Chapitre 7

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Sur le chemin du retour, après notre escapade pour aller chercher nos uniformes et les barils, j'avais réalisé une chose. Je pouvais sentir les phéromones. J'avais déjà, avant, senti celles de Gemma, lors de notre débriefing, bon ça encore tout le monde semblait les avoir senties. Mais ce qui me terrifiait, c'était celles de Nimbus. Les autres ne semblaient pas encore en avoir pris conscience, alors que beaucoup trop de personnes gravitaient autour de lui. Je pensais alors à mon envie irrépressible d'avoir le même style de vêtement que lui.
    Non, je ne pouvais pas être une Dona récessive quand même.
  Je me rongeais les ongles, des sueurs froides glissant le long de ma colonne vertébrale. Mais je pouvais sentir ses phéromones, allez savoir pourquoi, maintenant j'étais capable de réaliser que c'était bien ses phéromones qui m'avait mis dans cet état.
    Maintenant que j'en ai conscience, elles ne m'affectent plus. Est-ce que lui en a conscience ? Je me demandai.
  Je divaguai un instant mon regard vers sa direction et sur son corps puis je me collais une gifle. J'étais alors déterminée.
  Une fois rentrée, j'irais au laboratoire et je prendrais une fiole de ses phéromones pour m'immuniser, je devais au moins essayer.
  Il avait beau avoir seulement vingt et un ans, comme tous ceux de notre promotion, il avait de puissants phéromones, j'étais persuadée que des scientifiques avaient dû en prendre un échantillon, de son parfum, et qu'ils devaient l'étudier.

Alhéna était choquée par tout ce que je lui avais raconté

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Alhéna était choquée par tout ce que je lui avais raconté. Erraï était déjà parti avec son groupe, et Calx, lui, était allé voir une de ses connaissances, nous n'étions que toutes les deux dans l'appartement.
    Je n'y crois pas que tu lui ai tout raconté, se méfiait là louve.
  Je faisais confiance à Alhéna, quelque chose, autre que ma partie lupine, me criait que je pouvais tout lui raconter. Et ce qu'elle avait fait pour moi aujourd'hui me le confirmait.
    T'es tellement conne, tu es d'une naïveté enfantine. Je te jure, t'es pas croyable.
  Elle avait raison, mais j'avais envie de tenter, je ne pouvais pas avoir peur de tout, de tout le monde. Je ne pouvais pas vivre en étant paranoïaque.
  Alkaïne continuait de me faire la leçon, mais je l'ignorais. Ça se voyait qu'elle s'était faite poignarder dans le dos, et pas qu'une seule fois.
    Je ne veux pas de ta pitié, Nidyrka. Tu ne sais rien.
  Je reportais mon attention sur Alhéna. Elle avait refusé de récupérer le sweat noir, elle était désormais persuadée que j'avais manqué de mourir parce que je l'avais retiré.
  —Arrête avec tes conneries, c'est juste ma maladresse qui a causé tout ça.
  Elle se mordait les lèvres.
  —Tu n'as rien à te reprocher. Je suis en vie, tu vois?
  Je pris sa main et la posai sur mon cœur.
  —Mon cœur bat, je n'ai pas la moindre égratignure, c'est fini.
  Je fis une pause.
  —Et puis, au moins on sait que je suis difficile à tuer.
  Elle rigola entre deux pleurs.
  —Tu n'as pas tort.
  Son regard se porta sur ma tête.
  —Je n'arrive pas à croire que tu peux parler à ton Dona. Ta louve ? J'en sais rien, c'est dingue. Tu sais, comme je suis née dans le coin, j'en ai entendu des choses sur les Dona, depuis que je suis petite, mais jamais de quelqu'un capable de parler à son Dona, même après la première transformation.
  Je soupirai.
  —Arrêtons d'en parler, ça va finir par déclencher une nouvelle crise de migraine.
  Je me levai alors.
  —Bon, faut que je remette mes piercings.
  J'allais à la salle de bain face au miroir. J'étais toujours perturbée, mais je me sentais mieux, j'avais quand même appris une chose importante au sujet d'Alkaïne, et ma vie semblait avoir un peu plus de sens.
  Je pris le piercing de ma lèvre inférieure et allai le mettre, mais il n'y avait plus de trou.
  —Non! Criai-je.
Alhéna se précipita dans la salle alors que je vérifiai mes oreilles.
  —Non, non, non. Nooooon.
  Je retirai alors mon sweat-shirt et observais mon épaule. Là où il y avait un tatouage d'un loup qui se débattait, essayant de se détacher d'une corde.
  Ma peau était nue. Plus de tatouage. En revanche, les deux grosses cicatrices sur mon cou et ma main et toutes les petites étaient toujours là.
    Pourquoi mon tatouage a disparu alors que mes cicatrices sont toujours là ?
    Parce que ce sont mes cicatrices, dévoila la louve.
  Je me laissais tomber.
  —Tout mais pas ça.
  Je pleurais, et Alhéna, ne comprenant pas, se contenta de me prendre dans ses bras pour me bercer.
  —Qu'est-ce qui t'arrive Nidyrka?
  —Mon tatouage a disparu. Mes piercings. Les trous. Ils ont...
  Je ne parvenais plus à parler, et je n'étais même pas sûre qu'elle comprenne quoi que ce soit.
  —Tu peux te refaire tes piercings. Tu peux te les refaire. Ce n'est pas grave.
  Elle ne disait rien au sujet de mon tatouage. Je lui décrivais, mais on savait toutes les deux que même avec une photo, même si on parvenait à le refaire, c'était impossible de le reproduire à l'identique. Que ce soit la position, ou le style.
  Certains des piercings, je les avais fait moi même, certains de ceux aux oreilles.
    Je ne conseille à personne de le faire, surtout sur Terre, il faut avoir une capacité de cicatrisation exceptionnelle pour les faire soit même, ou être un professionnel.
  Néanmoins, pour celui de la lèvre, il fallait que je trouve quelqu'un pour me le faire.
  —Et si je les faisais moi-même, et au pire si je rate je n'ai qu'à retirer l'aiguille, et voilà, de toute façon je ne peux pas faire d'infections.
  Alhéna grimaça.
  —T'es timbrée.
  —Je sais, je souriais comme si je venais de recevoir un compliment.
  Je le savais. J'avais toujours eu tendance à céder à des pulsions. J'étais incapable d'économiser, et parfois, je finissais juste par me faire mal, volontairement ou pas.
  La teinture de mes cheveux en était aussi un exemple, j'avais souvent besoin de changements, mais ça faisait déjà trois ans que j'étais restée sur cette couleur.
  —Je le ferai, avec ou sans ton aide.
  Elle arqua un sourcil.
  —T'as gagné, je préfère t'aider. Ça suffit les catastrophes.
  Je lâchais mon sourire des plus victorieux.
  —Héhé.
  —Stop. Il n'y a pas besoin que tu me rappelles que je vais te torturer.
  —Héhé.
  Elle pinça l'arête de son nez, agacée de mes bêtises.

A Medley Of Furs, Feathers And Scales - Tome 1 : Sýndesmos [Premier Jet]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant