Day 5

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Si les joueurs ont eu droit à un peu de répit aujourd'hui, ce ne fut absolument pas le cas pour notre équipe.

 On devait non seulement enchaîner les interviews maintenant que tout le monde avait un emploi moins chargé, mais avec Lois, nous devions en plus régler les questions financières et planifier les prochaines séquences à enregistrer. En fin de journée, je faillis sauter au cou du président du club quand il nous annonça que nous allions passer une autre nuit dans cet hôtel au lieu de prendre la route ce soir. J'avais terriblement besoin d'une bonne nuit de sommeil, et je savais que même si Livaï continuait à venir tenter d'hanter mes nuits, la fatigue allait l'éjecter de mon esprit. 

Nous n'avions pas réellement échangé après la victoire écrasante du EAC hier. Malgré ceci, j'eus l'opportunité de le voir interagir avec ses coéquipiers, et il était beaucoup plus cordial que je ne l'aurais imaginé. Peut-être était-ce l'euphorie ressentie après avoir remporté le match -ou le pari, impossible de savoir- mais il s'était attardé dans les vestiaires jusqu'à ce que les chants de joie ne deviennent trop forts pour lui. Il avait même échangé des poignées de main et des félicitations avec la majorité des joueurs. 

Ah bah pour quelqu'un qui dit être trop fatiguée pour penser à lui, je ne suis absolument pas crédible. 

Quand notre journée de travail arriva enfin à son terme, je me dirigeais avec Lois vers nos chambres respectives, si morts de fatigue que chacun de nous traînait l'autre quelques mètres avant d'échanger. Comme c'était encore le début du projet, il y'avait beaucoup trop de choses à faire. 

-"J'ai envie de dormir."me plaignais-je. 

-"J'ai envie de démissionner." 

-"J'ai envie de bouffer." 

-"J'ai envie de parler à Esme." 

-"Avec ta gueule et ta voix actuelles, si tu lui parles maintenant, elle risque pas de dire oui si tu la demandes en mariage." 

-"Tu peux pas être plus encourageante ?"me gronda t-il, faussement agacé. 

-"Pas quand j'ai l'estomac vide, des cernes de vingt kilomètres et des crampes à cause de mes règles qui arrivent bientôt." 

-"Putain, comment va t-on survivre ?" 

Bien sûr, tout ceci n'était qu'une exagération. Nous n'aimions pas juste notre métier, c'était une façon de se ressourcer. Pour Lois, le processus de production était sa bouffée d'air frais après une longue apnée, alors que pour moi, c'est plus le fait de présenter et d'interviewer. Aussi stressant que c'était sur le moment, rien n'est aussi satisfaisant que ce sentiment de se perdre dans le bruit et le flash des caméras, ou encore de rentrer chez soi le soir pour se jeter sur son canapé et se dire qu'on s'en est plutôt bien sorti. 

Mais pour nous deux, les quelques derniers mois ont été constitués d'une incommensurable charge de travail. Le tournage de notre émission télé n'avait pris fin que deux semaines plus tôt, et notre petite séquence à la radio continuait à être diffusée en live jusqu'au week-end qui a précédé le gala de remise des prix. Avec les préparations pour celui-ci qui prenaient lieu en même temps, nous n'attendions que l'occasion de nous reposer. Pourtant, nous savions que notre projet actuel allait consumer les quelques jours initialement prévus pour qu'on prenne une pause, mais c'était une trop belle occasion pour la laisser filer.

 Quand nous atteignons enfin nos chambres, je le salue et ouvre la porte de la sienne avant de me jeter directement sur le lit. Ce que je déteste me lever tôt !Je m'apprête à enfoncer mon visage dans l'oreiller quand je me rappelle de tout le maquillage que je porte. Dix minutes plus tard, je suis démaquillée, vêtue d'un pyjama et prête à sombrer. A peine m'étais-je assise sur le matelas que mes paupières alourdies par le sommeil se fermèrent. 

Quand j'ouvris les yeux après ce qui me semblait être dix secondes, une douleur aiguë me déchira l'estomac. 

Oh oh... 

Un rapide détour par la salle de bain me confirma mes doutes : mes règles étaient là, et à l'avance qui plus est, ce qui faisait que je n'avais aucune protection hygiénique sur moi, ayant tout laissé dans la valise. 

Je vérifiais l'heure sur mon téléphone. J'avais dormi quatre bonnes heures, mais Lois devait être toujours réveillé. Du moins je l'espérais. Je lui envoyais un message et quand il me répondit instantanément, je quittais ma chambre à la hâte, me dirigeant vers la sienne. 

-"Tes clés !"criais-je presque quand il m'ouvrit la porte. 

-"Hein ?" 

-"Les clés de ta voiture ! J'ai oublié un truc dans ma valise !" 

-"C'est urgent ? Il est... Deux heures du matin." 

-"Oui !" 

Devant mon expression paniquée, il n'insista pas plus et me tendit enfin le petit trousseau. Je courus presque vers la voiture et ouvrit le coffre. Heureusement, j'avais eu le réflexe d'organiser ma valise de façon à ce que ce type d'objets soit accessible, alors j'extirpais rapidement la boîte, la fourrait dans ma poche et remontait vers les chambres, passant par la mienne en vitesse avant de rejoindre Lois qui attendait mon retour, perplexe. *

-"Tout va bien ? Tu m'as fait une de ces frayeurs !" 

-"Oui oui, j'ai ce qu'il me fallait. Désolé de t'avoir inquiété." 

-"Si tu tiens vraiment à te faire pardonner... Viens avec moi en ville demain avant qu'on ne prenne la route ?" 

-"Et pourquoi faire ?"demandai-je en m'adossant à la porte. Bien sûr que j'allais l'accompagner s'il le voulait, mais cette petite lueur de gêne qui dansait dans ses prunelles me disait que ce n'était pas une escapade ordinaire. 

-"Je... Hum... J'y pense en boucle depuis notre dernière conversation dans la voiture et je... Je veux acheter une bague pour Esme. Je ne sais toujours pas quand j'aurais le courage de la lui donner, mais au moins comme ça, quand le moment arrivera, je n'aurais aucune excuse." 

Je lui sautais au cou, le serrant de toutes mes forces. Il était formidable. Esme était formidable. Ils étaient formidables ensemble. 

-"Tu peux compter sur moi pour lui envoyer des photos de toutes les bagues pour trouver sa préférée. Et ne me regarde pas comme ça, elle ne devinera rien. Je lui dirais que je la veux pour moi même." 

-"Si tu le dis. Je te fais confiance." 

-"Encore heureux. Tu en as parlé à Harold ?" 

-"Oui. Enfin presque. Il sait que j'y pense, mais pas que je suis sur le point de lui passer la bague au doigt. Oh putain. Je peux pas faire ça, j'aurais jamais les couilles. Imagines qu'elle dise non ? Ou pire. Imagine qu'elle regrette plus tard ?" 

Voir Lois perdre son sang froid m'arracha un sourire compatissant. Il gardait toujours le contrôle, quelque soit l'aspect concerné de sa vie, mais quand il s'agissait d'Esme, c'était une autre histoire. 

-"Calme toi mon gros. Si tu stresses dès maintenant, qu'est-ce que tu feras le jour de la cérémonie ?" 

Ses joues s'empourprèrent tandis qu'il se mit à balbutier comme un adolescent devant son premier amour. Après m'être assurée qu'il n'allait pas faire une crise cardiaque, je lui ordonnais de filer au lit et partis rejoindre le mien, les crampes me prenant d'assaut à nouveau. 

Et c'est une fois qu'il ferma la porte et que je me retournais qu'un Livaï sauvage apparut dans mon sillage. 

-"Tu me stalkes ou quoi ?"demandais-je, agacée et légèrement effrayée par son apparition soudaine. 

-"Je n'oserais pas te déranger alors que tu es en si bonne compagnie." 

-"Super alors ! S'il suffit que je ne lâche plus Lois d'une semelle pour que tu prennes tes distances,c'est gagné d'avance." 

-"Crois pas que ça te sauvera de notre pari." 

Et sans un mot de plus, il ouvrit une porte à proximité et s'engouffra dans la chambre que je présumais être la sienne.

~Caporal Neko

100 Days 《Livaïxreader》Où les histoires vivent. Découvrez maintenant