Day 9

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À l'exception des quelques sourires adressés de temps en temps aux caméras, ma soirée se résuma à des regards noirs et un mécontentement profond.

Je savais que je ne devais pas laisser ses manigances m'affecter autant. Surtout qu'en fin de compte, il n'avait pas pu ruiner grand chose, et que je ne ressentait pas de réelle connexion avec Onyankopon. Et pourtant, ce contrôle qu'il avait essayé d'avoir sur ma vie sentimentale n'était que la goutte qui faisait déborder le vase.

Ça faisait des années et des années que je n'avais pu donner mon cœur à personne. Il en avait pris possession, et me l'avait rendu trop meurtri, trop fatigué, trop méfiant. Je ne comptais plus le nombre d'avances que j'avais refusé, de rendez-vous auxquels je n'allais jamais et de conversations coupées courtes. Mais j'avais réussi à rebondir. Peut-être pas de la manière façon, ni avec le meilleur homme, mais j'avais pu me détacher de sa poigne autour de mes sentiments.

Et là que son souvenir ne suffit plus pour me figer, il s'y met lui même.

Si seulement il n'avait pas cet air narquois et ce sourire provoquant. Comment rester de marbre face à une telle insolence, un tel audace ? Il osait revenir comme une fleur, parler de maturité, de passé et de travail en s'innocentant totalement.

Qu'il aille se faire voir.

Sentant que mon humeur était en chute libre et que j'allais bientôt avoir du mal à couvrir mon mécontentement sous le masque du professionnalisme, je me dirigeais vers Onyankopon. Je ne pouvais pas rentrer seule sans voiture et l'idée d'appeler un taxi à une telle heure ne me plaisait pas spécialement. Avec un peu de chance, il en aurait aussi eu marre de cette soirée et aurait tout autant envie de rentrer.

Il était un peu à l'écart avec deux autres joueurs et un membre de l'équipe médicale. Ils riaient à gorge déployée alors que Livaï se tenait près d'eux, semblant particulièrement désintéressé par la conversation mais contribuant de temps en temps. Je me faufilais jusqu'au groupe et tapotais l'épaule du brun, ignorant le refard appuyé du connard de service.

-"Onyankopon, tu comptes rentrer à l'hôtel bientôt ? Sinon je peux toujours trouver quelqu'un d'autre."J'ajoutais la dernière partie par politesse. Il n'y avait personne que je connaissais bien dans cette salle et je n'étais pas partante pour un tour de plaisanteries et de politesses.

-"Oh mais oui, j'allais justement venir te le dire. Si t'es prête, on peut partir dès maintenant."

J'accueillis sa réponse comme une délivrance et hochais frénétiquement la tête avant de lui signaler que j'allais vite fait récupérer ma pochette. Puis doucement, dramatiquement alors que je retournais vers lui, les prémices de ce qui n'allait absolument pas être une bonne nuit se déroulèrent devant moi.

Soutenu par un défenseur de l'équipe, un homme que je n'avais jamais vu se tenait le ventre, la mine aussi pale qu'un linge. Ils échangèrent rapidement avec Onyankopon qui, en pleine discussion, me chercha du regard et m'adressa un sourire désolé.

-"Je suis vraiment désolé mais James a besoin d'aller en urgence à l'hôpital. Une réaction allergique apparemment. Si tu n'es pas pressée, tu peux venir avec nous et je te déposerais après l'avoir emmené là bas."

Sauf que l'hôpital était à l'autre bout de la ville. Non seulement je devrais attendre longtemps qu'on ait déposé le dénommé James, mais en plus, ce n'était vraiment pas sympa de ma part de faire faire un tel trajet à Onyankopon. Résignée, je lui assurais qu'il n'y avait pas de problème, que j'allais trouver une autre solution et que je souhaitais un prompt rétablissement à son ami.

Comment les allergies ont elles pu ruiner ma soirée à deux reprises ?

Je revins vers ma table, téléphone en main, et indiquai mon trajet dans l'application pour trouver un taxi. Alors que mes yeux épluchaient les quelques profils -rares au vu de l'heure- des chauffeurs, une main se posa près de mon assiette, les clés de voiture qu'elle tenait résonant lourdement.

100 Days 《Livaïxreader》Où les histoires vivent. Découvrez maintenant