L'océan était calme cette nuit, mais adossée à la voiture, c'était mon cœur qui se déchainait dans ma poitrine.
Une dernière nuit à pleurer ce que j'aurais dû enterrer il y'a bien longtemps. C'était tout ce que je m'accordais.
Même si je ne visitais plus cette ville aussi souvent, je venais régulièrement admirer la mer de cet endroit. Il avait changé durant ces années, et ce n'était plus une simple plage séparée de la rue par un grillage. Il y'avait un passage pour les voitures menant à une sorte de plaine surplombant la résidence privée et les maisons plus chères les unes que les autres, avec une vue imprenable sur l'étendue bleue.
Le vent ne manquait pas à l'appel, me forçant à resserrer mon manteau et dégager mes cheveux pour qu'ils cessent de me fouetter le visage, et accessoirement, de coller à mes joues humides.
J'avais tellement envie d'être froide, de faire comme si je n'étais plus touchée et que le temps avait guéri toutes mes plaies, mais ça m'était impossible. Tout ce que ces années ont fait, c'est appliquer un pansement provisoire sur la blessure. Maladroit, inconfortable et beaucoup trop serré.
Personne d'autre de mon cercle n'était parti. J'avais les mêmes amis, fréquentais les mêmes personnes et gardais contact avec les mêmes connaissances. Sauf Lois et Esme, le tableau était resté intact. Un ensemble immuable, un puzzle complet, avec au milieu le trou béant laissé par son absence. Comment ne pas penser à lui quand dans chaque moment de ma vie, il manquait à l'appel et qu'à chaque table, une chaise lui était réservée.
Dans un petit recoin de ma bibliothèque, parmi les livres qui prenaient la poussière depuis belle lurette, un album photo résumaient nos trois ans de lycée. Entre ses pages, l'histoire de notre petite bande s'illustrait dans toute sa splendeur. Il y'avait quelques folies, avec notamment un polaroid en compagnie d'un Pixis endormi en pleine colle, Sasha trimbalant un mini frigo quand la prof d'histoire géographie nous avait annoncé que la nourriture était permise dans son cours, Jean et Eren avec une partie de leur crâne rasé après une dispute à proximité de tondeuse... Tous nos moments pas si brillants que ça.
On pouvait y voir notre solidarité en toutes circonstances, dont une photo de toute la bande assise à même le sol en essayant de résoudre un exercice particulièrement corsé de Shadis (On avait quand même échoué), une photo de notre glorieuse tentative de tenir à neuf sur un manège pivotant pour enfant (Sasha et Connie s'étaient retenu de justesse de vomir, j'avais des photos de ça aussi), cette fois où nous avions organisé un anniversaire pour Mikasa dans un parc près du lycée malgré le mauvais temps prévu (Il avait plu et les images étaient hilarantes). Il y'avait même quelques photos du jour de mon déménagements, avec le sol recouvert de vêtements et les Springles qui criaient comme s'ils faisaient une brocante (Je ne sais même pas comment on a pu ranger tout le désordre).
Il manquait bien sûr les moments tristes, ceux où tout le monde était trop pris par les émotions pour sortir son téléphone et où les glaces et le thé à la menthe venaient en renfort. Si nous avions quelques clichés de ces moments, il y'en aurait certainement ne serait-ce qu'un seul de cette nuit où tout avait été foutu en l'air et où Eren et Mikasa avaient failli finir en garde à vue à cause de ce qu'ils menaçaient de faire à Livaï.
Et en parlant du loup, il était la principale raison derrière la présence de cet album sur l'étagère de l'oubli comme aimait l'appeler Armin, et non avec les autres livres que je ressortais dès que la nuit devenait un peu trop froide –et un peu trop seule-.
Sur une grande partie des photos, on pouvait le voir de près ou de loin. Comme elles étaient arrangées par ordre chronologique, l'évolution de notre relation était claire. Au début, sa présence était conditionnée par celle d'Hanji, souvent le trainant un peu partout avec elle. Il avait l'air remonté et ennuyé, souvent les sourcils froncés et le visage tourné. Puis arrivaient de nouvelles images où Hanji venait et partait mais lui restait. Il était là ou j'étais, et nous étions souvent en retrait. Plus on tournait les pages, et plus nous nous rapprochions, penchés l'un vers l'autre, nos doigts timidement entrelacés à l'abri des regards.
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100 Days 《Livaïxreader》
FanficTOME 2 DE "200 DAYS" Si la vie sentimentale de [t/p] est plus aride que le désert du Sahara, elle enchaîne les exploits professionnelles et est au printemps de sa carrière. Chargée de production dans une des sociétés dominantes du marché national et...