23.

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- J'en ai marre, j'ai déjà pris 2 kilos depuis le début des vacances. Comment tu as fait ?
- J'en suis à 10 et j'arrête de compter, pouffais-je.
Sonia avait tenue à ce que nous prenions un café ensemble. J'avais d'abord été surprise de cette attention, puis je m'étais dit que ça ne pourrait qu'être bénéfique puisque c'était une des personnes qui connaissait le mieux William.
Lila dessinait à côté de nous, silencieuse, et concentrée à ne pas dépasser des limites.
- Vous allez à cette soirée du coup ? m'interrogea-t-elle
- Oui je pense.
- Toujours pour ce Maxime ?
- Je pense que tu as compris que Maxime est le cadet de mes soucis, rougis-je.
- C'est ce que j'avais compris. Je voulais juste te l'entendre dire. William ne dit rien. On a bien remarqué ce qu'il s'est passé entre vous, puis on te voit au chalet quasiment tous les jours donc on n'est pas dupes. J'ai donc tiré mes propres conclusions, et j'ai visé juste.
Mal à l'aise, je tentais de me distraire en grignotant un bout de brioche que Sonia avait commandée pour le gouter.
Elle avait raison, j'avais passé beaucoup de temps au chalet ces derniers jours pour me convaincre. J'étais toujours dans le doute, mais William y croyait fermement lui, et ça me faisait du bien qu'il soit aussi insouciant. Nous nous étions enfermés dans cette bulle hermétique à l'extérieur et la vraie vie. Mais elle allait bientôt éclater, je le savais mais j'essayais de ne pas y penser trop souvent.
- Je suis désolé de m'être autant imposée, commençais-je
- Oh, non ! ce n'est pas ce que je voulais dire. J'étais super contente de passer du temps avec toi. Est-ce qu'on t'a donné cette sensation ?
- Non pas du tout. Mais c'était vos vacances et ...
- C'était des vacances pour que William décompresse. Et c'est ce qu'il a fait. Et je suis ravie qu'il l'ait fait avec toi à vrai dire.
- Avec moi ?
- Oui, tu l'as beaucoup aidé. Il ne l'avouera jamais, mais je le vois. Il est plus calme, moins tendu. Et il a même été au studio hier soir, c'est pour dire. Tu lui fais du bien Rachel. Tu es l'opposé de ce qui l'attire et c'est ça qui lui faut. Une fille simple, ancrée dans la vraie vie. Et qui écrit de super bouquins, d'ailleurs, je n'ai pas encore acheté le dernier.
- Je te l'offrirais, dis-je en souriant.
- En tout cas, je vois la façon dont il te regarde, dont il te cherche quand tu n'es pas dans la même pièce que lui ou quand il veut te garder près de lui en permanence.
- Ce n'est pas si difficile de s'y attacher
J'avais répondu sur un ton neutre, et Sonia le remarqua. Elle ne fit cependant aucun commentaire supplémentaire.
J'avais trop d'interrogations pour être pleinement satisfaite de cette relation naissante. La soirée d'inauguration était prévue demain, noël dans 3 jours, et je savais que ça marquerait la fin de son séjour ici. D'ici moins d'une semaine, William repartirait sur la capitale et je ne serais qu'un vague souvenir de vacances.
- Sonia je ... je ne sais pas comment gérer ... la suite, avouais-je
- Qu'elle suite ?
Sa remarque me fit tiquer. Elle aussi pensait que c'était simplement une idylle de vacances ?
- la suite ... enfin... lui et moi. On ne vit pas tout à fait au même endroit, balbutiai-je
- Vous n'en n'avez pas parlé ?
Je secouais la tête vaguement honteuse. J'avais essayé d'aborder le sujet plusieurs fois, mais les arguments de William pour me faire dévier de la conversation étaient imparables. Cela m'arrangeait peut-être aussi un peu, et je n'avais pas vraiment insistée pour que nous ayons cette discussion, vivant l'instant présent.
- Je ne suis pas stupide, repris je. Je vis ici, lui à Paris. 800 kilomètres nous séparent, quand il n'est pas à travers le monde
- Il me semble que nous avons le wifi à Paris aussi. Tu peux peut être écrire là bas ?
- Je ne parle pas que de la distance. Il y a aussi les médias, les fans, et son train de vie ... différent.
- Les paparazzis sont ici aussi non ?
- Sonia, nous sommes tellement différents. Nous avons deux mondes diamétralement opposés. Je n'étais pas sortie de mon appartement depuis le mois d'aout. Lui est tous les soirs en boite de nuit.
- Tu sais, je me suis toujours persuadée que Will rencontrerait une fille comme toi. Normale.
- Je suis enceinte, tu penses que c'est normal ?
- C'est un détail. Bientôt tu ne le seras plus.
- Tu penses qu'il veut vraiment s'occuper d'un bébé qui n'est pas le siens.
- Il savait ce qu'il risquait. Will adore les enfants. Avoir des enfants est son but ultime dans la vie. Les paillettes, les soirées, les filles, c'est éphémère tout ça. Lui il veut juste une famille qu'il puisse retrouver en rentrant. Sa famille.
- Mais cette vie à l'air de lui plaire aussi, le sexe débridé, changer de fille régulièrement et ...
- Quand je disais « normale » je voulais surtout dire équilibrée.
- Mais ce genre de fille distrayante lui plait
- Rachel, je t'assure que ...
- Je ne suis pas jalouse Sonia. Mais je vais accoucher dans un peu plus d'un mois. Tu penses que quand il rentrera à Paris et que je l'appellerai pour lui dire que je suis maman, il ne se rende pas compte de l'erreur qu'il a commise ? Il va vagabonder et se rendre compte que je n'en valais peut-être pas la peine et que je suis plus un poids qu'autre chose.
Ma conclusion se suspendit dans les airs, sans que Sonia ne réplique quoique ce soit. La nervosité m'envahissait toujours un peu plus et je n'oserais finalement jamais aller parler à William de notre éventuel avenir. Je me voulais réaliste. Ça ne fonctionnerait jamais.
- William a couché avec énormément de fille. Énormément. Mais aucune n'est jamais venue diner à la maison. Je ne l'ai jamais vu regarder Louise comme il te regarde toi. Donc tu ne devrais pas t'inquiéter.
- Je ne veux pas m'acharner sur mon sort mais regarde-le. Et regarde-moi c'est juste... improbable.
- Tu n'es pas fatiguée de réfléchir autant ?
- Je ne réfléchis pas. J'anticipe la déception.
- Je le pensais fou, mais je crois que tu l'es encore plus que lui. Décidément, vous vous êtes bien trouvés, définitivement, rigola-t-elle.
- Sonia, tu vis avec lui et ...
- Tu sais quoi Rachel, tu devrais juste lui faire confiance. Tu sais, j'ai rencontré Seb à Ibiza, alors que j'étais le genre de fille rat de bibliothèque. J'avais été trainé par mes amies pour perdre ma virginité. J'avais 22 ans. J'ai rencontré Seb. On a vécu une relation à distance pendant 2 ans, puis j'ai déménagé. Et je n'ai jamais, jamais regretté ce choix. M'a-t-il trompé ? Je ne le saurais jamais, et tu sais quoi ? Je m'en fiche. Parce qu'aujourd'hui je sais que je l'aime, qu'il m'aime et nous allons avoir un bébé, et c'est l'accomplissement de ma vie.
- Je vais avoir un bébé
- Et alors ? Tu penses qu'il ne l'a pas remarqué ? Tu penses qu'il t'aurait regardé ne serait-ce qu'une seconde si tu ne l'intéressais pas ? Franchement Rachel, je vais peut-être, être direct mais justement, William n'est pas le genre d'homme à se prendre la tête avec les femmes.
- Donc d'après toi, je devrais continuer ?
- Qu'est-ce que tu veux toi Rachel ? Toi et seulement toi ?
Elle avait raison, je tournais en boucle toutes les raisons pour que William me quitte. Mais qu'est-ce que moi je voulais réellement.
- Toi, est-ce que tu es sûre de toi ?
- J'ai des difficultés avec l'attachement. J'ai souvent été rejeté, encore plus après l'annonce de ma grossesse. C'est aussi pour ça que je me blinde, pour éviter d'être malheureuse. Mais aujourd'hui je ne pourrai faire sans lui. C'est pour ça que j'essaie d'éviter de l'avoir dans la peau avant qu'il ne soit définitivement trop tard.
- Tu l'as déjà dans la peau ma belle. Écoute Rachel, il faut être sûre. La vie de couple est difficile, à distance encore plus. Mais ça fonctionne, si vous le voulez tous les deux.
- Je suis terrifiée, dis-je. J'allais avoir un bébé, seule, je n'avais eu aucunes interactions sociales depuis plusieurs semaines et voilà que William déboule dans ma vie et ...
- Et vous tombez amoureux, termina Sonia à ma place.
J'écarquillais les yeux paniqués à cette révélation. J'en étais juste à me demander comment j'allais gérer la soirée de demain, puis la séparation. Mais pas prête à entendre ça maintenant.
- Il l'est, affirma Sonia
- Maintenant je suis réellement terrifiée.
- Il me l'a dit, continua Sonia
- Est-ce qu'il y a un mot plus fort que « terrifié » ?
- Je n'en sais rien. Mais c'est comme ça, et tu dois faire avec, rigola-t-elle. Tu as déjà connu des hommes, William est un homme comme un autre.
- Maxime rentrait tous les soirs à la même heure. Tous les week-end il partait en randonnés avec son frère et son cousin. Et quand il avait éventuellement quelques minutes à m'accorder, nous faisons l'amour, quand il n'était pas trop fatigué.
- Reste avec William, ce sera bien plus drôle. Parlez-vous Rachel. Vous vous voyez demain, discutez et prenez une décision, pour vous deux.

La Magie de Noel ~ Dj Snake  Où les histoires vivent. Découvrez maintenant