Chapitre 23 : Coupable

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Message de publication n°48 : Bonsoir, heureuse de vous écrire et de vous dévoiler la suite de cette histoire. Maeve s'ennuyait sans vous. Bonne lecture.

Chapitre 23 : Coupable

La nuit était tombée. J'avais rangé la pièce et m'étais installée à observer les annotations sur la carte. Mais rien de très lisible y était inscrit.

J'ai fini par parcourir les placards à la recherche d'une occupation. J'ai trouvé les dossiers, il y en avait sur tous les gens que j'avais croisés même George, garçon rencontré au parc pendant dix minutes, d'après le document. Précisément, il paraissait l'été de mes quatorze ans. Il faisait des études de comptabilité d'après cette fiche. Bien que je trouvais ça intrusif, reparcourir les rencontres de ma vie m'a fait sourire.

Assise à table, j'ai entendu des pas lourds dans l'escalier. La lumière était faible. Je craignais le retour de Brad. Je ne pus m'empêcher de caresser mon cou, les sourcils froncés. J'ai aperçu à la place, Roy. Du sang glissait de ses poings jusqu'aux jointures violacés.

Par le passé, je n'aurais jamais osé le regarder déambuler et s'enfiler cette flasque d'alcool, tapotant son arme. J'aurais craint, qu'il sente mon regard. Mais, après ce qu'il avait osé faire pour ce plan stupide, je voulais qu'il sente le regard accusateur que j'écrasai sur ses épaules larges.

C'était à son tour de baisser le regard, ses yeux bleus devaient se sentir coupables.

Mais si, j'avais su que cette pensée, prendrait un sens si cruel pour lui quelques heures plus tard, je ne me serais pas autorisée à en penser un mot.

Roy s'est avachi sur une chaise, en frottant sa tignasse brune de sa main propre. Son air condescendant me sortait par les yeux, je ne voulais plus qu'une chose, le gifler si fort qu'il en perdrait connaissance.

Je n'arrivais pas à comprendre que le Roy qui se tenait sous mes yeux était le même qui m'avait sauvé la vie et côtoyé, enfant, au péril de sa vie. Sa voix grave et fatiguée m'a sorti de mes pensées :

- Tu t'es pas entraînée.

- Non.

- c'était une remarque, pas une question.

Il bloqua son regard dans le mien. Pour une fois, je m'abstiens de baiser les yeux. J'ai cru apercevoir l'ombre d'un rictus sur ses lèvres avant que pour une fois, il baisse le regard, lui.

- Tu es charmante quand tu me tiens tête, avait il lancé, terminant sa flasque.

Je lui lançai un regard lourd de sens et de mépris. Il se releva tout sourire. Malgré moi, malgré ma rancœur, mon pouls accéléra quand il s'est avancé sur moi.

- Mais tu n'es pas mon genre. J'aime la docilité et la faiblesse.

Je haïs mon cœur de s'emballer pour un pauvre idiot comme Roy. Il s'en est allé sans me regarder, sentant sans doute encore mes yeux clairs sur lui. Il a claqué la porte. Je ne savais pas si je devais prendre la fin de cette remarque comme un compliment ou une manière de me reprocher d'autres choses aux sous-entendus trop complexes.

Je refusais d'être docile et faible. Je ne niais pas mon intérêt pour lui, mais BORDEL, il jouait avec moi. Comment se faisait-il que ma tête le voie et pas mon pouls trop rapide ?

Je suis partie enfiler des gants et décharger ces excédants d'énergie dans le sac de frappe, posé dans un recoin de la pièce. Jamais ma haine et ma colère ne m'avaient permis d'être si forte.

***

La nuit était tombée bien bas, quand un jeune homme a fini par descendre faire le repas. Il n'a pas parlé. Il m'a tendu quatre pommes de terre que j'ai pelées sans demander mon reste. Il en a pelé six autres et est monté avec le saladier de légumes.

Les ombres du passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant