Chapitre 2

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Le lendemain, j'arrivais tôt au bureau, le lobby était moins animé que la veille. Je badgeais et attendis devant les ascenseurs. Je sentis que quelqu'un passait derrière moi. Je partis dans la direction de l'ascenseur vide. L'ombre qui était passée à côté de moi n'était autre que James Prescott. Il attendit que j'entre dans l'ascenseur pour entrer à son tour, j'appuyai sur le bouton 30, il appuya sur 40. Et c'était parti pour la montée. Sa présence me rendait nerveuse, je retirai mes écouteurs de mes oreilles. Dans un espace aussi restreint, une odeur boisée m'arriva jusqu'aux narines. Un parfum léger et masculin. Etant derrière lui, je pouvais l'observer sans me risquer à croiser son regard, il avait la tête baissée vers son téléphone. Il portait un par-dessus bleu marine en cachemire au-dessus d'un costume gris anthracite et des chaussures de bonnes factures probablement des Berluti à la forme. Cette proximité me rendait mal à l'aise. Malgré moi, mon cœur s'accéléra en voyant ses épaules bouger, je retenais presque ma respiration afin de me rendre la plus discrète possible. Il n'avait pas l'air de se soucier de ma présence. L'ascenseur s'arrêta au 30. Il releva la tête et se glissa sur le côté. Je le frôlai pour sortir.

- Bonne journée, entendis-je.

Le son de sa voix me fit sursauter, je me retournais et le regardai surprise. Il avait une expression impassible. Il appuya sur le bouton de fermeture des portes avant que je n'eusse le temps de répondre quoique ce soit. Mes jambes se mirent à trembler.

En quelques minutes dans un ascenseur, j'avais été complètement décontenancée. C'était clairement le genre d'homme qu'on remarquait dans une pièce bondée. Il avait une vraie présence. Je partis me laver les mains dans les toilettes me demandant encore pourquoi il me mettait aussi mal à l'aise. Je ne l'avais aperçu qu'une seule fois en rendez-vous et il m'avait à peine calculé, je sentais encore son regard dur et froid et un frisson me parcourut le corps. Il y avait autre chose que le fait que ce soit un bel homme et je n'arrivais pas à mettre de mot dessus. Je me regardais dans la glace, bon au moins c'était le matin et j'étais encore fraîche, mes cheveux châtains brillaient sous l'effet des lumières installées au-dessus de la glace. Je fronçai les sourcils à mon reflet : c'était parfaitement ridicule de penser ça. C'était un client ! Je n'avais pas à me préoccuper de s'il me trouvait séduisante, je devais juste être professionnelle. Est-ce que je voulais qu'il me voie comme ça ? Non, non, non ! Je n'avais clairement pas besoin de me rajouter une pression supplémentaire à la gestion de son compte. C'était un client et c'est tout.

Plus tard dans la journée, Georgina m'avait forwardé un mail avec URGENT écrit dans l'objet. J'ouvris et lus :

Bonjour,

Quand pourrai-je avoir les estimations discutées lors de l'entrevue de mardi dernier ?

BR,

J. Prescott

Mon cœur s'accéléra, c'était presque si on l'entendait donner un ordre péremptoire. Les calculs étaient en cours de finalisation. Je me levai et partis dans le bureau de Georgina.

- Tu as vu ? Demanda-t-elle.

- Oui, je suis en train de revoir la version finale.

- Ouf, répondit-elle en soufflant.

- Je l'ai croisé ce matin en arrivant d'ailleurs.

- Tu es arrivée à quelle heure ?

- 7h30.

- Si tôt ?

- Je suis plutôt du matin.

- C'est un choix !

De Paris à New-York : au-delà des apparencesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant