Quelques jours plus tard, alors que je revenais de l'open-space des juniors, mon portable vibra sur mon bureau, je mis quelques secondes à comprendre qui était l'expéditeur : Stéphane. Qu'est-ce qu'il pouvait bien me vouloir ?
Stéphane : Hello Alice, je suis à New York pour la semaine
C'est fou, on a un rendez-vous avec un fonds et il est dans le même immeuble que le tien !
Il avait ajouté une photo du lobby sur laquelle on voyait Perbridge écrit. Le hasard faisait vraiment bizarrement les choses, un pan de ma vie se restabilisait et en un message tout vacillait à nouveau.
Mon sang ne fit qu'un tour, mon cœur s'accéléra, il était là à New-York dans le même bâtiment. Pendant quelques minutes je me retrouvais quatre mois en arrière.
Je revenais de l'enterrement de Léonard et devais retrouver Stéphane en sortant du train. Bizarrement, les jours les plus durs avaient été ceux précédant l'enterrement. La cérémonie religieuse m'avait un peu apaisé. Maintenant, il allait falloir que j'apprenne à vivre sans lui. Mon appartement me semblait vide, inhabité. Je rangeais mes affaires et tombais sur des affaires de Léo, un vieux tee-shirt siglé d'une université américaine. Les larmes montèrent, je soufflais. Il fallait que je sorte de chez moi. Je pris mon téléphone et proposais à Stéphane de le voir, il me répondit simplement « passe quand tu veux ». Je ne réfléchis pas plus et partis aussi sec de chez moi.
Stéphane m'ouvrit la porte de son appartement en souriant. Il était d'humeur joviale, il ne me posa aucune question sur l'enterrement. Je partis dans la salle de bain et regardais mon reflet dans la glace. Mes yeux étaient gonflés, j'avais des cernes, les traits tirés, je jetai mon mouchoir dans la poubelle et remarquai un étui de préservatif vide dans la poubelle. Je fronçais les sourcils et réfléchis à toute vitesse. J'étais partie depuis une semaine, ce n'était pas nous qui l'avions utilisé. Et je compris, Stéphane n'avait pas été seul. Mon cœur s'accéléra. Je refis les derniers mois, repensais à ses heures à rallonge au bureau qui s'étendaient parfois le week-end. Je fus frappée d'un coup de foudre, et tout devint limpide : je n'avais jamais été la seule. Je partis le voir et mis l'emballage sur la table basse.
- Dis-moi que j'ai mal compris, avais-je dit.
- Quoi ? Ca ? Mais c'est rien !
- C'est rien ?
- On ne s'est rien promis Alice.
Je le fusillai du regard, il prenait ça avec désinvolture.
- Qui ? Demandai-je.
- Quoi qui ?
- Ne te fous pas de ma gueule.
- Séverine, dit-il.
- Séverine qui ?
- Une meuf du boulot.
- La brune bouclée ?
- Oui.
- Depuis combien de temps ?
Il souffla bruyamment comme si c'était moi qui étais fautive de lui poser des questions et qu'il était en droit d'être énervé de devoir y répondre.
- On s'en fout, dit-il.
- Non moi j'ai envie de savoir.
- Quelques mois.
VOUS LISEZ
De Paris à New-York : au-delà des apparences
RomanceAlice, dévastée par la perte de son frère, prend une décision audacieuse : accepter le poste en interne proposé par son employeur et quitter Paris pour un nouveau départ à New York. Son premier jour dans la grande ville la met face à James Prescott...