Chapitre 15

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Le lendemain, je reçus un mail de Tyler en fin de matinée au sujet de dossier de Prescott. Nous devions faire le point sur la cession de sa participation, ça faisait déjà plusieurs jours que nous étions en contact avec les avocats pour finaliser l'accord. Nous reçûmes enfin la version finalisée et je la transférai à Golden Boy. Tyler m'envoya un mail dans la foulée, je le rappelai.

- Allô, répondit-il usé.

- J'ai vu ton mail Tyler mais je ne suis pas sûre de le comprendre.

- Il faut faire des arbitrages sur ses comptes bancaires avec la somme qu'il va recevoir et ce qui se passe sur les marchés.

- D'accord.

- On doit organiser un rendez-vous avec lui pour savoir comment il veut gérer la hausse des taux.

- Ok, je vais m'en occuper. Est-ce que...tu pourras m'expliquer un peu en amont ?

- Tu veux un cours d'économie ?

- S'il faut en passer par là oui.

Il souffla dans le combiné.

- Je vais passer.

- Merci.

Manifestement je le soûlais avec mes questions. J'envoyais un mail formel à James pour lui demander un rendez-vous concernant la ventilation de ses portefeuilles bancaires et sa validation sur les documents que nous lui avions envoyés.

Aujourd'hui 17h dans le bureau de Monsieur Prescott

BR,

Gail

Assistante de James Prescott

Tyler arriva dans mon bureau, il m'expliqua l'impact des taux directeurs sur les marchés. Je l'écoutai en fronçant les sourcils. Il me fit un point sur les valeurs détenues dans les portefeuilles titres de Golden Boy et les rendements les plus sûrs pour placer la plus-value qu'il allait percevoir. Il ressortit de mon bureau une heure plus tard visiblement satisfait de ma compréhension.

Je montai avec Tyler au 40ème étage à l'heure convenue. Gail vint nous chercher à l'accueil. Prescott était derrière son bureau au téléphone et fit un signe à son assistante de nous faire entrer. Il raccrocha lorsqu'elle ouvrit la porte, l'air soucieux, on sentait que son cerveau était en train de tourner rapidement.

- Bonjour, dit Tyler.

- Bonjour, dit Golden Boy en reposant son dos sur le dossier de son fauteuil.

Tyler lui fit un exposé rapide de la situation et demanda à Prescott sa position. Il voulait rester conservateur et préférait se concentrer sur des investissements en direct avec les sociétés. Le téléphone fixe sonna. Il se leva pour répondre, on entendit un « j'arrive ».

- Je suis désolé, on va devoir écourter, j'ai une urgence, dit-il.

- Je vous en prie, répondit Tyler. Merci pour votre temps.

- Je laisse Gail vous raccompagner.

- Monsieur Prescott.

- Tyler.

Il se retourna vers moi, son regard était perçant.

- Alice.

Il nous laissa devant son bureau.

- Merci. Tu as vraiment assuré, lui dis-je sincère.

Il prit un air satisfait. Je me dis qu'il n'avait probablement pas besoin qu'on lui gonfle encore plus son égo qui était déjà démesuré.

Le week-end arrivait enfin après une semaine un peu trop riche en émotion à mon goût. Je rentrais en France chez mes parents pour passer Noël avec eux. Je proposai à Georgina de sortir profiter de notre vendredi soir. Nous allâmes dans un bar à côté du bureau.

- Au fait, dis-je en reposant mon verre. Comment va Paul ?

Elle sourit beaucoup trop grand pour que ce soit innocent.

- C'est marrant que tu me demandes, j'ai eu des nouvelles aujourd'hui.

- Il te disait quoi ?

- Il a fait du Paul une petite blague idiote et il m'a proposé de venir chez lui pour le réveillon du Nouvel An.

- Ah donc ça avance...

- Il fait une fête avec une cinquantaine de personnes.

- Et il t'invite...

- Tu fais quoi d'ailleurs toi ?

- J'ai mes amies de France qui viennent ici.

- Vous pourriez venir ?

- Non, ne t'en fais pas pour nous, on saura trouver quelque chose à faire.

- Et Prescott, comment il va ?

- Ca va je crois.

Elle me fixa dans les yeux.

- J'ai pris un verre avec lui cette semaine ?

- Et tu dis ça comme ça ? Et que maintenant ?

Je souris. Elle me posa beaucoup de questions pour avoir les détails.

- Je pense qu'on peut être bons copains.

- Bien sûr, des copains avec bénéfices.

- Georgina...

- Quoi ? C'est possible aussi ! Dit-elle avec un sourire coquin.

- Juste des amis, dis-je.

- D'accord, on verra.

- Tu pars quand pour Noël ?

- Après-demain et toi ?

- Demain, ça va être un aller-retour rapide, je reviens mardi.

- Tu ne pouvais pas partir plus longtemps ?

- Avec la cession ça me semble compliqué.

Je fis ma valise en rentrant chez moi, je partais aux aurores en France.

J'avais travaillé pendant une bonne partie du vol. Arrivée à Paris, je pris un train pour le Sud-Ouest et retrouvais mon Papa à la gare. Il faisait froid et il pleuvait, c'était notre premier Noël sans Léonard. Un élan de mélancolie m'envahissait sur le trajet en voiture jusqu'à la maison de mes parents. A leur retraite, ils s'étaient installés dans la maison familiale de Maman au beau milieu des champs. J'étais attachée à cet endroit, j'y avais passé toutes mes vacances depuis ma plus tendre enfance.

Mes parents firent bonne figure et la joie de mes neveux de 5 et 3 ans fut tellement communicative que tout le monde se détendit et nous passâmes des fêtes joyeuses. Ce n'était que le soir dans ma chambre que je me laissai aller à ma tristesse. La maison regorgeait de souvenirs allant des blagues idiotes d'enfants. Pierre et Léonard avaient pris un malin plaisir à mettre des orties dans mon lit et à cacher des réveils qui sonnaient à toute heure de la nuit dans les recoins les plus sombres de ma chambre. Je m'entendais encore leur hurler après alors qu'ils étaient hilares et pris d'un fou rire inarrêtable. Nous avions fait de belles fêtes aussi, et nos premières cuites également où on faisait croire le lendemain matin que nous avions eu une intoxication alimentaire, raison pour laquelle nous étions aussi fatigués et blafards. Il me manquait, tous les jours. Il me manquait tellement.


De Paris à New-York : au-delà des apparencesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant