Une fugueuse avide de savoir

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La lumière filtrait dans la salle de classe, les vitraux donnant un aspect presque religieux à la pièce. Il y flottait de fines particules de poussière qui s'égaraient çà et là. Contrairement à l'année dernière, les piles de livres avaient été rangées, n'ornant plus le sol de leur présence, rangées avec ordre dans d'élégantes bibliothèque qui montait jusqu'au plafonds. Les éléments de décorations avaient été triés et organisés dans les vitrines anciennes. Tout ne faisait que prouver que le nouveau maître des lieux avait confortablement prit sa place, effaçant le précédent occupant pour le reléguer à un simple souvenir qui finirait par disparaître à jamais avec le temps.

La pointe de sa baguette luisait d'un rouge profond alors qu'Ominis Gaunt se mouvait entre ses camarades de classe, il pouvait sentir l'épaule de Sebastian frôler la sienne pour le guider légèrement entre les flux d'élèves. Un geste devenu naturel depuis longtemps désormais, c'était comme s'il le guidait instinctivement, parfois le jeune sorcier dépourvu de vue s'osait même à ne pas faire usage de sa baguette simplement parce qu'il avait conscience en son meilleur ami. C'était instinctif lorsqu'ils marchaient ensemble, le talentueux duelliste se tenait afin de faciliter leur déplacement sans même s'en rendre compte.

Après l'incident de l'année dernière, il avait préféré se passer de ce précieux service qu'il lui offrait inconsciemment. Cela avait été très perturbant, la solitude qui en avait résulté avait été des plus déplaisante mais ils avaient eu besoin de cette distance entre eux, pouvoir réfléchir, comprendre et possiblement se reprendre chacun à leur manière. Sans l'aide de Beth et sa découverte de la baguette de Rockwood, sans doute n'auraient-ils jamais renouer pendent l'été et depuis que cette dernière était au plus mal, ils s'étaient de nouveau rapprochés avec naturel.

Le jeune sorcier déposa ses affaires calmement, tout comme son ami, laissant la place entre eux vide, après tout, c'était celle de leur amie et il était naturelle qu'ils la conservent jusqu'à son retour. Il soupira légèrement avant de s'installer avec nonchalance pour la leçon qui allait suivre, il pouvait déjà entendre Sebastian gratter le parchemin de sa plume alors que les derniers élèves finissaient d'arriver. Pas que ce soit le cours le plus intéressant, malheureusement même si le professeur était qualifié, sa personne entière était un difficile obstacle à la compréhension de sa matière, même sa cécité ne l'empêchait pas d'être perturbé par le délicat ton chantant de sa voix.

Pour autant ce n'est pas l'entrée du professeur qui capta son attention, non, ce fut le bruit de ce pas si légers, délicat et empressé. Il se redressa légèrement en fronçant les sourcils, penchant la tête afin de mieux entendre ce qu'il ne parvenait pas à appréhender. Il pouvait intercepter le délicat souffle irrégulier et son nez commençait à percevoir un parfum lointain trop familier. Sebastian capta son effarement et l'observant un bref moment avant d'ouvrir la bouche pour l'interroger sur son ce qui pouvait le perturber. La réponse s'imposa entre eux avant même qu'il ne puisse formuler sa question.

« C'est gentil d'avoir gardé ma place, merci. »

Les yeux de Sebastian s'écarquillèrent de surprise alors que l'inattendue Bethel Eckart sortait ses parchemins avec une désinvolture frôlant l'insolence. Elle passa une main dans la cascade de boucles blondes qu'était sa chevelure, les mèches dégringolant dans son dos à l'image de leur splendeur passée. Elle avait les joues roses, des lèvres pleines et des yeux pétillant de vitalité. Elle sentait délicieusement bon, elle n'avait plus que quelques particules de cette odeur désagréable de médicament et de maladie.

« Mais par la barbe de Merlin qu'est-ce que tu fais...

_Le cours commence Sebastian, tiens-toi un peu. »

Le jeune homme referma sa bouche alors que la porte du bureau s'ouvrait pour laisser entrer leur si particulier enseignant. Le professeur Lugovaya offrit un de ses si magnifique sourire avant de relever les sourcils de surprise en constatant la présence de l'élève malade.

A l'ombre de nos fantômes.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant