Chapitre 14

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Mon portable vibra sur la table basse alors que je sortais de ma salle de bain les cheveux encore humides.

Stéphane : j'aimerais vraiment qu'on puisse se parler comme deux adultes, je suis à New-York jusqu'à la fin de la semaine, prenons un verre

Comme deux adultes...et le voilà qui me donnait à nouveau des leçons et qui me faisait sentir fautive. Sauf que cette fois-ci, je ne l'étais pas et je ne me laisserai pas avoir. Mon téléphone vibra à nouveau, une notification de mail provenant de Prescott apparu sur l'écran, il répondait à l'envoi des calculs :

Merci Alice

BR,

James Prescott

Je me sentis subitement très seule, loin de ma famille, de mes amis, à l'autre bout de l'Atlantique. Je ne devais pas me laisser abattre, j'avais beaucoup de choses pour être bien. Nouveau SMS reçu :

James : je suis probablement la dernière personne à qui tu as envie de parler. J'ai vu que quelque chose n'allait pas tout à l'heure. Si tu as envie de dîner, de prendre l'air ou de te changer les idées, n'hésite pas

Ce n'était clairement pas une bonne idée mais je ne sus pourquoi, je lui répondis :

Moi : merci pour ton message, un verre ne serait pas refus

Dix minutes plus tard, mon portable vibra à nouveau :

J : dans une demie heure là ?

Il ajouta un point GPS.

Je soufflai et m'apprêtai à sortir à nouveau de chez moi, je ne pris pas le temps de me changer et oubliai même de me regarder dans le miroir avant de claquer la porte. Je montai dans un VTC et partis au point de rendez-vous. J'entrais dans un bar à l'ambiance calme et tamisée, il y avait du monde, on sentait plus un bar pour des initiés de whisky que pour prendre une bière au comptoir. Je jetai un regard circulaire à la pièce, il n'était pas encore arrivé. Une serveuse m'accueillit et me proposa une table, je remarquai un pianiste qui jouait dans un coin de la pièce. C'était chaleureux. Je m'assis, elle me demanda ce que je voulais boire et je commandai un verre de vin blanc.

Prescott entra dans le bar. Son écharpe pendait de chaque côté de son cou sur son par-dessus bleu marine, il avait enlevé sa cravate, il passa la main dans ses cheveux et regarda autour de lui, je levai ma main discrètement, il sourit rapidement et avança vers moi. Il avait une démarche assurée, il enleva son manteau, son écharpe qu'il posa sur sa chaise et déboutonna sa veste de costume avant de commander un verre. Comment faisait-il pour être « lui » ? Il donnait l'impression que ses gestes étaient en permanence maîtrisés alors que les miens paraissaient toujours un peu gauches ou maladroits.

- Tu as commandé ? Demanda-t-il.

- Oui, merci.

- Désolé, il y avait un peu de traffic.

- Je t'en prie.

Je lui souris me demandant soudainement ce que je faisais là en face de lui alors que quelques jours auparavant je lui avais laissé un message pathétique sur son téléphone et que je m'étais jurée de ne jamais le voir hors du contexte Perbridge. Après tout, on pouvait être amis non ? Il y avait bien des gens qui avaient des amis attirants mais avec qui il ne se passait rien ?

- Ca va mieux ? Dit-il avec une douceur dans la voix que je n'avais jamais entendue.

- Je suis désolée.

- Pourquoi ?

- Tu dois me prendre pour une folle.

- Je devrais ?

De Paris à New-York : au-delà des apparencesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant