Chapitre 25

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Un hurlement s'échappa de mes cordes vocales alors que les larmes coulaient depuis des heures. Ou bien étaient-ce des jours ? Elle s'amusait à m'arracher les dents, les ongles ou bien la peau, analysant au passage ma capacité délirante de régénération. Et quand ce n'étaient pas des mutilations, c'étaient les coups qui tombaient.

Nous n'étions pas à l'académie, la chaleur étouffante qui englobait la pièce sombre me l'informait. Je n'en savais pas plus, ils m'avaient foutu un sac ou je ne savais quoi sur la tête pour que je ne puisse pas m'orienter.

— Pourquoi ? demandai-je faiblement, crachant vaguement le sang qui noyait ma gorge. Ça fait... des heures... que je te dis... que je n'ai rien... à voir avec lui... que tout... tout ce qu'on a fait... c'est coucher... rien qu'une fois... une fois... ensemble. Alors... pourquoi ?

Elle planta son couteau dans ma cuisse droite. Avec la gorge sèche, j'avais du mal à parler, à pleurer, même à hurler, je n'en étais presque plus capable. D'autant plus que je n'avais pas bu une seule goutte d'eau, ni mangé depuis mon arrivée. Elle m'ouvrit en grand l'artère fémorale, le sang giclant toujours de manière si vive sur elle. Quelques secondes plus tard, le sang ne coulait plus. Alkaïne s'acharnait pour limiter les hémorragies, laissant certaines blessures pour les guérir plus tard. Je pouvais la sentir, aussi faible que moi, alors qu'elle restait dans le champ pour ne pas se dévoiler plus. Elle peinait à rester réveillée.

— Pourquoi ? ria-t-elle en bombant le torse. Parce que te faire souffrir détruit à petit feu ma petite Alhéna. La voir tourner en rond dans l'appartement. La voir perdre du poids sous l'inquiétude, la voir te chercher, pleurer. Quel délice.

Et je compris que ce n'était pas Thuban qu'elle visait. Ce n'était pas moi non plus, c'était toujours Alhéna. C'était pour ça qu'elle se moquait de ce que je disais, que quoi je dise, elle n'en aurait jamais assez.

Elle ne s'arrêtera donc jamais ?

"La prochaine fois que quelqu'un vient, demande à voir un chercheur de vérité."

C'est quoi ça ? Quelqu'un qui trifouille les souvenirs ?

"On peut dire ça", s'amusa-t-elle légèrement.

Et qu'est-ce qu'on fait s'ils apprennent pour toi ? Pour le sýndesmos.

"C'est mieux ça que de mourir d'épuisement. Je ne sais même plus depuis combien de temps, on est là. Je ne pense pas encore tenir longtemps, Nidyrka... "

Je peinais à réprimer une grimace, qui en soi était cachée par un morceau de peau arraché, alors que sa voix exprimait l'urgence de la situation. J'avais presque envie d'abandonner, d'inventer une version pour me faire tuer une bonne fois pour toutes.

Je veux juste que ça s'arrête. Les larmes ne coulaient même plus.

"Ils t'attendent Nidyrka, ne perds pas espoir. Ça finira par s'arrêter."

Elle avait raison, mais je n'avais jamais eu ce sentiment d'être aussi impuissante, mis à part la fois où j'avais failli perdre Alhéna. Je pensais qu'avec mon Dona et mes pouvoirs, que ce sentiment allait s'améliorer. Mais la vie me prouvait juste une fois de plus à quel point j'avais tort.

Je somnolais désormais, peinant à garder conscience. Ça aurait été plus simple de tout simplement m'effondrer. Même le petit bouton qui me permettait de supprimer mes émotions quand j'en ressentais trop, refusait de s'enclencher. Celui-là même qu'Alhéna déclenchait pour me sédater avec son chant. Et pour des raisons obscures, je n'étais pas du tout capable de me transformer en mon Dona ou de changer de taille, même si je ne contrôlais pas encore ce changement, il devait y avoir quelque chose en plus pour m'en empêcher.

A Medley Of Furs, Feathers And Scales - Tome 1 : Sýndesmos [Premier Jet]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant