Chapitre 14

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Je tombai durement à la renverse sur le tatami.

Savoir ce que j'étais était une chose, mais essayer de donner le contrôle à Alkaïne en était une autre.

Bien que nous ayons discuté et nous étions mises d'accord pour travailler ensemble, lui laisser volontairement le contrôle après ma dernière expérience n'était pas chose aisée. Je ne savais que trop bien que je ne voulais pas revivre cette sensation d'être en cage et ça empêchait Alkaïne de prendre le contrôle.

C'était inconscient. Comme un système de protection. Quelque chose de naturel, comme l'immunité innée. Ou un réflexe. C'était en moi et je n'y pouvais rien.

— Essayons encore une fois, m'incitait Bellatrix en me tendant sa main argentée.

Je lui avais expliqué que j'étais une louve-garou, à la suite de mes recherches. Que c'était la raison pour laquelle j'avais réalisé une telle performance lors de mon combat. C'était l'explication la plus cohérente que j'avais trouvée, sans avoir besoin de mentionner le Syndesmos. Il était préférable de lui dire que je ne contrôlais pas ma transformation.

Deux heures, ça faisait deux heures qu'elle essayait de recréer les conditions de mon dernier combat, pour m'aider à retrouver cette sensation.

Est-ce que j'étais blessée ? Partout. Est-ce que mes os étaient brisés ? L'un de mes bras n'était plus capable d'effectuer le moindre mouvement depuis plus de trente minutes, il pendait le long de mon corps. Est-ce que ça faisait mal ? Évidemment, d'autant plus que l'adrénaline s'était déjà dissipée et je pouvais sentir la douleur me lancer dans chacun de mes membres.

Et je ne guérissais pas, ça aurait été l'un des premiers signes qu'Alkaïne allait prendre le contrôle. Or une barrière d'acier carbone se trouvait entre Alkaïne et moi.

"Tu vas finir par nous tuer si tu ne te détends pas", je pouvais l'entendre faiblement à travers le mur. Elle frappait sûrement, de l'autre côté, me suppliant de lâcher prise.

Bellatrix était floue et en me redressant, j'avais l'impression que ma colonne vertébrale était restée clouée au sol.

L'odeur du sang s'attaquait violemment à mon nez depuis au moins une heure et des acouphènes semblaient s'acharner dans mes oreilles en même temps.

— Tu as l'air au bout du rouleau, s'inquiétait Nath. Ses yeux violets paraissaient déceler chacune de mes faiblesses et un tremblement me parcourrait.

Je ne peux pas abandonner. Je ne peux pas me montrer aussi faible face à elles. Ce sont des...

Je suis un monstre.

Je déglutis et me replaçais en un semblant de position de combat. Les deux femmes échangèrent un regard, comme s'il fallait peut-être mieux prendre une pause ou arrêter pour aujourd'hui.

— Je n'ai pas tout donné, je crachais le sang qui s'accumulait dans ma bouche, si vous voulez partir, je ne vous retiens pas. Je trouverais quelqu'un d'autre pour m'aider.

Un coup d'œil autour de moi me confirmait que la zone de combat était bondée. Depuis l'annonce de Gemma, un grand nombre de personnes s'entraînaient ici. L'odeur de la sueur et du sang s'était mélangée à l'air ambiant.

Et pourtant nous étions à l'extérieur, une sorte de magie semblant servir de plafonnier qui bougeait en fonction de ce que nous faisions, nous protégeait des chutes de grêle en cas d'orage. Un seul mur se tenait derrière les cibles pour les personnes qui lançaient leurs flèches et armes dessus, pour éviter de les perdre dans la forêt dorée qui se trouvait derrière.

A Medley Of Furs, Feathers And Scales - Tome 1 : Sýndesmos [Premier Jet]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant