourquoi tu ne m'as rien dit ? chuchotais-je lorsqu'il m'invitait à traverser le salon pour m'asseoir.
- Parce que tu n'as rien demandé.
Il me sourit chaleureusement avant de m'inviter à m'asseoir dans le fauteuil que m'avait gracieusement laissé Matt.
- Rachel, on a du jus de fruit si tu veux. Je suis désolé mais William n'avait pas donné tous les détails de ...
- Du jus de fruit c'est très bien merci, coupais-je en sentant que Julie était mal à l'aise autant que moi de ces petites cachoteries.

Après le diner, Sonia me proposa une tasse de thé que j'acceptais volontiers. Nous nous étions assisent près du feu et je regardais William, assied au piano à queue qui trônait au fond de la pièce, Sa fille sur ses genoux à qui il essayait d'apprendre les notes, et qui en faisait qu'à sa tête.
- Je ne savais pas qu'il joue au piano, dis-je
- Il jouait. Ça fait très longtemps qu'il n'avait pas joué. L'air de la montagne surement, me dit-elle en me tendant une tasse fumante par-dessus mon épaule.
Elle me tendit sa tasse pour la faire tinter contre la mienne.
- Rachel, William m'a tout dit, lâchât Sonia apres quelques minutes de silence.
Je me raidis tout à côté, plongeant le nez dans ma tasse.
- J'imagine que vous savez ce que vous faites, repris Sonia en regardant en direction du piano
Même si sa voix était tintée de bienveillance, cela sonnait comme un avertissement. J'avais bien vu qu'elle n'avait pas été ravis de tomber nez à nez avec 2 personnes, alors qu'elle n'en attendait qu'une seule.
- Je ne veux pas passer pour la méchante, ou la nana un peu trop protectrice mais je m'inquiète pour William. Il est un peu perdu ces derniers temps et il ne réfléchit pas très bien.
- Tout vas bien, nous sommes simplement amis. Rien de plus.
Comme s'il sentait que nous parlions de lui, William se retourna vers nous et lançât un de ces sourires dont lui seul avait le secret. Je lui répondis timidement tandis que Sonia leva sa tasse en lui répondant franchement.
Lorsqu'il accrocha mon regard, je sentis ma gorge se serrer et l'air me manquer. Tout ça commençait à m'échapper et j'étais en train de perdre le contrôle de mon propre mensonge. Je sentais que Sonia était en train de me sonder, et qu'elle n'appréciait pas que je sois aussi proche de son ami.
- Juste amis, répétais-je pour essayer de m'en convaincre moi-même.
- Je suis amie avec William, depuis très longtemps. Et mon corps ne réagit pas aussi violement à chaque fois qu'il pose les yeux sur moi, lachat Sonia.
Instinctivement, ma main trouva mon ventre par mesure de protection. Ça allait devenir bien trop violent pour moi, et je n'étais pas armée pour cette bataille. Je comprenais la position de Sonia, qui voulait simplement protéger son ami.
Seb interpella sa femme depuis la cuisine, qui se leva avant de me sourire poliment. Je m'approchai doucement de William, qui était en train de donner, ou plutôt essayait, de donner un semblant de cours de piano à la petite blonde, qui maintenant, baillait à s'en faire décrocher la mâchoire. Lila était presque couchée sur ses genoux et somnolait dangereusement. Cette vision me fit sourire, et je me surpris moi meme à me caresser le ventre dans un élan maternelle impromptu.
- Je vais rentrer, soufflais-je en approchant du piano. Il est tard.
- Je vais coucher la petite, tu m'attends ?
William m'attrapa par la taille et déposer un léger baiser sur mon ventre, à la hauteur de sa bouche. Ce geste, plein de tendresse, me troubla. Il attrapa sa fille tant bien que mal pour la hisser sur son épaule, et l'emmener à sa chambre, à l'etage.
J'en profitais pour chausser mes bottes et mettre mon manteau, restés dans l'entrée.
- Je ne crois pas que tu vas pouvoir rentrer, m'interpella Julie en débarquant dans le salon
- J'ai l'habitude de conduire sous la neige, rien de grave, assurais-je. Ma voiture est équipée. 
- Tu ne vas nulle part sous cette neige, interpella vivement Sonia. Tu restes dormir ici, ta voiture est déjà ensevelie de toute façon, tant pis pour toi, reprit-elle en rigolant
- En plus l'allée est en pente, on s'en voudrait vraiment s'il t'arrivait quelques choses.
- Je peux appeler mon frère. Vraiment, ce n'est qu'un peu de neige, répondis-je gênée.
- J'ai dit non, tu dors là, un point c'est tout.
- A ta place je ne la contredirais pas, fit Julie en souriant.
C'était comme un mauvais téléfilm, de la neige, des sentiments et très certainement plus aucunes chambres de disponible pour moi.
Je regardais par la fenêtre pour m'assurer moi-même que ce n'étais pas un guet-apens monté de toutes pièces, car avec William, je m'attendais à tout. La neige s'était mise à tomber drastiquement et effectivement, les pneus de ma voiture étaient déjà ensevelis.
- Je n'aurais pas à être aussi méchante si je n'avais pas à tous vous materner, réplique Sonia en tirant la langue à son amie.
Avant que je ne puisse protester, Sonia m'attrapa la main pour me tirer jusqu'à sa chambre à l'étage. Julie nous suivait de près.
- Rassure toi, nous avons encore une chambre de libre. Je vais te prêter quelques chose pour dormir.
- Il va falloir trouver large, dis-je en souriant.
Sonia et Julie se regardèrent et explosèrent de rire.
- Comment est-ce arrivé ?  M'interrogeât Julie en s'allongeant sur le lit
- Oui raconte nous, renchérit Sonia en me tendant un t-shirt large. C'est un tshirt de Seb, il avait 20 kg de plus, je pense que c'est assez long pour faire tenir tout le monde dedans.
Les deux filles s'allongèrent sur le lit de Sonia et attendaient que je commence mon récit.
- Je ne vais pas vous faire un dessin, commençais-je médusée de les voir aussi attentives
- Oh, on ne parlait pas du bébé.
- On parlait de ta rencontre avec William en fait.
- Histoire qu'on ait les deux versions, rigola Julie
Il fallait vraiment que je prenne des cours d'allusion. Je rougis violement avant de me rendre compte de ma bourde. J'enfilais rapidement le t-shirt pour m'assurer qu'il m'allait, avant d'entamer la narration succincte de la rencontre avec William.

La Magie de Noel ~ Dj Snake  Où les histoires vivent. Découvrez maintenant