La Magie de Noel ~ Dj Snake

3.

J'avais eu la bonne idée de travailler durant le trajet pour monter au chalet, et maintenant, j'avais clairement envie de vomir.
J'avais d'abord pensé qu'il s'agissait d'une bonne idée, pour avancer dans ce maudit album que je n'arrivais pas à terminer, mais aussi et surtout pour éviter d'entendre Lila qui avait chanté La Reine des Neiges  tout le trajet ainsi que Seb et Sonia se balancer leur amour à travers la gueule. J'avais compté 30 « mon amour » et 17 « mon cœur », depuis la montée dans le van à l'aéroport. Je ne sais pas si c'est les virages de montagnes ou le dégueulis d'affection de mes amis qui me rendaient le plus malade.
Lila s'était endormie quelques minutes avant d'arriver, comme toujours, et j'avais dû décharger « mon paquet », alors que j'étais moi-même fatigué. Heureusement que le service de chambre s'occupait des bagages. Il faisait – 8000 et la neige commençait à tomber.
Comme nous étions les premiers, nous avions eu le droit de choisir nos chambres respectives. Je n'avais pas pris la plus grande, mais surtout celle qui permettait de rejoindre l'extérieur rapidement, et en toute discrétion. J'étais en vacances pour me détendre, et cela incluait le fait de faire des connaissances, plus ou moins longues.
J'installai Lila dans la chambre voisine, qui se réveilla à l'instant où je la déposai sur le grand lit kingsize. Raté.
Elle me demanda si elle pouvait prendre un bain. Il faisait froid, nuit et le voyage avait été long. J'aurai préféré prendre une douche et me jeter dans mon lit, mais je pouvais bien faire ça pour elle.
Elle se plongea directement dans l'eau mousseuse alors que l'immense baignoire de sa chambre n'était pas tout à fait remplie.
Lila adorait prendre des bains. C'était peut-être la seule tradition qui nous restait. Puisqu'elle vivait à l'année chez Sonia et Seb. J'avais tout de même essayé d'instaurer une relation père-fille, mais c'était assez compliqué avec une enfant de 3 ans et un emploi du temps surchargé.
Elle plongea dans l'eau pour en ressortir pleine de mousse, les yeux rieurs et son petit sourire toujours collé sur les lèvres. Je m'étais assis à côté de la baignoire, et j'étais déjà trempé.
- Papa, tu restes avec moi pour les vacances ?
- Oui bébé.
- Pour tout le temps ?
- Jusqu'à ton anniversaire.
- Trop cool !
Lila ne comprenait pas que les fringues sèchent et l'eau ne faisait pas bon ménage, lorsqu'elle me sauta dessus toute mouillée.
- J'aime bien quand tu restes avec moi papou.
- Je sais mon bébé. Qu'est-ce que tu veux qu'on fasse pour les vacances ?
- Je veux faire de la luge.
- De la luge ? Tu sais ce que c'est la luge.
- J'ai un peu peur, mais tu seras là papa.
Je lui souris en lui frottant les cheveux qu'elle avait aspergé de shampoing.
- On pourra aussi manger plein de crêpe au Nutella, lui suggérais-je plus tenté à cette idée qu'à affronter la neige pour faire de la luge.
Lila accueillit cette proposition en frappant des mains. Ce qui ne manqua pas d'inonder un peu plus le carrelage de la salle de bain.
- En tout cas, j'espère qu'on sera que toi et moi. Sans tes copines.
- Quelles copines ? répondis-je surpris d'une telle remarque dans sa bouche de petite fille.
- Celles qui s'occupent de toi tout le temps.
- Je n'ai pas de copines bébé. Je suis au travail c'est tout. Et pour ne pas te réveiller tôt le matin tu dors chez tonton Seb et soso.
- Tonton m'a dit que tu avais pleins de copines qui s'occupaient de toi alors comme ça tu n'es jamais triste.
Note à moi-même : arrêter de parler définitivement à Seb et Sonia, qui avaient la langue bien trop pendue.
- Maman elle s'occupait bien de toi aussi ?
Nous revenions toujours au même sujet « maman ». Lila n'avait pas connu sa mère, et je refusais d'en parler avec elle. Je sais que c'était difficile, qu'elle était petite, et qu'elle ne comprenait pas toujours pourquoi elle n'avait pas de maman contrairement à ses copines d'école. Un jour, je lui expliquerai tout. Mais là, c'était encore au-dessus de mes forces.
- Oui, elle était très gentille.
- Elle te manque ? demanda subitement la petite blonde
- Lila, on va aller manger, c'est bientôt l'heure de dormir.
- Moi elle me manque.
Je ne répondis pas à sa dernière remarque qui me fendit le cœur.  Elle était bien trop petite pour penser à tout ça. Et moi bien trop con pour ne pas vouloir répondre à ses questions de petite fille. Je l'emmitouflai dans une grosse serviette duveteuse avant de lui sécher les cheveux.
Je la laissai descendre seule dans le salon, tandis que je gagnais ma chambre pour investir les lieux.
Je pris une longue douche chaude, en essayant de ne plus penser à la conversation inévitable qui allait se profiler avec ma fille. Puis j'enfilais un survêtement propre avant de descendre au salon où tout le monde s'amassait déjà sur des canapé chesterfield recouvert de peau de mouton toutes douces. La chemine centrale avait été allumée. Je m'affalais sur l'un des canapés et caressait les cheveux bouclés de ma fille qui jouait sur le tapis. Je n'étais pas si présent, mais je pouvais jouer au papa aimant. Je regardai Sonia qui discutait avec une grande blonde sur la terrasse enneigée surplombant la ville juste en dessous. Finalement, j'aimais bien la montagne.
Elles se remercièrent, Sonia, à son habitude, lui fit un grand sourire, avant d'entrer dans la pièce, la fraicheur de l'hiver lui ayant fait rougir les joues.
- Oh, Will t'es là, c'est parfait.
- C'était qui elle.
- La concierge.
- Elle s'occupe personnellement des clients ?
- William, on ici depuis même pas 2heures, s'il te plait.
- Et alors ?
- Elle voulait nous souhaiter personnellement un agréable séjour, commença Sonia en balayant ma question du revers de la main.
- au prix où il facture la nuit, je lui souhaite que ce soit agréable. Sinon, elle n'aura pas de pourboire, lâchai-je avec une allusion feinte au fait que j'avais envie de coucher avec elle.
- Tu ne t'arrêtes jamais, rigola Seb.
- Quoi, elle nous souhaite un agréable séjour. Je commence à aimer la montagne.
Sonia leva les yeux au ciel avant de pousser mes jambes pour s'installer à côté de moi.
- Soso, j'ai faim.
Lila, qui avait plus l'habitude de traiter avec Sonia qu'avec moi s'était blotti dans les bras de la jeune femme. Inconsciemment je fus un peu déstabilisé de voir qu'elle n'était pas venue me voir en premier.
- Justement, c'est ça le problème. Le Frigo est vide. Les livraisons ont été retardées à cause des dernières chutes de neige.
Je levai le nez de mon téléphone en regardant Sonia avec des yeux méprisant. Le séjour se chiffrait à plusieurs milliers d'euros et le frigo était vide, c'était quoi cette mauvaise blague. 
- Les courses seront livrées demain. Comme on est tous les 5 ce soir, il faut aller au supermarché. William, tu as été désigné par le collectif.
Je jetai un œil à droite, puis à gauche.
- Quel collectif ?
- Seb et moi.
- Quand a eu lieu le vote ?
- A l'instant.
- Je n'ai pas donné ma voix.
- Si, on a voté à main levé mais tu n'as rien vu, tu dois être fatigué.
- Tu te fiches de moi ? Je paye, ma voix compte double. Ca fait deux partout.
- Le vote est passé chéri. T'as été désigné c'est tout.
- Moi je vote, papa !
Solidarité, c'était beau. Je toucherai deux mots à ma fille un peu plus tard.
- ça fait 3 contre deux, décompta Sonia toujours aussi sérieuse.
- Et toi tu ne dis rien ? C'est un vrai tyran !
- Will, c'est ma femme, si je ne veux pas dormir avec toi ce soir je me range de son côté.
- Vous n'allez pas m'envoyer aux courses, sérieux. Tout mais pas ça.
- C'est le vote Will, souri Sonia comme si tout cette mascarade était juste.
- Je suppose qu'une mutinerie n'est pas possible ?
- Si tu sais me donner la définition, j'irai à ta place.
- On a une voiture au moins ? me dégonflais-je
Elle avait gagné. Comme toujours. Je détestai faire les courses. J'enfilai ma doudoune et des baskets.
- Dépêche-toi parce qu'il est presque 20h et la neige commence à tomber cria Sonia depuis le salon avant que je n'emprunte l'ascenseur qui menait au sous-sol en bougonnant.
- Et si tu tombes sur une blonde tu baisse la tête et fait semblant de  ne pas comprendre le français, pouffa Seb. On meurt de faim !