Chapitre 29

77 6 0
                                    

L'arrivée des beaux jours et de la chaleur faisaient remonter petit à petit cette fin d'été. J'avais quitté la France pour m'aider dans mon deuil mais rien n'y faisait, j'avais toujours cette tristesse au fond de moi. James me faisait oublier ma douleur et rendait la vie plus douce. C'était plus facile avec lui mais dès qu'il n'était pas là, dès que j'étais seule, je n'avais qu'une envie c'était rentrer en France et être auprès de ma famille et de mes amis proches.

Un an auparavant, j'étais au côté de Léonard alors qu'il était à l'hôpital pour recevoir sa chimio. Il avait maigri, et semblait fatigué. Il ne se plaignait jamais malgré un protocole contraignant. Il se battait et gardait toujours un esprit positif. Je lui demandais comment s'était passé son rendez-vous avec son oncologue. Il détourna la conversation et me demanda des nouvelles du bureau.

- Ca va, dis-je évasive.

Il haussa les sourcils. Je ne lui avais pas dit que je passais de moins en moins de temps au bureau pour être avec lui. Anselme avait été compréhensif quand je lui avais expliqué la situation mais je savais que je pouvais m'asseoir sur un gros bonus ou encore une promotion. Je faisais le strict minimum pour qu'on ne me reproche pas de ne pas faire mon travail, mais ma tête était ailleurs, elle était avec Léo à chaque moment. Il s'affaiblissait de plus en plus et je lui avais proposé de s'installer à la maison pour m'occuper de lui. Je lui avais laissé ma chambre et dormais dans le canapé lit du salon. Mes parents venaient autant qu'ils le pouvaient et je m'efforçais d'être toujours d'humeur joyeuse pour alléger une atmosphère lourde et fragile. Tous les soirs je m'endormais dans les larmes reconnaissant de moins en moins mon petit frère.

- Tu ne veux toujours pas me dire ce que t'as dit l'oncologue ?

Il posa sa tête sur la chaise alors que le médicament arrivait dans ses veines par perfusion.

- C'est pas bon, dit-il simplement.

- Pas bon comment ?

- Il n'est pas très optimiste.

Je savais qu'il souffrait et la casquette qu'il mettait ne cachait pas la perte de ses beaux cheveux blonds. Je n'arrivais pas à imaginer ma vie sans lui, je ne pouvais pas m'y résoudre.

- Il n'en sait rien, dis-je.

- C'est son métier.

- Il ne te connait pas, il ne sait pas à quel point tu es fort.

Il redressa la tête et me regarda dans les yeux.

- Alice, dit-il doucement. Il faut que tu te prépares.

- Ne dis pas des choses comme ça.

- Je suis sérieux.

- Qu'est-ce que tu veux me dire ?

Il me sourit.

- Je voudrais qu'on parle de l'après.

- Non.

- Je voudrais qu'on m'enterre chez nous, dit-il.

Les larmes montèrent.

- Léo s'il te plait, ne dis pas ça, on ira voir quelqu'un d'autre, un autre spécialiste.

- J'en ai marre d'être ici, j'ai envie de rentrer chez Papa et Maman. Je n'ai pas envie de passer mes derniers jours dans un hôpital.

De Paris à New-York : au-delà des apparencesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant