Chapitre 9

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Je me réveillai le lendemain matin et relus notre conversation téléphonique. On avait échangé comme si on flirtait, enfin du moins pour ma part. Il fallait recadrer les choses, ça pouvait vite déraper et je ne pouvais pas me le permettre. C'était de mon travail dont il était question. Que se passerait-il si ça venait à se savoir ? Je pouvais être convoquée chez Gary, toute l'équipe serait au courant, je serai grillée et je perdrais la confiance de mes supérieurs, sans compter les rumeurs qui pourraient circuler. Je risquais aussi de me faire tout bonnement licencier. Je ne pouvais pas compromettre ma carrière pour un coup de cœur. J'aimais mon travail, je m'y épanouissais et j'étais heureuse chez Perbridge. Pourquoi tout risquer pour un type qui devait probablement s'amuser avec moi ? Je me demandais s'il était comme ça avec les autres femmes, dans son équipe chez Talian ou son avocat ou n'importe qui travaillant pour lui. Ce ne devait pas être compliqué pour lui de rencontrer des femmes. Il suffisait d'observer le comportement de la gente féminine quand il était dans une pièce, les regards des femmes sur lui, il lui suffisait de pas grand-chose pour conclure. C'était un playboy et je ne devais pas le laisser me déstabiliser ni rentrer dans son jeu. La veille j'avais été trop loin, je ne referais plus la même erreur.

Malgré toute ma bonne volonté, je ne pouvais pas empêcher mon cœur de s'accélérer dès que je recevais un courriel et je pestais contre ma déception quand je voyais que Prescott n'était pas l'expéditeur. Les jours se succédèrent sans demande de sa part à tel point que je me demandais si nous avions réellement conversé par SMS. La seule preuve que j'avais était dans mon téléphone. Je réfrénais mon envie de lire et relire nos échanges. Mon Dieu mais je n'étais plus une gamine de vingt ans en stage. Il fallait que je me reprenne ! Je pris la décision d'arriver plus tôt ou plus tard au bureau pour éviter de croiser Golden Boy.

Les jours de la semaine passèrent, le jeudi soir, je partis un peu plus tard que prévu. Les portes coulissèrent devant moi et je tombais nez-à-nez devant Golden Boy. Costume bleu marine, chemise blanche, cravate bleu marine avec des poids rouge, je fis semblant de rien. Il parlait avec un type plus âgé avec une barbe fournie lui-même en costume. L'ignorer, faire comme s'il n'était pas là, ce qui fut relativement facile vu qu'ils discutaient derrière moi.

Nous arrivâmes au niveau du lobby. Je sortis en premier et mis mes écouteurs dans mes oreilles avant de me diriger vers la sortie. Ils passèrent à côté de moi toujours en pleine conversation. J'étais satisfaite de ce qui venait de se passer, ça confirmait que je m'étais faite des films de nos échanges. Parfait, on reprendrait une relation complètement professionnelle.

Quand je regardai mon téléphone le lendemain matin au réveil, je vis un courriel reçu à 23h30 :

Merci pour les estimations.

Peut-on en discuter demain ?

BR,

James Prescott

Et voilà que j'allais devoir être en rendez-vous avec lui, bonne façon de terminer la semaine.

Bien sûr, quelle heure vous arrangerait ?

BR,

Alice Wilson

J'avais remis toute l'équipe en copie pour lui répondre. Je reçus une invitation pour un entretien à 11h du matin. Je me préparai et me forçai à ne pas faire plus d'effort vestimentaire parce que j'allais le voir en rendez-vous. Je choisis une robe pull crème au-dessus des genoux avec des collants et des bottes à talons. Je partis dans mon bureau quand j'arrivais à mon étage. Je me remis dans les estimations que j'avais préparées, il était presque l'heure du rendez-vous quand je relevai la tête.

De Paris à New-York : au-delà des apparencesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant