Chapitre 13 : Insensible

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Message de publication n°29 : Bonjour lecteur inconnu. Voici le nouveau chapitre de l'épopée de Maeve. Merci pour vos commentaires, votre attention et vos remarques. Bonne lecture.

Chapitre 13 : Insensible

Je n'avais que faire de la pitié qu'il voulait me donner. "Je veux le voir mort !" je me répétais en boucle dans ma tête. Mes chaînes sont à terre, c'est à mon tour de le faire souffrir.

Mais alors que je m'apprêtais à le froudroyer, une silouette se mit en travers de mon chemin. Je relevais la tête surprise.

- Pas comme ça, insista Robin devant moi.

- Il le mérite ! ai-je insisté.

- Fais-le et tu le regretteras. Avoir du sang sur les mains ne s'en ira jamais quel que soit le détergeant que tu utiliseras.

Je jetai un dernier regard sur le côté, à mon bourreau. Il était étendu à demi conscient. Je me surpris à repenser à ses mots, "Il t'a menti droit dans les yeux, car ce soir-là, il a eu peur de ce dont tu étais capable." Une part de ma conscience me disait de l'assassiner. Mais cet acte aurait donné raison à ses mots et aurait fait de moi une meurtrière de sang froid. Je le jugeais d'attaquer un homme à terre. Alors, je m'avançais lentement :

- Je ne suis pas comme toi, lui ai-je dit.

Robin m'a attrapé par la taille et sans que j'ai le temps de comprendre ce qui se passait, mes pieds quittaient le sol. Je resserai mon étreinte autour de son cou. J'étais si proche que je sentais l'odeur de son sang, je ressentais la chaleur de ses mains sur mon débardeur déchiré.

Il fouilla dans sa poche. Il tira une sphère métallique aux détails complexes. Mes cheveux blonds retombaient sur mon visage et s'y étaient collés, je ne voyais pas bien ce que c'était. Nous étions à plusieurs mètres de hauteur par sa seule force, ça n'avait aucun sens.

- Tu peux me lacher une seconde, demanda-t-il d'un air sérieux.

- Non, ai-je répondu apeurée. Il avait beau être mon Espoir, sur le coup, je ne l'ai pas trouvé très intelligent.

- Il ne t'arrivera rien, m'avait-il promis de sa voix chaude.

Je crois que j'ai hésité une bonne minute puis j'ai fermé les yeux. J'ai fini par desserer mon étreinte. J'ai légèrement vacillé mais je ne tombais pas. Je me tenais toujours en haut tranquillement à regarder Robin bidouiller sa sphère rapidement. Je ne sais comment c'est arrivé mais je volais.

Je n'ai pas eu le temps de m'émerveiller que Robin jettait sa sphère contre une plaque métallique tout en haut. Celle-ci s'est aimantée.

- Recule un peu, m'a-t-il indiqué.

Une seconde après, la sphère éclatait avec une partie du mur et le ciel s'ouvrait de nouveau à moi.

- Ce que tu regardes, c'est ta liberté, affirma Robin en m'observant.

Plongeant mon regard dans le sien, j'ai répondu :

- J'en ai plus que conscience et ça n'a pas de prix.

Il me scruta une dernière fois, sans doute à regarder mon allure déplorable ou mes yeux verts, plus qu'épuisés. Mais sans attendre, il sortit par le trou qu'il avait produit. Je n'ai même pas regardé derrière moi. Je n'avais pas de choix supplémentaire. Il fallait que je le suive. Qui qu'il soit, je lui devais tout pour ces derniers mois.

***

"Je suis dehors" me répétais-je en boucle. "Je suis libre" me répétais-je aussi. J'étais sûre que ce n'était pas réel. Mais aucun de mes rêves n'avait jamais aussi bien reproduit le ciel. Ce bleu, dont seul l'atmosphère a le secret de sa conception. La mer s'étalait devant moi à des kilomètres à la ronde, sentir l'écume même de la hauteur où j'étais me rappelait que j'étais vivante. Que je m'étais sortie de ce malheur.

Les ombres du passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant