Chapitre 1

210 13 2
                                    


- Sierra ? Si tu m'entends ma belle, il est temps. Il est temps d'ouvrir les yeux. Ta maman m'a dit qu'ils étaient d'un vert étincelant. Que ton regard était aussi vaste et puissant que la forêt du grand Ours. Moi aussi j'aimerais pouvoir les admirer. Aller ma belle, je sais que tu peux y arriver.

Ma mère m'a toujours dis qu'elle pourrait se perdre dans mon regard qui la faisait voyager dans la forêt du Grand ours, elle se situe en Colombie Britannique, sur la côte pacifique du Canada. C'est mon endroit préféré sur Terre, mon paradis à moi.

Cette forêt a été sanctuarisée et j'ai milité pour ça ! Elle abrite 26 communautés amérindiennes et elle assure la protection de l'ours Kermode qui n'est présent que dans cette zone. Ces ours sont l'esprit même de la forêt.
L'endroit est paisible, calme et silencieux. La lumière est tamisée par les grands arbres qui nous surplombes, seul quelques rayons de soleil parviennent à se frayer un chemin. Nos pas sont calfeutrés par la mousse sous nos pieds quand on se balade. L'air humide est rassurant. Seul le bruit des cascades ou des étendues d'eau vous berce et quand on s'approche de plus près. L'eau d'un bleu profond peut vous surprendre en vous laissant apparaitre un orque ou un banc de saumon. Rien au monde n'égale ce sentiment de liberté qu'on peut ressentir là bas.

Doucement, je parviens à ouvrir les yeux mais la pièce est si lumineuse que ce simple geste me demande un effort surhumain.
Je distingue difficilement une silhouette dos à moi, une femme aux cheveux longs et bruns tapote sur un écran. Je referme les yeux un instant, le temps de m'habituer à la luminosité puis les rouvrent avec un peu moins de difficultés que la fois précédente.

Elle est assez fine et très grande mais il ne me semble pas la connaitre. Je ne parviens pas à parler, une gêne assez forte se fait ressentir au niveau de ma gorge, et mes membres sont très engourdis.

Lorsque la femme se retourne vers moi et me voit, elle semble choquée. Les yeux ronds, elle se dirige en courant vers la porte.

- Ne bouge pas Sierra ! J'arrive ! J'arrive tout de suite ! Tout va bien, n'essaie pas de parler ! Tout va bien, j'arrive ! J'ARRIVE ! Me crie-t-elle en s'éloignant.

Encore groggy, j'observe lentement autour de moi. A part les bip incessants et cette pièce d'un blanc immaculé, il ne me faut pas très longtemps pour comprendre où je suis, à l'hôpital.

Je ne ressens aucune douleur, mais un tuyau dans ma gorge m'empêche de parler et me gêne. Un autre dans mon nez m'insuffle de l'air en continu. J'ai beau chercher, aucun souvenir ne me revient.

Les bip bip de la machine à ma gauche accélèrent et je ressens une pression énorme s'abattre sur ma poitrine. Je suffoque, me noyant dans l'air qui m'est insufflé. J'essaie de me débattre contre cette marée de panique qui me submerge, arrachant ma perfusion dans la débâcle. Mes oreilles se mettent à siffler, mon rythme cardiaque est de plus en plus rapide, et respirer devient de plus en plus compliqué, puis...

Plus rien, ce vide, ce silence assourdissant familier... Le néant... Encore ? Il me semble avoir déjà ressenti ce sentiment de solitude absolu...

Au loin quelques voix me parviennent...

- Désintubez la ! ordonne une voix masculine.

-A vos ordres mon général ! répond une voix féminine.

-Avez vous appelé les Barnet ? demande l'homme agacé.

- Non je n'ai... enfin je suis... Je suis tout de suite venue vous chercher et je ...

- Qu'est ce que vous attendez Jenna, que je le fasse moi-même !? grognat l'homme.

- Non, bien sûr que non mon général, j'y vais de suite, lui répond Jenna.

Au nom de nos souvenirsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant