Je n'aimais habituellement pas me lever pour un tournage. Le réveil à l'aube et les journées de travail qui commencent tôt ne m'ont jamais réussi, mais pour une fois, ce n'était pas le cas.
Car je n'avais pas fermé l'œil de la nuit.
Repartir avec Livaï là où nous avions passé nos années de lycée avait été suffisant pour me faire oublier toute ma fatigue. Car ce n'était plus une ville, mais notre ville. Celle où on s'était croisé, où on était tombé amoureux, où nous avions passé tant d'heures ensemble, perdus dans notre petite bulle.
Ah, et aussi celle où il m'avait trompé. Juste un détail insignifiant dans le grand schéma des choses.
Mais c'était aussi la ville où j'avais créé tant de souvenirs avec mes amis et passé tant de moments que toute la peine de cette amourette de lycée ne pouvait m'enlever. J'y étais allé à l'université, puis après avoir quitté celle-ci pour m'installer dans ma ville actuelle, j'y revenais de temps en temps visiter Eren et Mikasa, bien que ce fussent souvent eux qui venaient à nous. Après tout, quand Armin avait aussi dû déménager près de moi pour prendre soin de son grand-père et que Connie et Sasha avaient fait le même choix pour des raisons de travail, ils n'avaient pas hésité. Quelques jours plus tard, ils nous annonçaient vouloir acheter une maison là-bas pour visiter autant que possible, et potentiellement selon leur évolution professionnelle, s'y installer.
J'ai déjà dit que mes amis étaient riches ?
Toujours était-il que mon histoire avec cette ville ne se résumait pas aux deux cents jours passés ensemble, et pourtant, à la perspective de m'y rendre aux côtés de Livaï, mon estomac se nouait et mon esprit ne pouvait visualiser aucun recoin sans s'imaginer le brun là-bas.
Je me levais à contre cœur, le manque de sommeil visible sur mon visage malgré toutes mes tentatives de camouflage. Malgré tout, le maquillage avait fait son travail et je me sentais suffisamment présentable en quittant mon appartement. Le chauffeur de la société m'attendait en bas et il m'informa que le reste de l'équipe avait déjà pris le chemin, matériel en main. Je n'aimais pas trop conduire moi-même, alors j'avais la chance que notre société soit suffisamment grande pour que je me permette de tels caprices.
Je passais le trajet à réviser mes notes et peaufiner mes questions, discutant de temps en temps avec l'homme si sympathique qu'il m'en fit presque oublier que j'aurais bientôt affaire au joueur le plus désagréable de la planète. Mener une interview avec Livaï était une tâche ardue. Il répondait avec le strict minimum et nécessitait tellement d'interventions du journaliste que ça en perdait tout son naturel et sa spontanéité. Généralement, les présentateurs télé préféraient recevoir ses coéquipiers plutôt que lui, malgré son énorme succès médiatique. Mais le boulot était le boulot, et il ne me faisait pas peur.
Je pris le temps en arrivant de me balader un peu dans la ville avant de partir m'installer. C'était fou à quel point cet endroit pouvait changer sans me sembler différent. Je ne reconnaissais pas la moitié des enseignes et me perdit même à quelques reprises en oubliant qu'elle avenue prendre, mais je réussis à retrouver le café dans lequel j'avais passé tant d'heures à préparer, loin des enseignes reconnues (On boycott ici). Les rosiers qui longeaient les trottoirs s'étaient démultipliés en taille et en couleur, et je m'amusais à deviner les graffitis que j'allais trouver en tournant à l'angle d'une rue.
Pourtant, quelque chose troublait l'air. Certes, le temps était maussade et triste. Il faisait froid, mais ce n'était pas l'une de ces journées où l'on avait envie de sortir danser sous la plus ou s'emmitoufler dans une couverture avec une bonne série et du chocolat chaud. L'oxygène pesait lourd et les nuages obstruaient autant les rayons de soleil que la chaleur de la vie. Un léger brouillard était répandu, donnant l'impression qu'on était dans un film en noir et blanc, ou un clip de très mauvaise qualité du début des années 2000.
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100 Days 《Livaïxreader》
FanficTOME 2 DE "200 DAYS" Si la vie sentimentale de [t/p] est plus aride que le désert du Sahara, elle enchaîne les exploits professionnelles et est au printemps de sa carrière. Chargée de production dans une des sociétés dominantes du marché national et...