22.

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- Ca deviendrait presque une habitude.
Assis devant le piano, William jouait doucement une mélodie qui ne m'était pas inconnue, mais dont je n'arrivais pas à retrouver l'air. Il me sourit et se décaler légèrement sur le tabouret pour que je m'assoie à côté de lui.
Il déposa un baiser sur mon genou nu, lorsque je le remontai pour y déposer mon menton.
- Tu m'apprends ? lui demandais-je
Je déposais un doigt sur la touche devant moi. Il me prit la main et me fis jouer un semblant de mélodie, plus ou moins hasardeux.
- Tu sais que tu es la seule à me voir jouer depuis longtemps.
Je replaçais mes mains le long de mon corps et repris ma position initiale, mon menton sur le genou.
- C'est quoi ton histoire à toi ?
- Je n'ai pas d'histoire
- Tu es en colère William. Continuellement en colère. Je le sens.
Il lâcha ses mains sur les touches qui s'activèrent dans un vacarme. Je lui mimais de faire attention pour éviter de réveiller les autres. Je déposais ma main sur sa joue.
- Je ne te forces pas à en parler si tu n'en as pas envie. Mais sache que je sois là, si tu en as besoin. Je retourne au lit, j'ai trop froid.
Je lui déposais un baiser sur la tempe avant de me relever. Il m'attrapa par le bras pour me stopper, et me somma de m'asseoir sur ses genoux.
- Je n'y arrive pas, commença-t-il
Je l'encourageais du regard. Nous ne nous connaissions pas encore parfaitement, mais je savais que cette conversation allait être plutôt difficile pour lui. Je caressais sa nuque pour l'encourager à continuer, et lui faire sentir qu'il n'était pas obligé s'il ne voulait pas en parler.
- Une partie de moi est vide. Depuis ma vie est une succession de mauvais choix, que je fais payer à tout le monde malgré moi.
- Que tu fais payer à qui ? m'hasardais-je
- A Lila, en tout premier. A Sonia, Seb et tous les autres qui gravitent autour de moi.
- Pourquoi Lila ?
- Elle lui ressemble tellement.
- Elle, qui ?
- Louise, sa maman.
- Elle est partie ?
- Elle est décédée.
- Oh, je suis désolé.
- Ne le soit pas. On s'est disputés le soir de noël. La voiture a glissé sur une plaque de verglas. Lila était prévue pour le mois de mars. Ils ont dû la faire accoucher en urgence. Elle l'a vu crier, puis elle est morte. Et je m'en veux, tous les jours de ma vie, parce que je le fais payer à Lila, alors que ce n'est absolument pas de sa faute. Et je m'en veux d'avoir été à l'origine de la mort de sa mère.
- C'est pour ça que tu n'aimes pas noël, dis-je en lui enserrant les épaules
- T'as compris. Et après ça j'ai pris des tas de mauvaises décisions.
- Tu étais juste malheureux.
- Je le suis toujours, répondit-il las. Je déteste regarder Lila et déceler des traits de sa mère, je regrette de pas pu lui avoir dit qu'elle avait changé ma vie grâce à la naissance de ma fille, je déteste le regard que mes amis posent sur moi, sachant pertinemment que je suis le pauvre gars veuf de 35 ans et je me hais de n'avoir jamais été là pour l'anniversaire de Lila. Et aujourd'hui je m'en veux, parce que j'ai la trouille de ma vie de retomber amoureux. Juste parce que je ne veux pas revivre ça. Alors je m'empêche d'aimer qui que ce soit.
Il repoussa une mèche de mes cheveux derrière mon oreille et glissa sa main sur ma cuisse dénudée. Il déposa un délicat baiser sur mon front.
- Tu sais, Lila à peut être juste besoin de son papa. Comme il ne lui reste plus que toi. Elle lui ressemble c'est un fait, mais elle te ressemble aussi beaucoup
- Je sais, et c'est ça qui me fait le plus souffrir. Qui nous fait le plus souffrir, souffla-t-il
- Tu l'aimais très fort ?
- C'était la mère de mon bébé. C'était passionnel, mais c'était malsain. Elle en est morte, répondit-il. Et ce qui me fait le plus peur, c'est que ça me le fait avec toi. Tu m'attires Rachel, je ne peux pas être loin de toi plus de 5 minutes.
- Tu penses que je suis une mauvaise décision ?
- Je pense que tu es une des meilleures décisions que j'ai prises depuis 4 ans.
Je risquais un demi-sourire qui fut bientôt engloutie dans un baiser.
- Tu me fais du bien Rachel. Et je ne parle pas de tout ce que tu as pu me faire hier soir, répondit-il un brin salace.
Je lui donnais une légère tape dans le dos avant qu'il ne reprenne l'assaut de ma bouche. Mes mains glissèrent dans ses cheveux et mon corps parie à sa rencontre en se cambrant. Il passa ses mains sous mes fesses et me déposa sur le piano, qui cria des notes plus ou moins douteuses sous mon poids.
- Je ne joue plus, dit-il en embrassant mes chevilles
- Je sais, et ça me fait peur William, comment on est censé faire ?
- On improvise, répondit-il en remontant le long de mes jambes.
Ses baisers se faisaient plus insistants. Ses mains pétrissaient mes fesses tandis que sa bouche traçait un chemin jusqu'à mon intimité. Il embrassait l'intérieur de mes cuisses en insistant prestement vers ma petite culotte.
- Tu évites la conversation ? soufflais-je
- J'improvise, je t'ai dit, souffla-t-il lorsqu'il déposa un baiser sur mon sexe. J'ouvre des perspectives. Et je n'ai absolument pas envie de dormir, continua-t-il tout en langueur.
Je remuais légèrement et le piano s'activa de nouveau. William se leva et attrapa ma main pour nous diriger vers la chambre.
Il ferma la porte à clé lorsque nous furent enfin à l'abri des regards, avant de fondre sur moi pour me faire basculer sur le lit
- Tu n'es pas fatigué ? minaudais-je
- Je vis la nuit et je peux également te donner de très bonnes raisons de rester réveillée encore quelques minutes, dit-il en recouvrant mon corps
- Je n'en doute pas. Et la perspective d'une nuit blanche me tenterait presque
- Tu n'as jamais fait de nuit blanche ?
- Non, avouais-je
- Jamais ? Pas de sexe jusqu'à ce que le jour se lève. L'orgasme qui couvre le chant du coq ?
- Il n'y a pas de coq ici.
- Ta vie sexuelle est vraiment merdique. Maxime est merdique. Il est 3h du matin, je vais donc t'offrir la nuit entière, jusqu'à ce que tu tombes d'épuisement.
- On improvise, soufflais-je
- Si tu veux, mais il y a une chose dont je suis sûre : tu es à moi.
- Est-ce que c'est réciproque ?
- Ca t'inquiète ?
Bien sûr que j'étais inquiète, on lui prêtait une relation différente chaque soir. Et elles étaient la plupart du temps, toutes blondes. Il se redressa sur ses genoux et j'en profitais pour m'asseoir face à lui.
- Rach, tu crois que ...
- William, je lis la presse, les réseaux sociaux. Ton passif ne joue pas réellement en ta faveur, le coupais-je
- J'ai été clair avec toi. Je suis sincère.
- Il ne reste que 15 jours avant que tu ne rentres à Paris et ...
- Et je ne compte pas reprendre mes habitudes. Aucunes habitudes d'ailleurs.
Il n'avait aucun argument si ce n'est me proposer de lui faire confiance. Et je voulais lui faire confiance, mais je sautais dans le vide, et ça me terrorisait.
- Est-ce que tu veux ... qu'on officialise ? Ou un truc du genre ?
- Non, surtout pas, répondis-je. Je vais avoir la moitié des blondes de cette terre aux trousses. Je ne veux pas devenir une cible vivante.
Je déposais un baiser sur ses lèvres pour le rassurer. Il releva ses yeux vers moi et c'est à cet instant précis que je sus que je ne pourrais jamais faire sans lui. Il attira de nouveau ses lèvres sur les miennes et accrocha mes reins pour que je me rapproche un peu plus de lui. Je sentis mon cœur s'emballer lorsqu'il noua ses doigts aux miens. Maintenant il y avait plus, plus parce que j'étais en train de perdre le contrôle. Plus parce que mon cœur se calait sur le rythme du sien. Plus parce que la perspective de sortir un jour de cette chambre me donnait la nausée. Il sentit que je réfléchissais, et me serra un peu plus fort contre lui, pour me rassurer.
- Tu m'as promis une nuit entière, soufflais-je contre sa bouche. Et le jour va bientôt se lever
- La porte est fermée à clé. Je peux demander à Sonia d'évacuer tout le chalet jusqu'à demain soir si ça te tente.
Il déposa une main sur mon ventre où le bébé s'agitait. Il me sourit franchement lorsqu'il sentit les légers coups de pieds.
- ça m'a fait du bien de te parler d'elle
- J'ai aimé que tu te confis. Ne te flagelle pas trop William. C'était écrit c'est tout.
- Tu arrives à me faire oublier un peu tout ça et je te remercie.
- Il ne faut pas oublier, mais vivre avec.
- Je me suis mal exprimé : ton cul d'enfer m'aide à oublier un peu tout ça. Retourne-toi.
Je cédais et m'allongeais sur le lit en remontant mon tshirt pour qu'il puisse admirer mon derrière.
- Personne ne m'a dit que mon cul était d'enfer.
Il se pencha de nouveau et jeta un coup d'œil mesquin à mes fesses
- Définitivement, spectaculaire. Et seulement à moi.

La Magie de Noel ~ Dj Snake  Où les histoires vivent. Découvrez maintenant