A l'ombre de nos fantômes.

Un changement inattendu

Le plafond était sombre, d'un noir trop intense. Beth resserra la forme contre elle en gardant ses yeux figés vers le ciel, non, ce n'était pas normal. L'obscurité semblait se mouvoir. Elle trembla férocement en se resserrant contre elle-même, incapable de se détourner alors que des pleurs lui parvenaient. Les larmes roulaient sur ses propres joues mais elle ne devait surtout pas regarder ailleurs. Cette chose les attaquerait si elle ne la surveillait pas, elle en était certaine.

L'ombre se replia soudainement dans un coin de lorsqu'une lumière presque féerique se glissa de sous la porte pour lui faire face et s'illuminer au rythme d'un battement de cœur. C'était comme si la créature ténébreuse cherchait à se fondre dans les fissures du mur, elle n'émettait pas de son mais Beth était persuadé qu'elle riait en attendant son heure. Mais même si elle se semblait disparaître, elle savait que ce n'était que pour mieux revenir, si l'occasion se présentait, si elle osait ne serait-ce que cligner des yeux, alors l'obscurité les dévorerait.

Le claquement des talons résonnait, le soleil avait désormais percé l'horizon, l'heure était venue. Le grincement sinistre de la porte la fit sursauter et la lumière de la baguette l'obligea à fermer ses yeux désormais brûlant. Il porta sa main devant son visage pour espérer un peu d'ombre. La lueur qui avait fait fuir le cauchemar d'obscurité se mouva lentement pour finalement prendre la forme d'un chat s'avançait dans la pièce jusqu'à se frotter aux jambes de son créateur. Il était étrangement rassurant contrairement à la personne qui l'avait créé et qui souriait vicieusement. Il était l'heure.

Beth ouvrit les yeux dans un souffle. Elle porta sa main à sa gorge en fixant les lattes du lit au-dessus d'elle, prenant une minute pour comprendre où elle se trouvait. Le dortoir de Serdaigle, sa chambre, son lit, en sécurité. Un gémissement à côté l'informa que Astoria émergeait de son sommeil, la lueur qui filtrait entre les rideaux lui murmurant que la nuit s'était achevée. Le cauchemar était terminé. L'engourdissement était encore ancré en elle et elle essuya les larmes qui avaient roulées au coin de ses yeux. Une toux traversa sa gorge et l'oppression se réinstalla dans sa poitrine.

Elle grogna, étouffant son halètement avant de finalement écarter sa couverture et quitter le lit. Beth attrapa ses affaires et profita du sommeil de ses colocataires pour disparaître. Elle fut soulagée de constater que la salle d'eau était vide de toute activité mais savait pertinemment que cela ne serait pas éternel. La jeune femme posa son uniforme sur une chaise avant de prendre un flacon qu'elle cachait précieusement, avalant le contenu avant de boire de l'eau directement au robinet. Elle patienta jusqu'à ce que son corps se détende enfin.

Le silence était bienvenu et elle en profita, prenant le temps de maîtriser sa respiration. L'étau de son cœur se relâchait peu à peu et finalement, elle se sentit mieux. Quand elle fut certaine que le mal être était passé, elle commença à se préparer, se faisant une toilette sommaire pour effacer les traces de sa nuit, enfilant son uniforme en s'assurant qu'il était parfaitement adéquat avant de se tourner vers ses cheveux. Par le passé, elle se contentait de les tresser mais avec sa nouvelle longueur, elle avait dû prendre le pli de suivre de nouvelles directives. Habillement, elle déposa un ruban au couleur de sa maison sur le haut de son crâne puis commença à le lier à ses boucles blondes jusqu'à pouvoir le nouer derrière l'une de ses oreilles.

Astoria franchit la porte dans un bâillement inélégant au moment où Beth se claquait les joues afin de se motiver et chasser les dernières traces de sa terrible nuit. La jeune Serdaigle plissa les yeux pour la regarder avec scepticisme avant de hausser les épaules, ce n'était pas la première fois que sa camarade faisait une telle chose. La blondinette rit légèrement avant de retourner ses affaires à sa chambre, constatant que ses deux autres colocataires finissaient également leur nuit avec difficulté. Les cheveux de Samantha ressemblaient à un nid d'oiseau, la pauvre allait sans doute encore passer de très longues minutes à les discipliner.