Chapitre 32

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Une semaine plus tard, je le retrouvai chez lui directement après le bureau un vendredi soir, la porte de son appartement était déjà entrouverte. Il était dans la cuisine, les mains sur le dos de deux chaises différentes. Il leva le regard de son téléphone et se tourna vers moi. Un frisson me parcourut l'échine. Son regard était froid, il me glaça le sang, je compris que quelque chose clochait.

- Ca va ? Demandai-je.

- Alice, je...il faut qu'on se parle.

Mon cœur s'accéléra. La phrase n'augurait rien de bon.

- Je...je ne sais pas très bien comment te dire les choses. Je vais essayer d'être le plus direct possible.

Je ne dis rien. Je n'osais même pas faire un mouvement.

- Je n'y arrive pas, dit-il. Ca ne fonctionne pas. Je ne vais pas te faire perdre plus de temps avec moi, ni moi avec toi.

Plus les mots sortaient de sa bouche, plus mon cœur se fendait comme du verre, un impact dont les fentes se fissuraient un peu plus à chacune de ses paroles.

- Je n'ai pas de place pour une relation. Du moins pas comme celle que tu voudrais avoir.

Je n'arrivais pas à parler, les mots restaient bloqués dans ma gorge avec un nœud qui se formait et mes yeux qui se mettaient à devenir humides. Non, je n'allais pas pleurer devant lui, je devais rester digne quoiqu'il arrive.

- Ce que tu vis en ce moment est difficile et...je ne suis pas sûr d'être la bonne personne pour t'épauler comme je le devrais.

Je le dévisageai. Je ne te demande rien, dis-je.

- Je sais mais tu mérites mieux que ça et je comprends que tu aies envie de projection sur l'avenir mais je ne peux pas te les donner.

- De projection ?

- Alice, on a un certain âge tous les deux, on le sait et c'est tout à fait normal que tu aies envie d'une relation qui aille plus loin. A l'heure actuelle je ne peux pas.

- Ok, dis-je simplement.

Son regard se planta dans le mien et me fit un mal de chien. C'était un regard de pitié qui me dégoûta. C'était la dernière chose que j'avais envie de voir de sa part.

- Je ne sais vraiment pas qui tu es, ajoutai-je. Alors effectivement il vaut mieux arrêter là.

Je ne voulais pas rester plus dans cet appartement ni le regarder. Je pris mon sac, le mis à l'épaule et ressortis aussi sec.

Est-ce que cette scène s'était bien déroulée ? Est-ce que j'avais bien compris ? Je marchais, ne comprenant toujours pas ce qui venait de se passer. Il considérait que mon deuil était trop lourd à porter. Je me sentis seule au monde et n'avais qu'une envie rentrer chez moi en France, retrouver mes parents et mes amis. Je reniflai et passai ma main sous mon nez et mes yeux en soufflant. Tout ça n'avait aucun sens. Il parlait de projection, d'avenir alors que moi-même je n'y avais pas pensé. J'aurais dû me douter que cela allait arriver.

Les larmes coulèrent sans m'en rendre compte. Je refis encore et encore les six derniers mois. Qui était cet homme ? Mais qu'est-ce que je croyais en fait, qu'un mec comme lui resterait avec moi, qu'on se marierait et j'en passe ? J'avais été bien naïve. Il avait tout évidemment qu'il n'allait pas se contenter d'une fille comme moi, sa conseillère. Comment j'allais gérer ça au bureau ?

La vérité c'est que je savais pourquoi j'avais aussi peu réagi quand il m'avait quitté, j'avais envie de rentrer chez moi en France, à Paris, dans mon appartement. La seule chose qui pouvait me retenir c'était lui. Il m'offrait l'occasion dont j'avais besoin. J'arrivais au bout de ma période de confirmation de huit mois à New-York. Je devais demander un point avec Diane dès lundi. Dans deux semaines, je serai rentrée à Paris.


De Paris à New-York : au-delà des apparencesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant