Day 30

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-"D'après ce que j'ai compris, ils veulent en profiter pour montrer que Livaï est plus... approchable qu'il n'en a l'air." déclare Clara en entrant dans mon bureau, suivie par Riko et Lois.

-"C'est vrai que le public t'adore. Si de telles rumeurs étaient confirmées, il y'aura plusieurs personnes qui se demanderont s'il est réellement aussi froid qu'il en a l'air." ajoute Riko, toujours aussi stoïque et professionnelle.

Je m'affalais sur ma chaise, soupirant pour la centième fois en deux jours. Notre première réunion avec l'équipe de Livaï avait eu lieu hier, et sonnée par leur idée plutôt débile, j'avais demander d'en discuter seule avec mes collègues. Les deux femmes avaient passé la journée de la veille à limiter les dommages et tenter de comprendre les motivations de l'EAC. Lois, lui, m'aidait à décompresser en accusant Livaï d'être derrière toute cette histoire.

Car soyons honnête, quand ai-je jamais su résoudre les problèmes par la logique et la communication ? 

-« Il faut avouer que ce n'est pas si terrible comme idée... »

-« Riko ! » M'exclamais-je, indignée.

-« Je sais que ce n'est pas quelque chose que tu affectionnes particulièrement, mais ça permettrait d'attirer un nouveau public. Et plus de personnes intéressées mèneront à plus de revenus. Après tout, tout ça, c'est du business, non ? »

Son regard était fixé sur moi, me détaillant et décortiquant chacun de mes songes d'une manière qui me rappelait étrangement Erwin. Elle me défiait de la contredire, d'admettre qu'il y'avait quelque chose de plus profond derrière cette histoire. J'avais toujours privilégié le travail et l'optimisation des gains de l'entreprise au détriment de ma vie privée. J'avais choisi d'amuser les masses pour gagner en notoriété. J'avais décidé de garder un voile d'ambiguïté sur ma relation avec Lois pour les détourner de notre réelle intimité. J'avais enchainé les nuits blanches pour construire pas à pas un empire médiatique.

Et j'avais moi-même accepté ce dernier projet, même s'il signifiait que j'allais me retrouver sans autre choix que de fréquenter Livaï.

Devant mon manque de réactivité, Riko reprit de plus belle, énumérant les raisons qui nous pousseraient à suivre cette stratégie, détaillant les idées qui coulaient déjà à flot dans son esprit, et insistant sur le potentiel d'une telle histoire. Le joueur sans cœur qui trouve l'amour dans les bras de celle que tous décrivent comme la représentation de la joie de vivre et de la passion... ça allait se vendre comme des cornes de gazelle.

Ne trouvant rien à rétorquer, je me cachais derrière un silence qui allait probablement me conduire à une condamnation certaine. Lois essayait de retarder ma sentence, contrant chaque argument par dix autres, mais il fallait avouer que c'était la chose la plus logique à faire. C'était une occasion en or.

Sauf que Lois souleva un point important : notre image publique en tant que duo allait être affectée.

Malheureusement pour moi, mon téléphone sonna au même moment, un numéro vaguement familier à l'écran, te m'empêcha de consolider ce qu'il venait d'avancer.

-"Une seconde, désolé." m'excusais-je auprès de mes collègues pour sortir prendre l'appel. 

Une boule se forma dans mon ventre à l'idée que ce soit un journaliste cherchant à me joindre. Généralement, mes bonnes relations avec les autres professionnels du secteur m'évitaient ce genre de traitement. Même quand mon nom apparaissait en gras et en italique dans leurs articles, aucun de mes confrères n'osait profiter de notre amitié ou de mon numéro -dont plusieurs disposaient- pour me soutirer des informations complémentaires.

Après avoir déboulé dans une partie en retrait de l'entreprise, entre deux ascenseurs hors service et le distributeur le plus arnaqueur de l'histoire de l'humanité, je répondis enfin.

100 Days 《Livaïxreader》Où les histoires vivent. Découvrez maintenant