Day 34

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Parler à Onyankopon était beaucoup plus effrayant que ce à quoi je m'attendais.

Probablement car c'était la première personne avec laquelle je me sentais réellement à l'aise depuis Livaï. Depuis un sacré moment, je me sens enfin prête à tenter quelque chose, à confier mon cœur à quelqu'un sans craindre qu'il ne finisse par l'émietter. 

Autant que je ne ressentais aucune réelle alchimie avec lui, encore moins des étincelles ou toutes ces broutilles faussement grandioses qui font de l'amour ce qu'il est, autant je sentais qu'il est responsable, dépendable et fiable. La moi de quelques années plus tôt aurait fait un aneurisme en entendant mes priorités dans un homme, mais j'étais déjà émotionnellement à bout. 

Livaï était -de ce que j'avais pu voir en tout cas- un très bon ami du brun. Bon, la réciprocité de cette affection était largement remise en question, mais toujours était-il qu'Onyankopon semblait tenir au connard de service. Allait-il toujours vouloir tenter quelque chose s'il apprenait que dans un passé moyennement lointain, Livaï et moi avions été follement amoureux ? Allait-il accepter d'explorer de quelconques possibilités alors que son coéquipier avait clairement un syndrome d'indécision sadique qui le poussait à vouloir ramasser les cendres de ce que nous avions un jour été ?

Peut-être que je n'avais pas connu le brun suffisamment longtemps, mais il me semblait très à cheval quand il s'agissait de loyauté. Dans son jeu, dans ses déclarations à la presse et dans les moments de tous les jours, Onyankopon était un excellent camarade d'armes.

Alors je lui devais cela. Je lui devais la vérité, n'en déplaise à la germe d'espoir dans mon esprit.

En attrapant mon téléphone pour enfin envoyer un message à Onyankopon et fixer un rendez-vous, une notification me fit rouler des yeux. Encore et toujours ce même numéro que je connaissais par cœur et qui ne cessait d'apparaître sur mon écran. Encore et toujours ce même numéro que je refusais d'enregistrer dans mes contacts, consciente qu'il ne méritait même pas cette illusion de constance dans ma vie. Pas maintenant que les choses semblaient aller mieux.

Dis donc, tu t'obstines vraiment cette fois. Mais on sait tous les deux que tu reviendras, comme à chaque fois. 

Faut croire que quand il s'agissait de persévérer, il était un peu trop doué pour cela.

Je me ressaisis avant de lui envoyer une concoction riche en insultes et en injures en cliquant à la place sur ma conversation avec Onyankopon. Nos derniers messages dataient de quelques heures plus tôt, lorsque je l'avais félicité de la nouvelle victoire de l'EAC, cette fois dans le championnat national. Ils étaient premiers du classement avec une avance confortable, mais il leur restait huit matchs dans la saison, et ils ne devaient pas se relâcher.

Hello toi, on peut se voir demain si tu as le temps ?

Il ne me semblait pas convenable de lui révéler mon passé commun avec Livaï en appel, et encore moins par messages, donc je préférais le faire en personne.

Sa réponse ne tarda pas à venir. Après la conférence de presse, il m'avait dit qu'il allait rentrer directement se reposer chez lui, alors j'imaginais qu'il ne faisait rien de bien intéressant. 

Onyankopon : Salut ma belle. Ouai bien sûr.

Onyankopon : D'ailleurs, un des gars de l'équipe organise une soirée demain. Si ça te dit, on peut y aller ensemble.

Une soirée était-elle la meilleure opportunité de lui parler en tête à tête ? Absolument pas. Mais cette petite voix malicieuse en moi qui adorait me noyer de les problèmes jusqu'au chantonnait de plaisir. C'était l'occasion idéale de me bercer dans l'illusion que j'avais voulu le voir et lui en parler mais que ça n'avait pas marché. De me déculpabiliser et de blâmer ses coéquipiers d'être trop bruyants, ses amis de ne pas nous avoir offert d'intimité, et même lui, d'avoir proposé un rendez-vous aussi public au lieu d'un tête à tête.

100 Days 《Livaïxreader》Où les histoires vivent. Découvrez maintenant