24.

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J'eu une certaine satisfaction lorsque je vis Rachel apprêtée pour la soirée inaugurale. Pour l'occasion, je lui avais offert un jolie robe moulante en sequin de couleur bordeaux. Elle mettait en valeur sa poitrine et surtout son ventre, dont je voulais qu'elle n'ait pas honte.
Nous n'étions pas arrivés trop tôt, et prévoyons de ne pas partir trop tard. C'était juste pour donner le coup de grâce à ce Maxime qui était trop sûr de lui.
J'étais partie chercher de quoi boire, mais lorsque je revins, Rachel n'était plus là où nous nous étions quittés, je la cherchais des yeux et la trouvait accoudée sur la terrasse extérieure, qui surplombait le spa plein air de l'hôtel.
- Tout va bien ?
Elle sursauta lorsque je déposais son verre devant elle et passais une main dans son dos. Il ne neigeait pas mais le thermomètre affichait un chiffre inférieur à zéro. Je déposais ma veste sur ses épaules pour évier qu'elle n'attrape froid.
- Je me suis dit que c'était l'heure de jouer au fiancé transit, lui dis-je en souriant.
Elle ouvrit ses grands yeux lorsque je la basculais de sorte qu'elle se retrouve coincée entre le garde-corps et moi-même. Je calais mes bras contre ses reins, et lui pris les mains pour qu'elle la pose sur mon torse.
- Maxime est dans le salon, il doit surement nous regarder par la baie-vitrée, comme la plupart des invités d'ailleurs.
Elle jeta un œil par-dessus mon épaule et plaqua un sourire surfait sur son visage. Quelque chose n'allait pas.
- Il est là oui.
- Alors c'est le moment de lui sortir le grand jeu.
Je dégageai sa frange qui couvrait une partie de son front et lui demandais silencieusement de basculer sa tête en arrière, en repoussant sa mâchoire avec le bout de mon nez. Elle frissonna contre moi avant de se figer.
- Tu veux qu'on rentre ? m'inquiétais-je
- Non c'est bon. Vas y.
- Tu trembles.
- Non, c'est bon.
Je resserrais mon emprise un peu plus sur elle pour qu'elle se blottisse contre moi. J'avais le corps encore chaud de l'intérieur, et je ne voulais surtout pas qu'elle tombe malade. Le seul contact de son corps contre le mien me rappelait notre complicité naissante et le lien indéfectible qui nous unissait depuis plusieurs semaines.
- Rachel ?
- Improvise, souffla-telle. J'aime bien quand tu improvises.
Elle bascula de nouveau sa tête en arrière et je souris contre son cou. Je parcourus sa gorge de mes lèvres. Mon cœur s'emballa, je pouvais aussi sentir le sien contre ma poitrine, et ce contact suffit à nous réchauffer tous les deux. J'aspirais la peau sous son oreille et je la sentis gémir, alors j'arrêtais immédiatement se contact. Je ne voulais pas que quelqu'un l'entende, ce bruit délicieux m'était uniquement réservé. Mes mains passèrent sous la veste qu'elle avait gardé sur ses épaules et se déposèrent sur l'arrondis de ses seins. Son corps se tendit et se rapprocha un peu plus du miens pour réduire l'espace qui nous séparait.
- Est-ce que c'est trop ? demandais-je
- Continus
Mes mains glissèrent sur son ventre et je sentis que ce simple contact affola tous ses sens puisqu'elle ferma complètement les yeux. Ses mains étaient toujours contre la rambarde, et je lui empoignais pour qu'elle les pose de nouveau sur moi. Je ne m'étais pas rendu compte que je voulais absolument qu'elle me touche.
- Il a l'air content lui aussi, lui dis-je lorsque je sentis le bébé se manifester contre mes paumes.
- Surement, souffla-t-elle
Rachel planta ses yeux dans les miens et entoura ses bras autour de ma nuque avant de se pendre à mes lèvres. D'abord surpris, je la laissais faire avant de reprendre la main sur le contact. Sa langue se faufila dans ma bouche et notre baiser s'intensifia un peu plus. Son corps appelait le miens, mais je la trouvais bien trop entreprenante, en public de surcroit, pour penser qu'il s'agissait seulement d'une effusion d'amour. Ce baiser raisonnait comme un au revoir.
- Bien que tu sois magnifique sous les lumières tamisées, je pense que nous devrions rentrer.
- Tu veux retourner au buffet, me demanda-t-elle
- Je préférais rentrer au chalet. Ou chez toi. Comme tu préfères.
Elle resserat ma veste contre son corps avant de pincer les lèvres et hocher la tête. Je ne l'avais pas encore bien vu ce soir, les clients m'étaient quasiment tous tombés dessus en voyant qu'une personnalité plus ou moins connue était présente ce soir. Maxime avait certainement surfé sur la vague, et je l'avais vu parler à Rachel à part, alors que j'essayai de me débarrasser d'un fan un peu trop collant.
- Est-ce que tu es sûr que tout va bien ? Tu as l'air préoccupée.
- Est-ce qu'on peut en parler plus tard ?
- C'est à cause de Maxime ?
- Non pas du tout. Viens on rentre, je suis fatiguée.
D'un geste de la main, elle m'incita à la suivre. Nous passâmes par les vestiaires avant de récupérer ma voiture. Bien que son appartement ne fût pas très loin, je la raccompagnais en voiture, je ne voulais pas qu'elle marche dans le froid avec ses escarpins. Le trajet fut plutôt silencieux.
- Je vois bien que quelque chose ne va pas Rach, lâchais-je alors que je me garais devant son immeuble.
- Je ... j'ai réfléchis. A nous deux. Puisque tu pars le week-end prochain donc ...
- Justement, la coupais-je. J'ai demandé à ton frère, le chalet n'est plus libre mais il m'a réservé une suite à l'hôtel. Comme ça on pourra passer le nouvel an ensemble, et la semaine qui suit, continuais-je peut être un peu trop enthousiaste. Comme ça on sera enfin seul, tous les deux.
Une ombre passa sur son visage, et elle baissa les yeux sur ses mains qu'elles tordaient dans tous les sens.
- Tu ne veux pas que je reste, affirmais-je tout à coup
- Ce n'est pas ça William mais ...
- C'est pour ça que tu m'as évité toute la soirée ?
- Pas du tout. Je voulais réfléchir et quand tu es là c'est, disons ... difficile.
- Et tu réfléchissais à quoi, tant ?
- A nous, lacha-t-elle
Je la fixais. Elle l'avait dit. J'essayais de déceler la moindre émotion sur son visage. Ses yeux étaient baissés, son expression fermée. Elle semblait éteinte, vide de tout sentiment.
J'avais passé la soirée à imaginer toutes les fins possibles, qui pour une fois, finissaient toutes bien. Visiblement, elle n'avait pas la même vision que moi, bien que je m'efforcais de lui prouver par tous les moyens que j'étais sincère.
- Je crois qu'il est préférable que ... tu rentres, murmura t-elle.
- Ce n'est pas exactement ça que tu veux me dire. Est-ce que je me trompe ?
Mon ton était dur, froid et cassant. Elle avait volé mon cœur, et là, elle le piétinait comme une vulgaire chaussette sale. Je n'avais pas l'habitude qu'on joue de moi. J'avais été sincère et pur, et elle s'était foutue de moi. Et ça faisait franchement mal.
- William, tu as ton monde, ton appartement, tes amis, ton travail, les tournée. Moi je vais avoir un bébé et ... et je ne veux pas te retenir ici. Ou ailleurs. Et t'empecher de vivre ta vie comme tu le souhaite. Parce que un jour tu rencontreras une fille qui te correspondra et ...
- Tu me correspond, la coupai-je.
- Une fille qui aime ton monde, qui est prête à te suivre corps et âme et avec qui tu pourras construire ta famille ...
- Donc c'est ça ta solution ?
- Il faut que je te rende ta liberté. Ce n'est qu'une banale histoire de vacances.
- Est-ce que j'ai mon mot à dire ?
Elle hocha la tête silencieusement. Ses yeux, qu'elle avait enfin relevés vers moi, exprimait la tristesse ultime.
- Je peux rester, continuais-je. M'installer ici je veux dire.
- Ce n'est pas qu'une question de lieu William.
- Alors quel est le problème à la fin ? dis-je en tapant dans le volant.
Elle sursauta suite à mon excès de nervosité. La situation m'échappait.
- Des photos sont sorties et ... on raconte beaucoup de chose. Et à vrai dire je me pose les mêmes questions qu'eux.
- Il ne faut pas lire ces conneries Rachel. Ils spéculent sur une simple photo prise dans un bar à la con.
- Je sais, mais c'est plus fort que moi. Je ne suis pas prête à affronter ça. Et puis, pourquoi moi ? Et pour combien de temps encore ? Je préfère me protéger. Nous protéger.
- Donc tu te fis plus à une bande de trouillard qui écrivent derrière leur ordi pour combler le vide de leur misérable vie, plutôt ce que je te dis, moi ? erructais-je
- C'est ce que je ressens William. Je te plais maintenant ... mais demain ça sera différent. Le bébé sera là et ...
- Arrête d'utiliser ton bébé comme ton ultime excuse, criais-je.
Elle baissa de nouveau la tête et se concentra sur ses doigts dont les phalanges étaient devenues blanches tellement elle les malmenait. Je la dévisageai, les poings serrés, le corps tendu à l'extrême, j'aurai pu fracasser le pare-brise avec mon front. Il fallait que je me contienne.
- Tu comprends pourquoi je ne veux plus tomber amoureux.
- Ne le prends pas comme ça William.
- Justement por ça. Parce que je ne veux pas vivre ça.
- Tu n'es pas amoureux, je suis juste un passe-temps.
- Mais ferme là putain !
Je tapais une nouvelle fois sur le volant, plusieurs coup secs et successifs. Elle se recroquevilla dans son siège, contre la portière, le plus éloigné possible de moi. Elle déposa sa main sur la portière.
- Je ne veux pas te retenir et t'empêcher de vivre ta vie.
- Mais putain tu ne comprends rien ? C'est toi que je veux Rachel. Pas une autre. Ni maintenant, ni demain, ni dans 10 ans. C'est toi et moi, hurlais-je ne pouvant plus contenir la rage qui me consumait.
- William, je vais avoir un bébé ... ce n'est pas raisonnable, ni pour lui, ni pour toi.
- Tu pourrais accoucher de 3 bébés en même temps que je ne changerais pas d'avis. Ce n'est pas ton bébé, ou même la distance, ou mon travail, c'est avec toi que je veux être.
- William, souffla-t-elle
- Tu as réussis à t'en convaincre. Qui t'as aidé ?
- Personne
- Je ne sais pas pourquoi tu imagines des choses sur moi. Je suis honnête avec toi, depuis le début. Et toi tu t'es fait tes propres conclusions en pensant des choses complètements débiles sur nous. Je ne sais pas ce que tu penses vraiment, mais je ne veux pas être avec une autre fille. J'en ai rencontré beaucoup, et je n'ai jamais été aussi vivant depuis que je te connais toi. Moi je sais que c'est toi que je veux. Parce que tu me fais rire, tu me rassures, tu me stabilise. J'aime ton rire, j'aime tes yeux, ton corps, ton parfum, j'aime que tu ne comprennes pas le second degré, j'aime que tu sois naturelle et j'aime ton bébé. Et j'aime particulièrement le fait que tu fasses de moi un homme bien meilleur que je ne le suis vraiment.
Je la fixais à bout de souffle. Dans ma poitrine, mon cœur s'effritait lentement. Je pensais que cela ne serait plus jamais possible, mais j'avais l'impression que c'était encore plus terrible qu'après la mort de Louise. Parce qu'il était insupportable de perdre quelqu'un de cher, mais c'était encore plus insupportable de savoir qu'elle pourrait être à quelqu'un d'autres.
- Donc ce n'est pas raisonnable, repris-je amer. Tu sais ce qui me déçois le plus, ce n'est pas que tu veuille que ça se termine comme ça, ou que tu fasses ton choix sans m'avoir fait part de tes doutes. Le plus décevant c'est que tu n'es pas capable de me faire confiance.
- Ce n'est pas ça Will, vraiment ...
- En fait t'as raison, la coupais-je à nouveau. Tu n'es pas si différente de toutes ces filles, la différence c'est qu'elles, elles assument leur égoïsme.
- C'est pour toi que je fais tout ça.
- Avoues, avoues que tu as peur. Tu as eu peur de sortir de chez toi pendant 6 mois, peur de me voler ces kinders dans mon caddie, peur quand tu as croisé Maxime à la sortie de ce bar. T'es une trouillarde, c'est tout ce que tu es. Et tu ne vaux rien de plus.
Je me reculais dans mon siège. Mon cœur s'était vidé, l'émotion avait été remplacée par la haine.
- Et je ne pensais pas tomber un jour amoureux d'une trouillarde. Sors maintenant, il n'y a plus rien à dire.
Elle baissa une nouvelle fois les yeux, pour cacher ses larmes qui coulaient le long de ses joues. Je désamorcerai la fermeture automatique et elle quitta le véhicule sans oser me regarder.
La porte n'avait même pas claqué que je démarrais en trombe la laissant seule dans le vent glacial du mois de décembre. JE ne pouvais pas me retourner, je ne voulais pas me retourner, parce qu'en quelques minutes, elle m'avait définitivement brisé.
Je n'avais pas gout à rentrer au chalet, un bar était encore éclairé, j'entrai. La serveuse, une blonde au t-shirt trop court et aux seins trop gros me sourit lorsque je m'assis au comptoir.
- Une vodka, demandai-je.
- Et mon numéro, répliqua-t-elle en me tendant une serviette.

La Magie de Noel ~ Dj Snake  Où les histoires vivent. Découvrez maintenant